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1995, chronique de La source

1995, chronique de La source

Hyperactifs depuis quelques mois, 1995 qui a inondé le Net de vidéos et de freestyles, offre avec La Source sa première livraison. Un EP de huit titres qui introduit les six jeunes auprès d’un public qui a encore du mal à distinguer le groupe du collectif L’entourage auquel il appartient. Pour être clair, 1995, c’est « un cinq majeur bien efficace ambiancé par l’homme Dj Lo« , et la team est composée d’Alpha Wann, Areno Jaz, Fonky FLav’, Nek Le Fennek et Sneazzy. Les six amis ont donc débarqué le 27 juin dans les bacs à disques. Chronique d’un CD prometteur.

« Le rap c’était mieux demain« 

Le premier extrait de La source au titre éponyme, avec son instru classique et cette flûte, laissait présager à juste titre un projet aux sonorités old school. Le format choisi par les jeunots pour ce disque est d’ailleurs révélateur, tant les EP se font rares, laissant place aux street-tapes. S’ils sont à peine majeurs pour certains, les membres du 1995 posse ne cachent pas leurs influences tout droit sorties des 90’s! Aussi Alpha Wann cite-t-il Nas, Big L ou encore Jay Z, des références qui ne trompent pas. Cette inspiration « à l’ancienne » se ressent pleinement sur les huit titres, et en ces temps de rap éléctro-autotuné on a du mal à leur en vouloir. D’autant plus que l’équipe ne tombe pas dans le pathétique « Le rap c’était mieux avant », contrairement à ce qui peut être dit ici ou là. Bien trouvée, la formule « Le rap c’était mieux demain » suivi d’un « laisse nous faire, on vient barrer le passé pour tracer une ère nouvelle » lachée par Sneazzy colle parfaitement à l’esprit de ce disque.
Après tout le rap est plus vieux que Nekfeu et ses potes, et regarder derrière soi ne peut faire de mal à personne. La source porte bien son nom, c’est un hommage aux fondements de cette musique. En toute logique le disque a donc des airs de déjà vu, mais il ne s’agit là que des fondations d’une carrière dont la construction débute à peine, comme l’illustre cette grue de chantier sur la jaquette!

« rimes samples et flows« 

Sans surjouer dans le registre de la fausse nostalgie, les rappeurs abordent des thèmes variés. Sur le premier morceau ils parlent donc de leurs influences et plus généralement de leur vision du rap, qu’ils résument en « rimes samples et flows » lors du refrain. Par la suite, « La flemme » traite comme son nom l’indique de la paresse de ces jeunes. Les mecs racontent leur vie de losers fainéants, sur un beat de Juliano plutot classique encore. En revanche il est une phase dont on se serait peut être passée, à savoir « J’passe le plus clair de mon temps à me toucher la verge« … Le morceau « Milliardaire » est lui un résumé des soirées de Nek et Sneazzy, un peu égotrip et pas mal fictif a priori. L’instru, un peu plus énérgique est signée Dj Lo’. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit tous les scratches de La Source notamment sur le troisième titre « Laisser une empreinte ». Morceau qui s’ouvre par la voix de Shurik’n. Un son très réussi, ayant pour thème le temps qui passe et la façon dont des jeunes de vingt ans peuvent voir leur avenir, leur passé et leur présent. « Moi j’vise l’équilibre et profite de mon temps d’passage, toine-An, j’laisse une empreinte dans ton paysage » assure Fonky Flav.

On est loin de l’archétype du rappeur tueur de flics mangeur de juges

Côté featurings, les mecs sont restés très sobres, invitant Zoxea pour le morceau « A chaque ligne ». C’est le King de Boulogne qui les a découvert lors de son passage au 104, et c’est d’ailleurs lui qui a enregistré deux des titres de La source. Ses quelques mesures sur cet EP ne resteront pas dans les annales, mais sa seule présence atteste du respect de 1995 pour Zoxea, sans qui leur carrière n’aurait peut-être pas démarré aussi vite, quoi que… « A chaque ligne » nous permet par contre de savourer un bon couplet de Sneazzy, qui parle du décalage entre son rap et sa vie: « Han j’prends parfois la grosse tête mais j’fais semblant, j’suis comme ça juste dans mes textes« ,  » J‘consomme pillave et cigare c’est juste pour faire le mec street! « . On est loin de l’archétype du rappeur tueur de flics mangeur de juges. Une autre invitée est égalmeent présente, Sabrina, qui assure les choeurs sur « Je brille ».

Le morceau « Tip » est sans doute celui ou 1995 est le plus à l’aise…

Enfin, le morceau « Tip » est sans doute celui ou 1995 est le plus à l’aise. Un terrain de jeu pour les mc’s, qui enchainent les flows, s’amusent avec les mots, tout en assonnances et alittérations, un vrai plaisir pour nos oreilles. Là encore par contre un des rappeurs aurait peut-être pu s’abstenir, à s’avoir Alpha Wann, qui nous met en tête une image peu ragoutante, « Contrairement aux autres, je ne bois jamais de foutre« , ces délicates références sexuelles, dont on avait déjà eu des échantillons au Rap Contenders sont peut-être dues à la jeunesse et aux hormones, mais Phaal, il va falloir contrôler ça! Ceci dit, le morceau glisse, et tous semblent très à l’aise.

Au final, ce premier projet est fort sympathique. S’il ne sera pas à 1995 ce qu’avait pu être « Conçu pour durer » à La Cliqua, il faut avouer que La source nous laisse penser que le groupe peut envisager l’avenir sereinement. C’est surtout la preuve que Nekfeu et compagnie ne sont pas bons qu’à poser des freestyles, même si c’est toujours dans ce domaine qu’ils sont les meilleurs. Le chantier débute à peine, et on espère que 1995 ne se trompera pas de chemin, et saura également prendre le temps de construire quelques chose de solide pour la suite.

Note Booska-p: 7/10

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