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Ghetto Phénomène : « on veut marquer dans le Money Time » [INTERVIEW]

Ghetto Phénomène : « on veut marquer dans le Money Time » [INTERVIEW]

Le quatuor du 13 revient fort et le fait savoir !

Crédits Photos : Antoine Ott

Au fur et à mesure que le rap se hisse tout en haut de la pyramide des tendances hexagonales, ses groupes se font de plus en plus discrets. Là pour offrir à pas mal de talents individuels une carrière digne de ce nom, le game français se montre plutôt avare chez les collectifs depuis pas mal de temps. Et cela, le Ghetto Phénomène n’en a rien à faire. Formée par Houari, Bil-K, Friz et Veazy, l’équipe made in Marseille vient de le prouver en sortant l’album Money Time, son premier projet depuis En Catimini et Vida Loca, datés de 2017. Une mise à jour qui fait du bien, opérée en compagnie de Jul, évidemment, mais aussi de personnalités telles que Soprano, KeBlack ou encore RAF Camora… Voilà qui valait bien une rencontre sur la capitale avec le GP !

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Alors les gars, que s’est-il passé quoi depuis 2017 ?

C’est une longue histoire ! On va même essayer de remonter un peu plus loin dans le temps… On a sorti l’album Vida Loca chez Def Jam. Une fois que ça s’est terminé là-bas, on a signé un autre album chez Caroline, En Catimini, en distrib’… Et depuis, on n’a pas lâché. En quelques mots, c’est qu’on a pas fait tout ce qu’on voulait vraiment faire, notamment chez Def Jam. Cette envie de ne pas lâcher a débouché sur un troisième album, Money Time. C’est un projet qui n’est pas comme les autres. Il a été fait en indépendant car on a ouvert un label, on a revu plein de petites choses et voilà, on est là maintenant !

Les groupes sont de moins en moins nombreux dans le rap hexagonal et vous, vous êtes encore là !

On est comme ça depuis qu’on est jeunes. On a commencé ensemble, donc on continue l’aventure ensemble. C’est notre délire depuis petits, on se soutient.

pour ce troisième album, on est quasiment reparti de zéro

Le sentiment qui se dégage de Money Time, c’est que vous maîtrisez de mieux en mieux votre délire.

Tous les gens qui ont pu écouter le projet nous l’ont fait remarquer et nous, c’est vrai qu’on en est conscient. Il faut se dire une chose, pour ce troisième album, on est quasiment reparti de zéro. On essaye de le répéter à chaque interview ! On s’est posé tous les quatre et on s’est dit les choses : il fallait ouvrir une société et ouvrir un label. Puis même dans notre façon de travailler, on a réussi à évoluer. Le fait d’être quatre, ça nous poussait à parfois nous enfermer, à ne pas prendre de compositeurs… C’est un truc qui peut te porter préjudice, donc là on s’est ouvert, on a pris des compos, on a ramené pas mal de monde. Au final, cela donne un album dont est vraiment fier.

Maîtriser des sons ambiançants made in Marseille, ça ne vous empêche pas de partir sur du kick ou de la pop. C’est comme un palier de franchi.

C’est vrai, même nous, on a pu ressentir ça pendant qu’on travaillait sur l’album. A chaque session, une chanson sortait. C’est grâce à notre nouvelle manière de travailler. On a fait une trentaine de morceaux, on a choisi les meilleurs et au final, on s’est dit un chiffre entre 15 et 18… De quoi donner les 17 pistes de la tracklist, ça fait un bon condensé de ce qu’on est capable de faire. Au final, ça nous paraît même court, car on est quand même quatre, on a envie de développer le délire jusqu’au boût (rires) !

Justement, comme on arriver à bosser à quatre ? Comment on parvient à s’entendre sur les prods, etc ?

C’est compliqué la vérité (rires) ! Des fois, il y eu des moments où c’était plus difficile, car forcément, quand tu es à quatre, chacun a son délire et il faut que chacun arrive à avoir sa place. Sur les sons qui bougent du type « Marseille », ça se fait naturellement. Mais au-delà, pour créer quelque chose de différent, t’es forcément confronté à quatre avis, quatres directions différentes, etc. Pour ce troisième album, il y a tout qui a changé, comme un déclic ! On est quatre, il y avait Jul à nos débuts, mais on reste ensemble, ça bouge pas. Le Ghetto Phénomène, ce n’est un groupe, c’est une famille, donc on fait tout pour avancer et se comprendre les uns les autres. Au fur et à mesure, ça sera encore mieux. Notre but, c’est d’être mieux exposé pour faire encore plus de sale.

Question identité, vous vous êtes enfin trouvés ?

On essaye de créer notre propre idendité, musicale ou visuelle. On n’a jamais voulu vraiment faire comme tout le monde, on est ouvert, on fait ce qu’on aime sans se poser trop de questions. Après, il faut prendre des risques, ça fait partie du jeu. C’est la musique, c’est un game, c’est comme ça ! Notre label s’appelle Only Music, ce n’est pas pour rien !

Le Ghetto Phénomène, ce n’est un groupe, c’est une famille, donc on fait tout pour avancer et se comprendre les uns les autres

Le titre de l’album, Money Time, illustre bien votre manière de ne rien lâcher.

Il y a plein de gens qui sont là-dedans, que ce soit dans la musique ou ailleurs. Nous c’est pareil, on veut marquer dans le Money Time. En fait, ça illustre une mentalité qui est à l’image d’aujourd’hui. Le fait de vouloir s’en sortir, c’est ce qu’on a voulu représenter dans la globalité de l’album. On aurait pu s’enfermer dans un sujet précis, s’inventer une image, etc… Mais on préfère rester ouvert, pour pouvoir parler de tout. Ce qui en ressort, c’est qu’on est pas des mauvais gars, on est pas des mecs parfaits non plus, mais tout ce qu’on veut c’est faire ce qu’on aime… Et pourquoi pas réusssir !

Le thème de l’amour revient aussi souvent dans le projet…

Il en faut ! Dans la team GP on a un public féminin aussi, c’est important d’avoir des thèmes pour tout le monde. Notre ressenti, c’est aussi que les sons sentimentaux peuvent parfois mieux fonctionner que les autres. Car si une fille écoute ça, son mec aussi va s’y mettre. Ce sont les femmes qui mènent la tendance (rires) !

On peut en savoir plus sur les feats avec Jul, Soprano, RAF Camora et KeBalck ?

Jul est venu plein de fois en session studio avec nous. Il nous a fait des mélodies, des productions… Puis le morceau est venu naturellement, comme ça s’est toujours passé entre nous. Soprano nous a aussi donné un beau coup de pouce car il est venu clipper avec nous. Même avec ses tournées et ses projets, il a trouvé le temps de faire des choses avec nous, ça fait vraiment plaisir. Il y a aussi RAF Camora dont l’équipe est proche de Veazy, à force de sympathiser on en est venu à faire un son sur Marseille. KeBlack, c’est la famille, on le connaissait déjà après avoir déjà travaillé avec Naza. Sur l’album, il n’y a que des artistes qu’on apprécie, mais qu’on aime humainement aussi.

On sent d’ailleurs une vraie différence apportée par ces collaborations.

C’est le but d’un feat, arriver à faire ressentir quelque de différent que sur nos autres morceaux. Là, on se dit que c’est réussi vu que chaque invité ramène sa touche, son truc à lui. Soprano, c’est par exemple un feat inattendu, mais c’est un morceau qui tourne bien en club et qui n’arrête pas de monter.

On va chercher à mettre des talents en avant, de faire prendre conscience aux petits de Marseille qu’ils ont un vrai potentiel

Pour terminer, quels sont vos objectifs ? Avez-vous encore des challenges à relever ?

Notre but, c’est de faire encore mieux. L’idéal pour nous, question challenge, c’est de sortir un ou deux albums par an, voire même trois. Notre envie, c’est de carburer au maximum. On a dormi pendant deux ans et là, c’est tout simplement le Money Time ! Ouvrir un label, c’est également une autre manière d’aborder la musique. On va chercher à mettre des talents en avant, de faire prendre conscience aux petits de Marseille qu’ils ont un délire à eux, un vrai potentiel. On l’a vécu de notre côté, donc à nous de pousser les plus jeunes… On ne dort plus, c’est promis !

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