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Arka : « Ma folie vient des Etats-Unis » [INTERVIEW]

Arka : « Ma folie vient des Etats-Unis » [INTERVIEW]

Rencontre avec le jeune rappeur originaire du sud à l’occasion de la sortie de sa tape « Alien ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Si le sud a offert à la scène nationale un OVNI dont tout le monde écoute les sons, il faudra maintenant compter sur un Alien, en la personne d’Arka. Jeune rappeur aux idées claires, il s’est fait une spécialité des gros sons, entre gimmicks qui rentrent dans la tête, turn-up violent, et univers visuel à mille lieux des modes hexagonales. Cela tombe bien, c’est aux Etats-Unis, plus précisément à Los Angeles qu’il s’est redécouvert une identité stylistique et musicale. De ses premiers pas en Aix et Marseille à la sortie de son projet, retour sur le parcours d’un gars qui tient à apporter un peu de folie au rap français.

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A Marseille, t’as un style qui se démarque, très porté sur la culture US. D’où ça te vient ?

On peut entendre des styles qui sont quasi-pareils, donc c’est une manière pour moi de me démarquer. Cela a commencé avec un voyage au States, à Los Angeles. Je suis parti en équipe et là-bas, j’ai eu un déclic. C’est en revenant que j’ai capté que je devais faire ma musique d’une certaine manière. Je sais que j’ai toujours eu ça en moi. Maintenant que je suis dans ça, je suis en plein kiff, je me suis clairement démarqué. En ce moment, il y a pas mal de rappeurs qui débarquent avec leurs propres styles, c’est super bien. Donc voilà, je continue mon chemin.

Au niveau de tes influences, tu cites pourtant Mister You et Lacrim.

Mister You, Lacrim… Ce sont mes classiques ! Je le dis et je le répète, ce sont les premiers artistes rap qui sont arrivés jusqu’à moi. Après, bien sûr, j’ai cherché à tout écouter. Mais ce sont vraiment eux qui m’ont fait aimer le rap et la musique en général. Aujourd’hui, c’est vrai que les rappeurs US m’inspirent. Il y en a tellement que je ne pas peux en citer quelques-uns ! Ils sont tous forts, ils ont chacun leurs trucs.

Tes signatures ce sont les gimmicks, la puissance des refrains… C’est très américain, pendant longtemps, on a mis ça de côté en France.

J’ai galéré à les travailler aussi, car avant je ne faisais pas ce style de rap. En plus de l’image, me poser sur des sons en mode banger ou turn-up c’était un vrai travail. En fait, tout me vient avec la prod, je suis quelqu’un qui fonctionne comme ça. Je vais aller au studio avec une idée en tête, mais une fois que j’écoute 20 instrus, je fais les choses au feeling. C’est une fois que tu écoutes une prod que tu te demandes si tu veux faire danser les gens ou attaquer un morceau plus conscient. Au final, il y a plein de sons que je retravaille, qui ne sont plus les mêmes qu’au début.

Quand 10 personnes te disent que c’est du bon travail, il faut les écouter

T’es plutôt perfectionniste ?

Oui, des fois ça se joue à un détail, à un petit son que tu n’avais pas capté. J’ai une équipe autour de moi qui m’aide également… Ce sont des choses qui te permettent d’avancer plus vite. Des fois, je n’apprécie pas forcément tous mes sons, mais mon équipe est là pour me dire quand c’est bon ou pas. Quand 10 personnes te disent que c’est du bon travail, il faut les écouter.

T’as des exemples de sons comme ça ?

Je pense notamment au morceau Remettre ça, je pensais que c’était bon, mais qu’il sonnait trop comme un simple titre de rap : refrain, couplet, refrain. Au final, il a bien fonctionné avec 400 000 vues en à peine un mois. Il faut se dire un truc, c’est que tout seul, on ne fait pas grand chose.

18 morceaux, ça donne un projet plutôt conséquent.

C’est un projet plutôt long, mais ça fait dix ans que je rappe ! C’est mon premier projet, mais j’avais des choses à dire. Il fallait que je me présente bien, s’il fallait pas mal de featurings dessus, il fallait aussi un bon nombre de morceaux en solo. Je suis fier de cet opus et j’ai hâte de l’envoyer. J’ai même hâte de travailler sur un nouveau projet, car je kiffe la direction qu’on est en train de prendre.

Au début, j’avais un délire assez street, mais dès que j’ai pu m’ouvrir, je l’ai fait

Entre tes premières sorties sur YouTube et ce projet, il y a clairement une évolution.

Cette évolution, elle se sent vraiment. Au niveau des clips, ça passe par différents réalisateurs, plein de nouvelles idées… On travaille dans un certain sens et on espère que la suite ce sera encore mieux ! J’ai un clippeur qui comprend ma folie, il est aussi fou que moi ! Le premier visuel sur lequel on a bossé c’est Drogue. Dès qu’il m’a envoyé la scéno, j’ai su que c’était bon. Ce délire avec des sapes à damier et une cougar dans la voiture, je l’appréhendais un peu. Au final, je me suis rendu compte que ça avait parlé au public. Maintenant, il faut que le clip soit nickel. Même s’il faut 20 versions, on enverra un clip carré. Aujourd’hui, le visuel représente 70 % du travail d’un artiste. En plus de ça j’aime ça, donc avec un réalisateur fou comme ça, aucune raison de s’arrêter.

Tu te distingues également grâce à ton look, ta coupe…

Des coupes, j’en ai fait plein ! J’avais des cheveux longs à la SCH, puis j’ai fait de longues tresses à mon retour des Etats-Unis… Franchement, c’était une dinguerie, mais au final, c’est grâce à ça que tu imprimes ton style. Maintenant je kiffe et je suis un peu plus identifié grâce à mes tresses rouges. On peut parler de carte de visite au niveau de la musique, mais également au niveau du style. Comme je le dis, il ne faut pas néglier le visuel. Ce que tu dégages, ce que tu montres aux gens, ça compte ! Il faut rester soi-même. Au début, j’avais un délire assez street, mais dès que j’ai pu m’ouvrir, je l’ai fait. Car au fond, c’est ce que je voulais vraiment. Beaucoup de rappeurs de talents peuvent finir par se noyer dans la masse et c’est dommage. En 2019, si tu ne te démarques pas tu es mort.

Justement, comment ta fanbase a jugé ton changement de style ?

Franchement, c’était du 50/50. Certains préféraient le Arka d’avant, plus simple et puis il y a ceux qui sont arrivés plus tard. Mais ça a changé avec l’arrivée du feat avec Leto, Minuit. Là, ça a mis tout le monde d’accord, car personne ne s’y attendait. On a fait un demi-million sans faire de promo, donc ça veut dire quelque chose. Désormais, je pense que plus de monde kiffe le nouveau Arka.

Aujourd’hui, le visuel représente 70 % du travail d’un artiste

Tu peux nous parler de ton feat avec Leto ?

Leto, ça fait très longtemps que je l’écoute. C’est un rappeur qui varie les flows, qui change souvent de rythme et qui est capable de balancer de belles phases et de grosses punchlines. Je savais qu’un truc avec lui, ça allait forcément coller, car on est dans le même délire. Quand tu écoutes son projet Trapstar et que tu mates ses clips, tu captes qu’il est hyper ouvert. On s’est croisé en studio et ça l’a fait naturellement, c’est la miff !

En plus de Leto, on retrouve Mayo, Guy2Bezbar, Junior Bvndo, et Yaro.

Je me suis pas perdu. J’aurais pu ne chercher que des grosses têtes d’affiche, mais j’ai voulu faire des titres avec des artistes qui me ressemblent. Pour un premier projet, c’est quelque chose de très important. Il y a Yaro, Mayo, Guy2Bezbar, Leto, Junior Bvndo… Les mecs ont chacun leur identité ! S’ils font un son tous les cinq, ils auront un univers en commun. Ce sont des rappeurs que j’écoute, donc l’idée de base était simple, je voulais travailler avec eux. De plus, tout s’est fait au feeling donc c’était une bonne expérience.

Mayo, comme toi, a eu un déclic après avoir passé du temps aux Etats-Unis !

Il a tout compris ! Franchement, je conseille à tous les artistes d’y aller, pendant minimum deux semaines. Au niveau artistique, il s’y passe tellement de choses. Après, il faut connaître les bons endroits, s’avoir s’entourer et rencontrer du monde sur place. Quand je suis parti à Los Angeles, j’ai fait un feat avec Adonis, un gars de long beach. Il avait ce truc, comme Mayo, de débarquer dans la cabine sans même écrire. C’est un mec de ma génération, mais quand on a fait le son, c’était quelque chose de fou. En 15 minutes, il avait tout plié, ça te montre que là-bas, c’est toujours différent.

Je conseille à tous les artistes d’aller aux Etats-Unis. Au niveau artistique, il s’y passe tellement de choses

T’as commencé très jeune… Pour terminer, tu peux nous confier tes débuts en studio ?

J’étais totalement matrixé. Ma première en studio, c’était à 10 ans et demi, l’été avant que je rentre au collège, avec une petit dizaine de potos. J’étais un con de minot, complètement stressé. Depuis ce jour-là, il ne s’est pas passé deux mois sans une session studio. Au final, je suis peut-être le seul à avoir continué. Même lorsque j’étais seul, je n’ai jamais rien lâché. J’ai tellement tout sacrifié que c’est impossible de m’arrêter. Avant tout, je suis un passionné de musique et là, je suis enfin fier de moi. Lorsque j’ai bossé, j’étais du genre à laisser tomber. Dans le rap, c’est tout le contraire.

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