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Ce jour où… Chingy s’est fait prendre en photo avec un travesti

Ce jour où… Chingy s’est fait prendre en photo avec un travesti

Avec la série « Ce jour où… » Booska-P revient sur ces anecdotes de plus ou moins grande importance qui ont marqué l’histoire du rap. Aujourd’hui place à ce jour où l’auteur du mégatube « Right Thurr » a flingué malgré lui sa carrière…

Si Chingy n’est clairement pas un one hit wonder, il reste dans les mémoires comme le rappeur d’un tube, voire même d’un gimmick.

Première chanson qu’il n’ait jamais enregistrée en studio, Right Thurr (« Thurr » étant ici une déformation accent sudiste à l’appui de « there ») remporte un succès foudroyant dès sa sortie dans les bacs en mai 2003.

Numéro deux des charts pendant cinq semaines le single ne manque d’être classé numéro un qu’à cause de Beyoncé et son Crazy in Love.

Signé sur le label Disturbing Tha Peace de Ludacris, le natif de St. Louis sort alors son premier album Jackpot moins de deux mois plus tard, avec là encore un succès comparable à la clef, l’opus frôlant la barre des trois millions d’exemplaires vendus.

Si déjà à l’époque nombreux sont ceux qui se montrent plus que sceptiques quant à son talent derrière un micro (à commencer par ceux qui ont eu le courage d’écouter son disque du début à la fin), Chingy continue néanmoins son petit bout de carrière.

Certes ses performances commerciales se tassent à chaque essai un peu plus, mais elles restent de très bonne facture – Powerballin’ est certifié platine en 2004, Hoodstar agrippe l’or en 2006.

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De la fumée sans feu

En 2007, de retour au sein de la maison DTP pour son quatrième album Hate It or Love It, Chingy est invité par son ancien/nouveau patron Ludacris à se produire en concert à Chicago.

Sur place, l’une des danseuses engagée pour le show lui demande alors de prendre une rapide photo ensemble, ce que le rappeur accepte. Loin de se douter de quoi que ce soit, ces quelques secondes vont bouleverser sa vie.

Le temps passe, et au mois d’octobre de l’année suivante c’est non sans effarement que Chingy voit fleurir la rumeur selon laquelle il aurait eu une relation sexuelle avec un travesti.

Sidney Starr, ladite danseuse de la photo dont personne ne savait au moment des faits qui elle était vraiment (et qui postait à la même époque des vidéos d’elle en train de twerker sur le site World Star Hip Hop) se répand à qui veut l’entendre dans les médias sur les réseaux sociaux pour détailler l’exacte teneur de leur relation.

Invitée selon elle le soir même du concert dans la chambre d’hôtel du rappeur (l’histoire ne dit pas s’il s’agissait d’un Holidae Innn), elle aurait affiché sans ambigüité son genre, ce à quoi Chingy aurait répondu enthousiaste que cela ne le dérangeait pas« Nah, I still want that. I still want that » supposément dans le texte.

La rumeur fait alors les choux gras de la presse et du milieu, d’autant plus qu’elle apparaît des plus crédibles puisqu’un an auparavant le rappeur transsexuel Foxxjazell avait conté une anecdote similaire à son sujet.

Une fin de carrière accélérée

Passablement décontenancé Chingy s’embourbe alors dans des justifications qui ne font qu’ajouter un peu plus d’embarras à l’embarras.

« Tout ça ce sont des conneries. Cette personne, ce gars, ou peu importe ce qu’il est m’a demandé une photo et nous avons pris une photo. Je n’allais pas me mettre à vérifier si c’était un homme ou une femme. Il ressemblait à une femme. Je ne vais pas lui tâter la pomme d’Adam et tout. »

Et de continuer : « Je ne suis pas homophobe, je ne sais pas ce que cette personne est. Si tu es fan de Chingy, je prends une photo avec toi c’est tout. Cette personne ne s’est pas seulement faite prendre en photo qu’avec moi mais aussi avec d’autres célébrités, mais pour des raisons qui m’échappent on a voulu m’extraire du lot et me faire passer pour un type qui a couché avec elle. »

Dans un milieu rap réputé loin d’être tendre avec tout ce qui touche de près ou de loin à l’homosexualité, il n’en faut cependant pas plus pour griller une réputation. Si cinq ans après Right Thurr, Chingy n’est plus la star qu’il a été (Hate It or Love It s’est entretemps planté dans les grandes largeurs), ce fait divers a marqué la fin de son run dans le game.

« Les gens ont voulu y croire. Au final, un inconnu total a eu le pouvoir de me salir aux yeux et à la face du monde, et ce sans le moindre début de preuve. »

L’incident lui vaut selon ses dires de ne plus bosser en major lui qui était au début des années 10 à la recherche d’un nouveau contrat : « J’ai perdu un deal à cause de ça… à cause de cette mauvaise publicité. Je n’ai jamais connu un tel sabotage, tout était tellement fabriqué et tellement faux. »

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Une histoire inventée de A à Z

En 2012, Sidney Starr publie une vidéo où elle admet avoir menti sur toute la ligne, confessant au passage avoir commis la plus grosse erreur de sa vie.

« Chingy ne connaissait rien de moi, il ne connaissait pas mon passé. Il n’était pas au courant que j’étais un transsexuel. Rien de ce que j’ai raconté à son propos n’était vrai. »

« Si je pouvais revenir en arrière, jamais je ne referais un tel truc. Je me serais dit ‘Attends un peu’. Au moment des faits je n’étais pas dans le bon état d’esprit. Je voulais m’en sortir, je voulais être connue. Je voulais être celle à qui les gens demandent d’être pris en photos, et plus l’inverse. »

Et Starr ensuite de s’excuser platement auprès de Chingy.

En 2014, elle précise cependant ne pas se sentir concernée le moins du monde par la tournure qu’ont ensuite pris les choses.

« Je ne souhaite pas dire quoi que ce soit de négatif sur Chingy, je lui souhaite le meilleur, mais je ne suis absolument pas d’accord pour dire que je lui ai fait perdre un deal. Ce n’est pas uniquement dû à ma personne, il y avait d’autres facteurs. »

« Encore une fois je suis désolée, et si je pouvais me retrouver face à face avec lui je lui dirais ‘Bro (sic), je m’excuse pour tout ce qui s’est passé’. »

De son côté, loin d’avoir sombré dans l’aigreur, l’auteur de Right Thurr se montre des plus magnanimes : « Ce n’est pas parce que cette personne s’est comportée comme la diable avec moi que je vais me comporter de la même manière avec elle. Au contraire, je vais rester une bonne nature. »

Aujourd’hui converti aux joies de l’astrologie (une matière pour laquelle il est allé retourner étudier à l’université), des protéines en poudre et du judaïsme tendance Hébreux noirs (ces Afro-Américains qui considèrent que les Israélites de l’Ancien Testament étaient en réalité des hommes noirs et que les Noirs actuels sont leurs descendants), Chingy poursuit tant bien que mal son parcours dans la musique.

Si son dernier album Success & Failure (sorti en indépendant) date de 2010, il enchaîne depuis les mixtapes (quatre depuis 2012) tentant assez grossièrement de renouer avec son succès d’antan – cf. le projet Jackpot Back et ses morceaux à la We N Hurr, Wurr You From ou I Am Hurr.

Aux dernières nouvelles un nouvel album intitulé Dead Rose serait prévu pour cette année. Et si comme beaucoup vous êtes complètement passé à côté de l’annonce, voici son premier single FYR.

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