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La relation « Père/Fils » dans le rap français [DOSSIER]

La relation « Père/Fils » dans le rap français [DOSSIER]

Le rap ou comment aborder la question du père sous un autre angle…

Le rap s’est questionné plus d’une fois sur la question familiale. Si, les mamans, les petites soeurs et les petits frères ont déjà eu droit à pas mal de classiques et de sacrés morceaux, le papa est également une figure importante du game. A l’heure où on célèbre les darons de l’hexagone, Booska-P se penche sur la question. Car oui, dans le rap aussi, les daddys sont légion.

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Le pater-familias, voilà un thème abordé de nombreuses fois et de plusieurs manières différentes… Cela fait beaucoup de rimes à aligner et de lyrics à écouter. Pas de panique, pour un 18 juin réussi, on vous a proposé notre sélection des tracks basées sur la relation « daron – fiston ». Le tout sera séparé en deux parties, la première où les artistes s’adressent à leurs enfants et la seconde où les emcees causent de leur pères.

Les papas rappeurs

Damso : Première fois qu’il parle d’amour

Le 3 janvier 2017 est une date pas comme les autres pour Damso. C’est le jour de naissance de sa fille Lior, une enfant qui lui aura inspiré un superbe morceau. Nommé « Peur d’être père », celui-ci fait état des questions de l’artiste face à la paternité. Devenir père, voilà une chose qui n’est pas aisée comme le confie l’artiste lui-même : « Oui, j’ai p’t’être peur de ne pas être le père que j’veux être« . Face à ses démons, le Belge ouvre son coeur comme rarement, il est question de son passé pas très reluisant « Cursus scolaire très inquiétant, vente d’haschisch et stupéfiants » et des défis qui s’ouvrent à lui : « Comment donner l’exemple de ce que je serai jamais ? » Sur une composition à la guitare signée Yuri, le message passe et donne une belle diversité à l’album « Ipséité ». Loin du sale et du « nwar très nwar« , le rappeur signé dans l’écurie 92i s’impose comme un des meilleurs lyricistes de sa génération. Ici c’est d’ailleurs la « première fois qu’il parle d’amour« …

Stomy Bugsy : Le voyou

Flatter son égo en rappant depuis la bouche de son enfant ? Voilà le pari réussi par Stomy Bugsy en 1996 avec le classique « Mon papa est à moi est un gangster ». Le titre, extrait de l’album double disque d’or « Le Calibre qu’il te faut », place le membre du ministère AMER comme une véritable star. Le morceau tourne sur toutes les radios et télévisions de l’époque, notamment grâce à un refrain groovy et un rythme facile à retenir. Ici, Stomy joue au voyou séducteur et affirme son côté sale gosse avec la manière : « Je ne suis jamais certain que c’est lui qui viendra me chercher à 4 heures et demi, avec un style d’affranchi et une nouvelle p’tite amie. Mon papa c’est le plus fort, dès qu’il entend « Pin pon » il s’évapore« . Le playboy de Sarcelles fait sa loi en musique, accompagné de son fils Bilal qu’il dédicace en fin de morceau : « Entre la vie, la nuit, l’artiste, le mystère. Et pour son lal-Bi le meilleur des pères« .

Triptik : En mode « daddy cool »

Nous sommes en 2012 et Triptik revient sur le devant de la scène avec un EP baptisé « Depuis ». Car oui, depuis le temps, les choses ont changé. Formé en 1994, le groupe de Greg Frite et Dabaaz a arrêté d’émettre pendant un temps. De quoi voir la vie suivre son cours jusqu’à devenir soi-même « Papa »… Accompagnés de DJ Pone, nos deux rappeurs confrontent leurs expériences sur une prod bien sentie, alimentée avec des samples à l’ancienne. Il s’agit ici de se présenter à ses gosses de la plus belle des manières et Triptik transforme joliment l’essai. On retrouve ces moments de notre enfance où on gardait la monnaie et où nos premières conneries filaient la rage à nos darons. Le tout fonctionne, entre allusions touchantes et références à un quotidien pas toujours simple : « Oui je rentre tard car je fais souvent le grand écart. La vie le jour, la vie la nuit. Ben parfois j’en ai marre. Mais bon je gère. J’ai bien rempli le frigidaire. J’ai laissé quelques Dragibus sur l’étagère« 

Hommages et cicatrices

NTM : Les douloureux souvenirs du passé

En 1998, NTM fait fort avec son album « Suprême NTM ». Opus qui aura sacré le groupe comme un véritable emblème de son époque. Dans un des textes les plus forts du fameux disque « Laisse pas traîner ton fils », il est donc question de cette relation entre un parent et son enfant. Si à première vue, il est ici question d’une mise en garde pure et simple, JoeyStarr voit plus loin que cela. Ce dernier se penche sur sa propre histoire et livre une photographie des moments passés avec son géniteur. Le tout est loin d’être tendre, mais déborde de vérité : « Mon père n’était pas chanteur, il aimait les sales rengaines. Surtout celles qui vous tapent comme un grand coup de surin en pleine poitrine« . Une façon de panser les plaies d’une enfance difficile. Invité sur la plateau de l’émission Le Divan sur France 2, il avait confié avoir eu affaire à un père violent : « à l’époque, les discussions sont toujours à sens unique : elles s’achèvent par des gifles, la ceinture avec le bout en cuir, puis en fer « . Après ces moments de galères, Le Jaguar rugit toujours, étant l’un des artistes les plus confirmés de l’hexagone, reconnu dans le rap, mais aussi au théâtre et au cinéma.

TiTo Prince : Le père spirituel

Il y a quelques mois, TiTo Prince sortait son album « ToTi Nation II » dans les bacs. Un opus dans lequel le rappeur d’origine congolaise aura rendu hommage à sa mère (via le morceau « Lovesong »), mais pas seulement. Son daddy a également eu droit à un titre dédié. Nommé « Abba Père », celui-ci cache d’ailleurs un autre sens. Si TiTo parle bien de son géniteur, comme sans cette phrase « Mama dit que je suis ton image, ta photocopie », mais il s’adresse également à Dieu. De nombreuses références bibliques sont présentes et nous laissent pencher vers cette hypothèse. Dans son texte on croise donc des « reptiles », des « ennemis » et aussi « El Diablo ». Vous l’aurez compris, l’artiste demande ici de l’aide pour ne pas commettre de faux pas…

SCH : Personnel et touchant

*

Au fil de ses différents projets, SCH s’était déjà penché sur la question du père. Que ce soit dans « A7 » (« Mon père ne me reniera jamais, j’suis ni flic, ni p*dé« ), ou dans « Cartine Cartier » en featuring avec Sfera Ebbasta (« Cheveux blancs, doigts jaunis, Papa veut redevenir un gamin« ), il s’était contenté d’une phase. Dans son dernier album « Deo Favente » dévoilé le 5 mai dernier, le sudiste aura dédié un morceau entier à son paternel. Dans « La Nuit », on retrouve un SCH sous ses traits d’enfants, à attendre que son père rentre à la maison. Une scène du quotidien qui reste poignante, tant l’artiste aux allures de mafioso rend compte de son enfance avec une mélancolie touchante. Si tout n’est pas rose, il lui voue un énorme respect : « Quand il revenait, il ferait nuit. On avait de l’amour, pas un rouble. Beaucoup moins foi en Dieu qu’en lui. On avait que 6 chaines plutôt troubles« . Malheureusement, c’est tout récemment que l’artiste a perdu son père.

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