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Di#SE : « Je me cherche encore » [INTERVIEW]

Di#SE : « Je me cherche encore » [INTERVIEW]

Entretien avec le jeune artiste à l’occasion de la sortie de son premier album « Parfum ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

On ne va pas vous le répéter 500 fois, le rap a pris possession de l’hexagone tout entier, c’est un fait. Grâce à vous, auditeurs, mais aussi à une foule d’artistes venus de tous les horizons. Et dans cette nasse de rookies, on peut aujourd’hui compter sur un jeune Di#SE qui prend plaisir à écraser certaines frontières musicales. Venu de Quimper, il dévoile aujourd’hui un album baptisé Parfum. Voilà qui valait bien une interview, sachant que le gars de chez Urban PIAS s’offrira également quelques belles scènes sur les routes de France… Et d’ailleurs.

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Tu es extrêmement jeune (18 ans) à l’heure de sortir ton premier album, qu’est-ce que ça change pour toi ?

L’âge, ça change rien pour moi. Tout ce qui m’est arrivé, même si on l’a en partie provoqué, je considère que ça m’est tombé dessus. Je me considère encore comme un artiste en développement. Le printemps de Bourges, les premières parties… C’est arrivé sur un coup de chance ou presque. Ce sont des portes qui s’ouvrent et par rapport à ceux chez qui ça prend plus de temps, je me sens béni.

Cela t’enlève une certaine pression ?

Non, mais ça ne me rajoute pas de pression non plus. Si je me dis que j’en suis là, c’est que j’ai le niveau ou le talent pour y être. Mais d’un autre côté c’est traître, car on n’a pas totalement percé, on n’a pas vendu des millions de disques. Il y a eu quelques éclats, c’est vrai, mais pas des éclats constants. Di#SE, c’est connu dans un cercle pro, il n’y a pas encore d’engouement public d’une grande ampleur. Même si c’est très bien, on se dit qu’on n’y est pas encore arrivé.

On sent sur ton projet que malgré les styles qui diffèrent, le plus important reste pour toi d’imposer ta patte.

C’est un truc difficile à instaurer dans la tête des gens, leur dire « avec moi, ne vous attendez pas à quelque chose en particulier« . La personne qu’il faut chercher dans les morceaux, c’est moi, pas les personnes que j’ai pu écouter. Je peux avoir des références, comme ne pas en avoir. La vérité, tu la retrouves dans les lyrics. Je peux aller dans plusieurs directions, mais la seule vérité, c’est la mienne. Quand tu me connais dans la vie, tu me retrouves dans mes sons.

La musique, ça a un poids, ça touche ton orgueil

D’ailleurs, qu’est-ce qui t’as fait débuter ?

Franchement, je ne sais même pas… C’est mon frère qui m’a donné la passion du truc. Je me suis juste dit que je voulais faire des chansons. Et jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours pareil. Je fais de la musique et je suis à la recherche d’un truc que je ne saurais expliquer de manière concise et précise… ça va beaucoup plus loin que la musique elle-même. C’est con, mais c’est pour ça que j’ai hâte de vraiment percer parce que je veux me libérer de ce poids. La musique, ça a un poids, ça touche ton orgueil. Tu vas par exemple toujours te demander quel morceau va te faire glow up. Alors que quand tu fais de l’art, tu n’as pas à te poser ce genre de question.

Le fait de laisser les études tomber, ce n’était pas trop dur à expliquer autour de toi ?

Autour de moi c’était chaud, mais pas dans ma tête. J’ai triché, j’ai annoncé le truc à ma mère après avoir eu mes premières propositions de contrats. Dans tous les cas, je sais où je veux aller. Si on m’avait poussé à continuer les études, je l’aurais fait… Mais toujours avec la même idée en tête. De là où on vient, la sécurité, c’est les études, donc on a du mal avec la prise de risque. C’est compliqué de se lancer dans un univers peu commun, car les opportunités manquent. Les problématiques du quotidien sont là pour te rappeler : les factures, la famille… Tout ça fait que tu as besoin d’avoir tout, tout de suite. Et quand tu te lances dans le foot, la musique, ou l’art, tu sais que ça va demander du temps. Là, ton entourage a du mal à avoir cette vision à long terme, c’est normal, je n’en veux à personne.

Tu es originaire de Quimper, ça change quelque chose ?

Dans la musique, si tu veux trouver, tu trouves. Peu importe si je suis dans le trou du cul du monde, si on veut me trouver, on me trouve. Je suis même content de n’avoir jamais été à Paris, ça m’aurait saoulé (rires). Là, je peux faire ma musique tranquillement.

Stromae m’a aussi mis des claques, différentes, qui t’apprennent qu’il y a quelque chose derrière les beaux textes

Ton premier point fort, c’est l’écriture. T’es d’accord avec ça ?

Je me bute à l’écriture, je me donne du mal. J’ai le souvenir de la sortie de l’abum de Cyborg, signé Nekfeu. J’étais en première et j’en avais eu des frissons. A l’époque, j’avais une mixtape de prête avec quelques sons. Dès la première piste, Humanoide, je me suis senti tellement nul (rires). J’étais dégoûté, j’avais l’impression d’être tellement bas à côté de lui (rires). Stromae m’a aussi mis des claques, différentes, qui t’apprennent qu’il y a quelque chose derrière les beaux textes. C’est à partir de là que je m’y suis mis. C’est également venu en grandissant. Ecrire, ce n’est pas seulement balancer de jolis mots, les jolis mots ça peut devenir chiant. Il y aussi Damso, au-delà du sale, il y a quelque chose de profond. Sous la violence, il livre tous ses états-d’âme. Pour les US, Kendrick Lamar a un step presque spirituel, c’est au-dessus des histoires de gang de Compton.

On a l’impression qu’il n’y a pas de frontière entre ta vie et tes textes.

Je parle essentiellement de moi dans mes textes. Cela correspond aussi à ce que je suis en train de vivre, je suis dans une grosse phase introspective donc mes morceaux le sont forcément. Je ne suis peut-être pas encore assez grand pour aborder certains sujets sans que ça fasse bête et cul-cul. C’est aussi une histoire de paliers à franchir, peut-être que je vais finir par approfondir certains sujets. Dans ma musique, je n’invente pas. Le seul moment où je me permets un écart, c’est dans mes egotrips et encore, ce n’est jamais sorti de nulle part. Les textes, je compare parfois ça à de la peinture. Quand tu regardes un tableau, tu ne peux pas tout capter au premier coup d’oeil. Certains morceaux fonctionnent de cette manière, il faut avoir un peu plus de recul pour tout comprendre.

Ton deuxième point fort, c’est la scène…

C’est quelque chose que je bosse autant que ma musique et mes visuels. Je suis dans une recherche, je ne peux pas encore faire tout ce que je veux. Cette voie, c’était la plus facile à développer pour se faire connaître rapidement. Cela m’est tombé dessus, mais la scène, je kiffe vraiment ça. Quand je suis sur scène, je me dis qu’il faut que le public parte avec quelque chose de moi. Un truc qu’il n’aurait pas pu capter en écoutant simplement mon projet. Le live, c’est une plus value.

Je ne suis pas encore arrivé au bout de mes envies

Tu peux nous parler de ta signature chez Urban PIAS ?

C’est une sécurité, car même si je fais ma propre musique je reste super jeune. Il y a des trucs du game que je ne comprends pas encore totalement, ou que je ne capte pas. Je n’ai plus à penser à ce qui va se passer autour, même si je le fais quand même (rires).

Enfin, tu aurais un dernier mot alors que « Parfum » sort ?

Je ne suis pas encore arrivé au bout de mes envies. Je me cherche encore, personnellement et musicalement. Je ne me suis pas encore trouvé, c’est pour ça que ça ne s’arrêtera jamais. C’est difficile à expliquer, mais je me comprends.

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