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2010-2020 : qui sont les plus gros vendeurs de la décennie ?

2010-2020 : qui sont les plus gros vendeurs de la décennie ?

Parlons peu, parlons chiffres…

Est-il possible d’établir de manière définitive le classement des rappeurs qui ont vendu le plus au cours des années 10 ?

Entre les multiples changements des règles de comptabilité, les critères qui diffèrent d’un pays à un autre, l’impossibilité de recueillir des chiffres complets à l’international, le boom du streaming, l’agonie lente du téléchargement (repose en paix iTunes), le fait que les opus sortis au début de la décennie ont bénéficié d’un temps d’exploitation plus long comparés aux autres, les ventes de singles, les ventes de mixtapes, les albums sortis avant 2010 qui continuent de se vendre… il n’existe tout bonnement aucun moyen de répondre clairement à cette question.

Choix a donc été fait de se concentrer sur les albums qui ont été certifiés sur le sol américain par la très officielle Recording Industry Association of America (RIAA), l’équivalent de notre SNEP national.

Si là encore tout n’est pas parfait puisqu’il existe un délai dans l’attribution des plaques or (500 000 exemplaires écoulés) et platine (1 000 0000), et que par définition l’instrument de mesure n’est pas des plus précis (vendre 1,1 million ou vendre 1,9 millions ce n’est pas exactement la même chose), toujours est-il que cela donne un aperçu assez fiable des dix dernières années.

Retrouvez ainsi dans ce top forcément partiel les noms des 12 rappeurs* qui ont affolé les compteurs de janvier 2010 à décembre 2020 (le chiffre entre parenthèses correspond au cumul des certifications), le tout accompagné d’une petite analyse pour le coup plutôt partiale.

*Bye bye Post Malone

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Big Sean (4,5)

Ses certifications : Finally Famous en 2011 (platine), Hall of Fame en 2013 (or), Dark Sky Paradise en 2015 (double platine), I Decided en 2017 (platine)

Alors oui, Detroit 2 sorti il y a quelques mois s’est pas mal vautré dans les charts (quand bien même il s’agissait de son meilleur album ?), mais il n’empêche que le boyfriend de Jhené Aiko mériterait que son nom soit un peu plus souvent mentionné dans les débats sur les poids lourds de la décennie.

Role player chez G.O.O.D. Music à ses débuts, le désormais acolyte de Jay Z est en effet parvenu à trouver une identité artistique qui lui est propre, tout en affichant une belle régularité commerciale.

Sean Don, ou le rappeur mainstream pas aussi mainstream qu’il devrait être ?

Wiz Khalifa (5)

Ses certifications : Rolling Papers en 2011 (double platine), Mac & Devin go to High School avec Snoop Dogg en 2011 (or), O.N.I.F.C. en 2012 (platine), Blacc Hollywood en 2014 (platine), Rolling Papers 2 en 2018 (or)

Cameron Jibril Thomaz se soucie-t-il le moins du monde des critiques qui lui sont adressées ?

Pas franchement idolâtré par les critiques et les puristes (pour le dire gentiment), il n’en a pas moins tracé son petit bout de chemin un pied dans le game, un pied en dehors.

Chaud comme la braise jusqu’à 2014, l’ex d’Amber et d’Astrid semble cependant aujourd’hui plus préoccupé par améliorer ses enchaînements de frappes en MMA plutôt que d’insuffler un second souffle à sa carrière.

Travis Scott (5)

Ses certifications : Rodeo en 2015 (platine), Birds in the Trap Sing McKnight en 2016 (platine), Astroworld en 2018 (triple platine)

Porté par le succès de ses mixtapes Owl Pharaoh et Days Before Rodeo, Jacques Webster s’est très vite taillé une réputation de petit prodige avant de s’adonner à l’exercice du premier album.

Ceinture noire en curation, il a su capter l’air du temps à sa manière en proposant un son et une image à la croisée des chemins entre Drake, Kid Cudi, Lil Wayne et Kanye West.

Ça et puis aussi des performances scéniques bourrées à l’énergie, sans oublier sa relation avec Kylie J. qui lui a permis de refourguer quantité de merch’.

XXXtentacion (5,5)

Ses certifications : 17 en 2017 (double platine), ? en 2018 (triple platine), SKINS en 2018 (or)

Personnage controversé s’il en est, il serait toutefois injuste de réduire Jahseh Dwayne Ricardo Onfroy à ses impardonnables écarts de conduite.

Visage du rap Soundcloud, sa musique traduisait en effet mieux que quiconque tout le désarroi et toute la mélancolie d’une partie de sa génération.

Accessibles sans pour autant tomber dans le piège d’une trop grande facilité, les deux petits albums enregistrés de son vivant méritent de continuer à être écoutés tant sa patte demeure inimitable.

R.E.P.

Kendrick Lamar (7,5)

Ses certifications : Section.80 en 2011 (or), good kid, m.A.A.d city en 2012 (triple platine), To Pimp A Butterfly en 2015 (platine), DAMN en 2017 (triple platine)

Kung Fu Kenny ou l’homme qui réconcilie quantité et qualité.

Déjà, parce qu’en 2015 To Pimp a Butterfly s’est hissé à la première place des ventes dans tous les grands pays anglophones (les US, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume Uni).

Ensuite, parce que le très (très) bon DAMN a lui dépassé la barre des 3 millions sans rougir.

Et enfin, parce qu’en 2018, six ans après sa sortie, good kid, m.A.A.d city était toujours classé dans les 80 albums les plus vendus, et qu’en sus en fin d’année dernière il est remonté ni vu ni connu au Top 10 Billboard !

Future (8)

Ses certifications : Pluto en 2012 (or), Honest en 2014 (or), Dirty Sprite 2 en 2015 (double platine), What a Time to Be Alive en 2015 (platine), Evol en 2016 (platine), Hndrxx en 2017 (or), Future en 2017 (platine), Future Hndrxx Presents: The WIZRD de Future en 2019 (or), High Off Life en 2020 (platine)

Stakhanoviste de la trap, ce qui étonne peut-être le plus chez Nayvadius DeMun Wilburn, plus encore ses trente projets sortis en dix ans (!), c’est son endurance à toute épreuve.

Loin de montrer le moindre signe d’essoufflement à 37 ans, son dernier bébé, High Off Life, a non seulement cartonné comme à son habitude, mais ce faisant il lui a permis de cumuler son 110ème hit répertorié au Billboard Hot 100.

Quatrième artiste de l’histoire de la musique à franchir ce palier, il peut s’enorgueillir d’avoir dépassé là des pointures du calibre de Nicki Minaj (109), Elvis Presley (109), Kanye West (107), Chris Brown (101) et Jay Z (100).

J.Cole (8)

Ses certifications : Cole World: The Sideline Story en 2011 (platine), Born Sinner en 2013 (double platine), 2014 Forest Drive Hill en 2014 (triple platine), 4 Your Eyez Only en 2016 (platine), K.O.D. en 2018 (platine)

Ce qu’il y a de bien avec J.Cole (enfin pour ceux qui aiment J.Cole), c’est qu’avec lui on est rarement surpris : tous les deux ans le mec enregistre un album dans son coin, met un point d’honneur à n’accorder aucun feat, se classe numéro 1 en première semaine, puis s’en va décrocher le million.

Désormais à la tête d’une discographie des plus solides, il n’en continue pas moins de désoler ses détracteurs qui ne voient en lui que fadeur et ennui.

Chacun son camp.

Nicki Minaj (8)

Ses certifications : Pink Friday en 2011 (triple platine), Pink Friday: Roman reloaded en 2012 (double platine), The Pinkprint en 2014 (double platine), Queen en 2018 (platine)

« Pour être le Reine du rap, c’est simple / Tu dois vendre, tu dois avoir des plaques »

Ça c’est que la first lady du crew YMCMB rappait sur Make Love en 2017. Et franchement à l’instant T, personne ne pouvait lui contester sa place sur le trône.

Certes après ça il y a eu Cardi B et le pétard mouillé Queen qui ont pas mal écorné son image, mais il n’empêche que sur la durée Nicki est bel et bien celle qui pèse.

Paradoxalement, c’est toutefois lorsqu’elle pousse la chansonnette qu’elle vend le plus – lire ce papier qui compare « Pop Nicki » à « Rap Nicki ».

Eminem (9)

Ses certifications : Recovery en 2010 (triple platine), The Marshall Mathers LP 2 en 2013 (quadruple platine), Revival en 2017 (or), Kamikaze en 2018 (platine), Music to Be Murdered By en 2020 (or)

Roi de la première partie des années 2000, le Slim Shady a ensuite manqué de peu de finir dans le décor pour cause d’une dépendance aigue aux anxiolytiques.

Piqué au vif après son Relapse de 2009 dont il n’était guère satisfait, il pond l’année suivante Recovery, l’album le plus vendu de 2010 à l’international.

En pilotage automatique depuis, sa musique clive toujours autant, mais pas pour les mêmes raisons qu’avant. On ne vous en écrit pas plus sur le sujet, tant la moindre critique à son égard déchaîne ses stans dans les commentaires.

Lil Wayne (10)

Ses certifications : Rebirth en 2010 (platine), I Am Not a Human Being en 2010 (platine), Tha Carter IV en 2011 (quintuple platine), I Am Not a Human Being 2 en 2013 (double platine), Tha Carter V en 2018 (platine)

Tellement au-dessus à la fin des années 00 (son Carter III sorti en 2008 vient d’être couronné six fois platine !), outre le fait de s’être permis d’atteindre le million avec l’un des pires albums de l’histoire de la musique, Weezy F. a réussi à garder la tête hors de l’eau malgré une peine de prison pour port d’arme, une série d’overdoses et un imbroglio juridique sans nom avec son daddy Birdman.

Revenu aux affaires avec un Carter V de très bonnes facture, le rappeur sans qui aucun autre rappeur arrivé après lui ne serait le même parviendra-t-il à conserver ce rythme à l’approche de la quarantaine ?

Début de réponse avec I Am Not a Human Being 3 prévu dans les prochaines semaines.

Kanye West (13)

Ses certifications : My Beautiful Dark Twisted Fantasy en 2010 (triple platine), Watch The Throne avec Jay Z en 2011 (quintuple platine), Yeezus en 2013 (double platine), The Life of Pablo en 2016 (double platine), Ye en 2018 (or), Jesus is King en 2019 (or)

Si Kanye West est brocardé à tout-va (non sans raisons) ces dernières saisons, ce genre de classement a le mérite de rappeler sa domination sans partage du temps de sa splendeur.

C’est bien simple : au même titre que Lil Wayne, sans son génie la scène rap US ne serait pas la même.

Auteur de l’un des plus beaux disques de la décennie avec MBDTF suite à son accrochage somme toute bénin avec Taylor Swift, à l’orée de son divorce avec Kim Kardashian, on ne peut s’empêcher de secrètement espérer que le chaos sans pareil qui doit actuellement régner dans sa tête accouche d’un nouveau chef d’œuvre.

Drake (25)

Ses certifications : Thank Me Later en 2010 (platine), Take Care en 2011 (sextuple platine), Nothing Was The Same en 2013 (quadruple platine), If You’re Reading This It’s Too Late en 2015 (double platine), What a Time to Be Alive en 2015 (platine), Views en 2016 (sextuple platine), Scorpion en 2018 (quintuple platine)

El Draké !

Artiste le plus streamé ever, auteur de 222 morceaux classés dans le Hot 100, meilleur prétendant de sa génération pour décrocher un disque de diamant, c’est peu dire qu’Aubrey Graham a triomphé sur tous les fronts.

Fort d’une science du marketing et de la mise en scène qui n’appartiennent qu’à lui, depuis quelques albums il ne fait d’ailleurs plus vraiment d’efforts côté musique.

Si pour l’instant tout va pour le mieux, pas dit que la ficelle ne finisse pas par casser. Rendez-vous avec Certified Lover Boy pour confirmer ces doutes ou au contraire initier une nouvelle ère ?

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