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Naps: « Même dans un style dansant tu peux mettre de l’émotion »

Naps: « Même dans un style dansant tu peux mettre de l’émotion »

A l’occasion de la sortie de son album « A l’Instinct », Naps revient sur ses débuts avec S43, son succès avec « Pochon Bleu », jusqu’à son retour avec un nouvel opus.

Ce vendredi 9 mars signe le retour dans les bacs du rappeur marseillais avec un nouvel album intitulé A l’Instinct. Un troisième album solo officiel qui succède au célèbre Pochon Bleu ; album qui a propulsé Naps à l’échelle nationale, lui qui était auparavant écouté que localement. A L’Instinct est donc de ces albums qui, avant-même de sortir, véhiculent une attente certaine de la part des fans, et tout autant de pression du côté du rappeur. C’est donc dans ce contexte que Naps s’est entretenu avec l’équipe de Booska-P, retraçant son parcours jusqu’à aujourd’hui.

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Tes débuts étaient très « rap classique », avec l’identité de Marseille de l’époque, c’est-à-dire très mélancolique sur le fond et technique sur la forme. Comment as-tu décidé de faire évoluer le style de ta musique ?

C’est venu avec le temps. Ça c’était 2012. Après, entre 2012 et 2014 j’ai commencé un peu à chanter. Après c’est venu par rapport à mon train de vie, par rapport aux goûts musicaux… J’essayais tout le temps de m’adapter. (…) Après, tu sais, j’ai évolué dans ce sens-là, j’ai commencé à en faire un peu (du rap dansant, ndlr), après, un peu plus… Je pense que même dans un style dansant tu peux mettre de l’émotion, et tu peux mettre quelque chose de ter-ter.

Est-ce que parfois ce style te manque ? D’arriver sur un morceau, de kicker…

Oui bien sûr, c’est pour ça que dans A l’Instinct tu vas plus me retrouver dans ce délire-là, j’ai des morceaux où je rappe. Et à la fin de Pochon Bleu je me rappelle avoir dit que je me sens de faire 2/3 morceaux où je kicke. C’est ce qu’on a apporté et je suis satisfait à ce niveau-là

Du coup, tu es plus dans un mode spontané…

Clairement. Je pense que c’est la base de la musique. A l’époque, je me prenais beaucoup plus la tête.

Aujourd’hui tes détracteurs disent que tu ne rappes pas assez, sans t’avoir calculé à l’époque. Comment toi tu vis ça de l’intérieur ?

C’est logique je pense, ils ne me connaissaient pas avant… C’est pour ça que dans cet album j’ai des morceaux rap : le morceau avec Alonzo, avec Fianso, Rat Luciano, Messao, Kalif…

Il y a beaucoup de réussite dans le quartier

Même quand tu fais du dansant tu peux placer des phases très sérieuses. Il y a un truc qui a l’air de te tenir à cœur, c’est de rester ancrer dans la réalité.

Il y a beaucoup de réussite dans le quartier et c’est pas assez exposé je trouve, parce que moi c’est ça qui m’a inspiré.

Tu dis « Je travaillais à Zara, j’avais même pas un euro » et c’est de plus en plus rare les rappeurs qui parlent de leur période de vie où ils étaient juste employés…

Je m’en cache pas parce que moi je viens du quartier et jamais quelqu’un m’a dit « Ouais tu travailles… », au contraire, les gens me disaient « Tu peux pas me faire rentrer… ». Eux ils ont pas les moyens, ils connaissent pas, faire un CV, faire un entretien d’embauche… Y’a pas de honte, même dans les quartiers, les mecs qui travaillent, c’est juste être comme tu es.

Il y a un truc, ça revient pas mal, c’est le rapport à la tise, déjà dans l’intro du son Recherché.

C’est vrai que je bois, je le dis beaucoup dans mes musiques, mais je ne fais pas que ça. Après, je travaille aussi. Quand il faut travailler, on est des machines, « 13ème art usine » c’est vraiment « 13ème art usine ». Après, on sait rigoler aussi.

Il y a aussi le thème des femmes qui revient, t’as un refrain où on dirait que tu lis les textos que t’envoies à une meuf, « Ok, je viens te récupérer dans pas longtemps, envoie ton num, je te mets sur la liste »...

En fait c’est ce que je vis. J’aime bien faire une musique et quand tu l’écoutes tu te dis « Ha ouais ça tue, c’est vrai ». Avant de faire de la musique, ce qui me plaisait chez un rappeur c’est quand je me disais « Oh ouais c’est trop vrai », avec mon collègue on se regarde, on se dit « Ha ouais putain ». Pour moi les meilleures phases c’est celles-ci.

J’essaie de pas trop faire attention aux haineux

T’as un rapport détendu aux haineux, jusqu’au son FDP (Fais De la Pub). Ca rend fou certains rappeurs, mais toi, au contraire, tu le prends à la rigolade.

J’essaye de pas trop faire attention, et c’est quand tu fais pas attention que tu fais les meilleures piques.

Si on parle des feats, hors 13ème art, on retrouve Soolking, et ensuite il y a ce fameux son avec Sofiane et Luciano. Vous l’avez fait séparément ou vous avez pu vous retrouver en studio ?

En fait, on n’a pas pu se retrouver en studio avec Luciano, parce qu’il avait des trucs à faire, donc on l’a fait à Marseille avec Fianso. Luciano a posé son couplet après. En plus on en a fait deux avec Sofiane, du coup on a décidé d’en faire un dans mon délire, un dans son délire.

Y’a aussi Alonzo, ça pareil c’était à distance ?

Non, à Marseille. Il devait partir prendre son train et tellement le son était trop lourd il a raté le train, il a fini le son, on a enchaîné le clip. Franchement il a assuré.

Est-ce que t’as d’autres trucs en tête pour la suite au niveau des feats ? Je dis ça parce que tu fais une dédicace à Gims dans un de tes morceaux…

On s’est rencontré, mon équipe connaît son équipe, bon délire tu vois. Pourquoi pas, on verra avec le temps, mais pour l’instant y’a R.

Est-ce que t’as un meilleur et un pire souvenir de showcase ?

Je vais commencer par le pire, il est resté gravé. Au début, quand je commençais à faire des showcases c’était dans une chicha, des jeunes, ils viennent me chercher en gros gamos, bien, tout et tout. Mais des bordels, frère. Bien organisé, mais pas de DJ. J’ai fait DJ et chanteur… La musique était finie, je devais changer la musique. J’allais bouger, après je vois tout le public et tout. Je me suis dit que je vais le faire pour eux et que je vais leur expliquer. Après t’es obligé de faire des trucs pour ta musique, t’as vu, en fait c’est pour ton public demain. Le meilleur souvenir, en Suisse, c’était blindé un truc de malade, il y avait 3.000 personnes, c’est un concert frère. Quand tu vois des trucs comme ça, t’as envie d’en faire et d’en refaire des showcases.

Un mot de la fin ?

Inchallah, autant de réussite que Pochon Bleu, que le public soit satisfait et on se revoit l’année prochaine avec beaucoup de projets et beaucoup de questions.

Interview : Yérim Sar

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