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Cinco : « Je veux qu’on me comprenne » [DOSSIER]

Cinco : « Je veux qu’on me comprenne » [DOSSIER]

Rendez-vous avec un Cinco plus ouvert, à l’occasion de la sortie de sa mixtape « The North doesn’t forget ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Cinco, voilà un rappeur qui a déjà passé une tête par les bureaux de Booska-P il y a tout juste un an. Un artiste qui mérite aujourd’hui un deuxième tour dans nos pages, le tout grâce à la sortie d’une nouvelle mixtape, The North doesn’t forget. Un projet qui s’annonce comme charnière dans la carrière d’un bonhomme résolument à part, du genre à faire dans le mumble quand les autres s’engouffrent dans la trap, ou même à oser des morceaux à faire pâlir les anciens du 94, son département. Evolution, nouvelles envies, productivité retrouvée, voilà de quoi le numéro a parlé face au micro. Cinco, un homme qui cherche désormais à être mieux compris.

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Qu’est-ce qui a changé depuis la dernière fois ?

Dans un sens, il n’y a pas grand chose qui a changé, on reste toujours les mêmes qu’avant. C’est juste qu’on reste là, motivé. Je suis resté toujours aussi productif, moi, comme j’aime le dire, j’entasse les sons.

Tu as toujours la même manière de faire, entasser les morceaux pour mieux faire un découpage final ?

Là, sans mentir, j’avais au minimum cent sons (rires) ! Pour de vrai, c’est pas des blagues (rires) ! En tout, j’ai fait quelque chose comme trois mixtapes au moins. Là, il y a The North doesn’t forget qui est sorti et j’ai pourtant la prochaine mixtape en tête. J’ai le nom, j’ai les morceaux, déjà plus d’une dizaine… Manque plus que les finitions et une date de sortie !

Le fait d’avoir un rap atemporel, ça compte quand on a cette manière de travailler ?

Il faut bosser pour. Il n’y a peut-être pas tous les sons qui me font cet effet, mais il y en a certains qui fonctionnent malgré le temps qui passe. Même deux ou trois ans plus tard, plusieurs de mes morceaux vont te faire le même effet… C’est comme ça quand tu bosses à l’instinct.

D’ailleurs, Le Nord, le premier morceau de la tape, nous met dans un mood assez sombre…

Au premier morceau, tu dis clairement qu’il caille (rires) ! Mais après, il y a de la couleurs dans la mixtape pour rattraper le truc. Il y a les petits sons pour s’ambiancer, mais aussi ceux pour te faire réfléchir… Mais il fallait commencer par un titre comme Le Nord, un morceau plus froid, plus sombre. C’est une idée qui rejoint celle de la pochette, c’était presque obligé. On peut dire que tout concorde.

Pourtant, avec Feelingii en extrait principal, on aurait pu s’attendre à autre chose de ta part.

Oui, beaucoup vont m’attendre sur mon registre. Mais on m’attend tout le temps là-dessus, il fallait alors que j’arrive à surprendre avec quelque chose qui peut même ressembler à du rap à l’ancienne. Des fois, je trouve qu’on me met trop dans une case. On pense que je suis un simple trapper, ce qui se fait dans la nouvelle génération… Je sais le faire, mais je ne fais pas que ça ! Je peux tout faire, c’est pour ça qu’on a misé sur la diversité dans cette mixtape.

C’était important pour toi de montrer ta polyvalence ?

Oui, très important, mais c’est quelque chose que j’ai malgré tout toujours essayé de faire. Il y a des sons où je crie comme d’hab’, d’autres où c’est beaucoup plus clair. J’ai toujours tenté d’aller dans ce sens là.

On parle de diversité, de rap à l’ancienne… C’est aussi la base du 94.

Dans le 94, il y a du vrai rap. Vers chez moi et dans les alentours, beaucoup ont fait de grandes choses là-dedans. C’est le feu, c’est quelque chose qu’il faut respecter tout en se disant que le rap évolue. Certains anciens peuvent écouter mes sons et ne pas se reconnaître, c’est normal. Mais il y a des moments où, moi aussi je peux me permettre des morceaux à l’ancienne. Et ça, peu de gens le savaient. Après les écoutes, il y aura différents avis, ceux qui se disent « c’est génial, il sait tout faire » et ceux qui ne vont pas du tout le prendre comme ça. Cela fait partie du jeu. Après aujourd’hui, beaucoup ne pensent qu’à s’ambiancer, ils ne veulent pas réfléchir (rires) !

En plus d’une réelle polyvalence, la scène c’est une de tes nouvelles armes ?

Nos deux premiers concerts ont été cools, mais on n’a pas réellement bossé dessus. On arrivait devant le public, on chantait, c’était très naturel. Aujourd’hui, on cherche à vraiment travailler dessus pour proposer quelque chose d’autre. Même si La Maroquinerie c’est pas l’Olympia, ça n’empêche pas de bosser le truc sérieusement pour faire plaisir au public. Il faur qu’il se dise « lui il se donne tout le temps à fond, et cela, peu importe ce qu’il fait ». Quand on cale nos sons, on sait déjà comment ça va se passer (rires). On va exciter le public, le calmer, puis ensuite l’exciter encore… C’est le feu (rires) ! On aime quand le public se met à péter les plombs. Mes potes et moi, on est tout le temps dans la bonne humeur alors même avant de rentrer sur scène, pas de stress, on sait que tout va bien se passer. Un concert, c’est un échange d’énergie dans une grande famille. Le public apporte de l’amour, on est là pour le lui rendre.

T’as pas eu peur d’être catégorisé dans une case d’ambianceur, avec ta gestu, etc ?

Moi je trouve ça malheureux qu’on catégorise les artistes comme ça. Si tu me prends juste pour un mec qui a une bonne gestu, c’est que t’as rien compris. Faut toujours chercher ce qu’il y a derrière. Je ne suis pas un danseur moi, j’arrive à en faire une marque de fabrique pour les clips car j’aime bien délirer avec mes potes, ça s’arrête là.

On a aussi l’impression que tu cherches à être mieux compris avec ce projet.

Fallait que je bosse sur mon articulation car on me l’a demandé. Quand c’est un de tes clips, t’es obligé de regarder les commentaires. Et forcément, c’est un truc qui revenait souvent. J’ai fait en sorte de m’améliorer, car si une personne ne te comprend pas, tu vas chercher à inverser la tendance. Après, le mumble, c’est aussi ma marque de fabrique, il y des sons dans lesquels je me fais plaisir. On va dire que sur la tape, c’est du 50/50. Après, si tu ne comprends pas, calme, j’en place une pour ceux qui galèrent à comprendre mais qui s’ambiancent en suivant le flow.

Autre nouveauté, ce sont les thèmes abordés. Tu te livres beaucoup plus…

Je fais confiance à l’instru en général et l’inspiration me vient de là. Il y a ça, mais aussi le mood du moment. Un morceau comme Feelingii, je peux l’écrire en deux ou trois heures et plier le truc. Les sons plus titres, je vais commencer à l’écrire et puis laisser reposer ça avant de me remettre dessus. On va dire que ça peut prendre des semaines pour rajouter encore plus de sentiments. Dans certains sons, il faut faire attention que chaque phrase ait du sens.

Pour finir, sachant que tu as déjà des sons de prêts, comment tu envisages la suite ?

Comme je l’ai déjà dit, je me projette direct vers la suite. J’attends les retours de la famille et je vois ce que je peux rajouter à ce que j’ai déjà comme sons. Là, ça fait pas mal de temps que je n’avais rien sorti alors qu’avant, j’ai lâché quatre mixtapes en un an. Aujourd’hui, le but, c’est de refaire des câlins à notre grande famille.

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