Actualités Musique

T2R : « Entre le foot et la musique, j’ai fait mon choix » [INTERVIEW]

T2R : « Entre le foot et la musique, j’ai fait mon choix » [INTERVIEW]

Rencontre avec le jeune artiste après la sortie de son projet « Loka ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Dans la caste des jeunes artistes qui ont fait leur trou sur YouTube en très peu de temps, on peut compter sur un T2R au profil particulier. Jeune homme bien dans ses pompes, le chanteur aux faux airs de gendre idéal est parvenu à toucher son public dans le mille à force de mélodies entraînantes et autres morceaux dédiés à un thème universel bien connu de tous, l’amour. Le résultat ? Des clips qui ne peinent jamais à dépasser les 5 millions de vues, une jeune génération qui répond présent sur les réseaux sociaux et un premier projet, Loka, dévoilé il y a peu. Mais que se cache-t-il sous les bons sentiments de l’artiste ? Réponse entre passion du football et volonté assumée de percer.

Est-ce que plus jeune, tu t’imaginais débarquer avec un projet ?

Non franchement pas du tout, notamment parce qu’à la base j’étais dans le football. La musique, c’est venu beaucoup plus tard, vers l’âge de 15 ans. C’est même qu’après mon premier million de vues que je me suis dit qu’il y avait un truc à faire. Il a fallu le million pour que je prenne conscience de tout ça. A ce moment, je me suis alors dit qu’il y avait peut-être quelque chose à tenter dans les prochaines années.

Comment t’as vécu les premiers millions de vues ?

Franchement, ça se gère… Mais faut quand même garder la tête sur les épaules, dans le sens où je passe des paliers, certes, mais je suis loin d’être au sommet. Je travaille, je travaille, je travaille… Je ne me dis jamais que je suis prêt quand je vois un certain nombre de vues. C’est bien, ça me motive à faire encore mieux, mais ce n’est pas encore parfait !

Justement, qu’est-ce qui t’a poussé à choisir la musique alors que tu étais dans le football ?

J’ai eu un déclic lorsque je suis allé au RC Lens. J’y ai fait un essai d’une semaine et un peu avant ça, j’avais un rapport compliqué avec le football. Avec les blessures, j’ai passé beaucoup de temps sur le banc… J’ai cogité, mais je n’ai pas lâché. Mais arrivé à cet essai à Lens, ça ne l’a pas fait alors, je me suis dit qu’il fallait voir ailleurs. C’est dur, mais on ne baisse pas les bras.

à la base, mon truc, c’est le rap. Je suis né dans le 91, je vis dans le 94… Ce sont des départements marqués par le rap

Quels sont les artistes qui t’ont poussé à prendre le micro ?

En France, on a la chance d’avoir beaucoup de bons artistes, de grands rappeurs. A la base, mon truc, c’est le rap. Je suis né dans le 91, je vis dans le 94… Ce sont des départements marqués par le rap. Ca veut dire que t’es dedans, dans la street, t’es obligé d’écouter du gros rap. Aujourd’hui, moi j’écoute par exemple beaucoup de Niska et de Ninho…

Et pourtant, ton truc, c’est bien le chant !

Alors en fait, j’ai commencé par le rap ! Ensuite, peu à peu, je me suis mis à chanter…. Et c’est là que j’ai commencé à me poser des questions. Par exemple, je pensais qu’en rappant je pouvais pousser la mélodie. Mais il fallait que je fasse un choix pour trouver un style qui pourrait vraiment me plaire. Et le chant, quand tu aimes la mélodie, c’est parfait. Côté rap, on s’essayera peut-être bientôt sur quelques sons, histoire de varier et de se faire plaisir.

T’as notamment des références à Cheb Khaled dans ton projet…

Là, c’est la nostalgie qui parle. Peut-être qu’au début, quand tu vas écouter le son, tu vas te dire qu’il y a un délire trop banal… Puis là, t’as un délire à la Cheb Khaled qui arrive pour relancer le morceau. C’est aussi ça la musique, mixer ce qu’on sait faire avec des sons plus anciens, c’est lourd ! Pour toucher tout le monde, il ne faut pas se mettre de limites.

Tu as pourtant tranché dans le vif en choisissant le chant.

Dans ce projet-là, il y a pas mal de styles différents et moi, j’ai envie de tout… Mais pour ce qui est du chant face au rap, ou en ce qui concerne le foot et la musique, j’ai fait un choix. Comme on dit, la vie est un choix. Tu peux rester dans un entre deux parfois, mais c’est difficile de faire plusieurs choses à la fois. Le foot et la musique, pour moi, c’est l’opposé.

c’est mieux de performer dans un domaine plutôt que d’être moyen dans les deux

Il n’y a pas de liens entre le foot et la musique pour toi ?

Même si après les entraînements, t’es dans ta bulle et tu gardes la même rigueur au studio, c’est compliqué. Faire les deux, c’est dur. C’est difficile d’avoir une image dans le sport et une image dans la musique. Pour moi, ce n’est pas compatible. Le sport, c’est un monde différent. Puis, c’est mieux de performer dans un domaine plutôt que d’être moyen dans les deux. J’ai pris une décision que je ne regrette pas, celle de me consacrer à la musique.

Tu as de nombreux featurings avec ta petite amie, Minissia. C’est rare d’assumer ça

Je voulais montrer le contraste entre l’amour et la rue. Il y a plein de mecs de cité qui sont là, à être gang toute l’année… Mais il y a toujours une femme derrière un homme. C’est une chose qu’ils ne montrent pas forcément et moi, je voulais le mettre en avant. Tu peux être dans la street toute la journée avec tes potes, mais souvent, tu as des sentiments aussi. Etre bien avec sa copine ou sa femme, c’est un truc de la vie, ce n’est pas une honte.

Le public suit, cela donne plusieurs millions de vues à chaque sortie.

C’est dur d’en parler, mais je pense que le fait qu’on soit réellement en couple, ça a eu un impact dans nos sons. De 8 à 24 ans, la tranche d’âge qu’on peut toucher est large. Avoir des rimes sur l’amour, c’est un truc qui ressemble, qui peut toucher tout le monde. Chez nous, il n’y a pas de sujets tabous, ni de frontières.

Comment tu travailles tes morceaux ?

Pour que je kiffe faire un morceau, il faut qu’il y ait une bonne instru. Pour que j’aime bosser sur mes mélodies, il faut qu’il y ait une alchimie, sinon ça ne fonctionne pas. Quand l’instru me parle, je fonce tout droit, ça vient tout seul, à l’instinct. Je ne me pose pas mille questions. Je pousse un peu ma voix sur le refrain et c’est parti.

ma daronne n’était pas trop d’accord avec ma volonté de faire de la musique

Gérer le foot, l’école et la famille alors que la passion de la musique était là, ce n’était pas trop compliqué ?

C’était chaud, chaud, chaud. Très chaud même (rires) ! Ma daronne n’était pas trop d’accord ! Pour refaire l’histoire, j’étais simplement à l’école et je faisais du foot. On va dire que pour ma mère, le foot et l’école, ça suffisait. Et bon, j’ai eu ma période avec les blessures, ça m’avait blasé, pareil avec l’école, ça me saoulait. Au final, à force de cogiter, la musique est arrivée et ça a tout chamboulé… J’ai viré l’école et le foot en même temps (rires) ! En plus, c’était l’année du Bac. C’était chaud à expliquer à ma maman, mais au final on va dire que ça passe, elle voit aujourd’hui que mon choix rapporte ses fruits. Une mère, même si elle peut être un petit peu à cran au début, dès qu’elle voit que tu es bien, elle est bien aussi.

Pour finir, peux-tu nous dire un mot sur ta tournée des collèges ?

Franchement c’était lourd, on a eu une bonne réception de la part du public. T’as des élèves de certains collèges, ils sont fous, ils courent après le van… Cela fait plaisir, c’est lourd ! Tu te dis qu’il y a une bonne base qui te suit. Tous ces jeunes sont épanouis, ils sont heureux que tu partages ta musique, viennent prendre des photos avec toi, ils sont sympas… J’ai kiffé ! J’essaye de toucher les jeunes, comme les plus anciens. De toutes façons, c’est la musique qui parle au final !

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT