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Dinor : « Entre le rap et le foot, je vis un truc de fou » [INTERVIEW]

Dinor : « Entre le rap et le foot, je vis un truc de fou » [INTERVIEW]

Dinor se confie juste avant la sortie de son unique album.

Crédits Photos : Antoine Ott.

Internet, un canal qui a changé à jamais la face du rap game, mais qui aura également donné naissance au terme buzz. Et si aujourd’hui, beaucoup de rappeurs peuvent entrer dans la case buzz internet, peu nombreux sont ceux à en sortir pour devenir des artistes accomplis. Révélé à la face du web grâce à des freestyles surfant sur l’actualité, Dinor aurait très bien pu animer un temps les réseaux sociaux avant de repartir vers une vie plus calme… Il n’en a rien été, grâce notamment à une détermination sans faille et une capacité folle à se réinventer. Avec son album Lunettes 2 ski, le jeune homme prouve qu’il est désormais un artiste complet, aussi à l’aise en solo qu’avec de sacrés invités (Sadek, PLK, Roméo Elvis, Black M, Leto et Mister V). Un premier et dernier projet pour celui qui embrassera bientôt une carrière de footballeur. En effet, son opus sort ce vendredi 12 juillet et il est attendu le dimanche suivant au centre de formation de Sochaux…

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« Lunettes 2 ski » est ton seul et unique projet. Tu te sens comment juste avant sa sortie, sachant que tu rejoindras bientôt le centre de formation de Sochaux ?

Je me sens franchement bien, tout est carré… Je suis bien, l’équipe est bien, tout le monde est bien ! L’entourage me supporte, on est tous content ! Je pars dimanche à Sochaux, c’est vrai que c’est seulement deux jours après la sortie de mon album. Disons qu’on a bossé pour être dans les temps. Entre le rap et le foot, on va dire que ça va, jusqu’ici on a réussi à gérer les deux.

Dans la musique comme dans le foot, il faut savoir anticiper

T’avais prévenu tes fans sur les réseaux en écrivant « je vais vous envoyer le meilleur album de votre vie ».

Je voulais changer de style, car forcément, au bout d’un moment, les freestyles gavent trop les gens. J’ai commencé avec ça, c’est vrai, mais ça saoule au bout d’un moment. Il faut chercher à varier pour ne pas s’ennuyer. Là, franchement, il y a de tout, les gens ne sont même pas prêts ! Après, je reste dans mon concept avec quand même de la bonne trap… Jusqu’ici, tout se passe très bien.

Même au niveau des thèmes, tu t’ouvres de plus en plus. T’as par exemple des morceaux très love et beaucoup de feats.

J’étais obligé, il me fallait ramener des filles sur ce projet (rires) ! Plus sérieusement, quand tu fais de la musique c’est important de toucher tout le monde. Quand tu y arrives, t’es numéro un. Franchement, cet album, on a travaillé dur dessus. Même au niveau des featurings. C’était dur, mais on a réussi à faire ça efficacement. Certes vite fait, mais toujours bien fait.

Au final cet album, c’est une ouverture complète, assez loin de tes premiers freestyles.

Ce que je voulais, c’était faire de tout. Comme je l’ai dit dans mon Wesh, je voulais approfondir mon écriture, changer un peu, mais sans m’éloigner de mes bases. Disons que ça commençait à me saouler de faire tout le temps la même chose, alors t’imagines pour les auditeurs… Je me devais de changer ! Là, il y en a pour tous les goûts avec du love, de la trap, du chill.

Le vrai point commun entre le rap et le foot, c’est le mental qu’il faut avoir pour réussir

Comment tu procèdes pour l’écriture de tes morceaux ?

En vrai, moi j’écris aux toilettes ou tranquille dans ma salle de bain (rires) ! En fait, mes punchlines viennent toutes seules. Je peux marcher dans la rue et trouver de l’inspiration comme ça, d’un seul coup. Je vais penser à un mot, je vais chercher des homonymes, je fais des liens entre les mots et voilà. C’est comme ça que j’écris mes punchlines, c’est comme ça que ça marche !

Tu trouves des similitudes entre foot et rap ?

Le vrai point commun entre les deux disciplines, c’est le mental qu’il faut avoir pour réussir. Si t’es intelligent dans le foot, comme dans le rap, tu vas finir par être bien placé. Je ne sais pas vraiment comment approfondir la réponse, mais, disons que si tu fais les choses au bon moment dans les deux domaines, t’as plus de chances d’être bon. Au foot par exemple, si tu penses à une chose avant que ton coach donne une consigne, c’est que tu as compris où tu voulais aller. Dans la musique, c’est la même chose, il faut savoir anticiper.

Justement avec tes freestyles, t’es arrivé plusieurs fois avec le bon thème au bon moment.

Surfer sur le buzz, voilà ce que j’ai fait avec Gilet jaune et Octogone, qui sont les freestyles qui ont le mieux fonctionné. Pour tout te dire, Gilet Jaune, j’ai dû l’écrire en dix minutes grand maximum. J’ai écrit ça un soir vite fait et j’ai dû attendre le lendemain pour aller tourner le clip à la laverie car elle était fermée. J’ai mis un gilet jaune, j’ai fait le freestyle et paf, ça a pété. Octogone, c’est quasiment la même chose même si ça m’a pris un peu plus de temps pour l’écrire, car je cherchais vraiment à avoir de la punchline. Donc là, pareil, j’enfile des gants de boxe et je pars à la laverie… Dans tous mes freestyles il fallait que je trouve un thème, je ne voulais pas faire comme tout le monde. Quand t’arrives avec ton style à toi, ça accroche les gens. Un rebeu avec des lunettes de ski dans une laverie, ils ont kiffé (rires) !

Je ne voulais pas faire comme tout le monde. Quand t’arrives avec ton style à toi, ça accroche les gens

Un engouement sur les réseaux qui s’est retrouvé en live.

La réaction du public une fois que tu te retrouves sur scène… Franchement, je ne m’y attendais pas. Que ce soit lors de mes showcases ou pour mon dernier live avec Booska-P pour la soirée Wesh, c’était un truc de fou. Quand j’ai demandé à tout le monde de mettre le flash, tout le monde l’a fait. Dans la salle, j’ai senti le soutien des gens, notamment sur le son J’dégaine, ou mon feat avec Leto. Honnêtement, c’était un truc de malade, ça me donne encore des frissons.

Alors que tu te dirigeais exclusivement vers le sport, comment t’en es arrivé à rapper, à enregistrer un album, etc ?

Ce qui m’est arrivé, c’est un truc de fou. Cela fait huit ans que je fais du foot et pendant ces années-là, on me disait que je n’avais pas forcément tout pour percer. J’ai fait des essais partout en France, dans plein de clubs professionnels et il y a toujours eu un truc qui n’allait pas. Au début de la saison, je ne savais même pas que j’allais signer. Donc je me suis dit qu’il fallait que je trouve un moyen de m’échapper de la galère, car j’ai eu un passé compliqué. J’ai trouvé un truc, la musique. J’ai un pote qui m’a parlé français, en me disant que j’avais du potentiel, que si je croyais en moi dans le rap, ça allait le faire. J’ai fait un freestyle et j’ai enchaîné… De jour en jour les abonnés ont monté, puis je me suis dit « Dinor, c’est bon, t’as une roue de secours ».

Au final, tu as réussi dans les deux domaines… C’est le rêve de tous les footballeurs de faire du rap, et vice-versa !

C’est pour ça que je dis que c’est un truc de malade. Je n’arrive pas encore à bien réaliser. C’est vrai qu’il y a beaucoup de footeux et de rappeurs qui me parlent, qui me donnent de la force. Tout le monde trouve ça cool, j’espère que ça va marcher.

Je n’arrive pas encore à bien réaliser

Finalement, tu ne te mets pas tellement en avant. Tu te caches toujours derrière tes lunettes, pourquoi ?

La musique, ce n’est pas très bien vu chez nous. Alors moi, j’ai voulu me cacher par rapport à ma mère. Une fois, on marchait dans un quartier pas loin de chez moi, sans lunettes, et une fille est venue me demander une photo. J’ai menti à ma mère en disant que c’était pour le foot, elle était fière… Jusqu’à ce que la fille me complimente sur ma musique. Là, ma mère a commencé à me regarder bizarrement ! Après j’ai donc été obligé de lui expliquer.

Et alors les explications ?

Elle s’est énervée à mort (rires) ! Mais au fond, j’ai réussi à lui expliquer que j’aimais vraiment ça, que la musique était une passion et que ça marchait bien. Elle a voulu me faire plaisir et a juste demandé une chose, que je lui ramène la signature de Sochaux. Elle m’a dit « je te laisse faire de la musique mais après, tu pars jouer au foot ». On a trouvé un terrain d’entente avec ce pacte.

Pour conclure, tu vas sortir des propres morceaux au moment du bizutage à Sochaux ?

Je n’ai pas de pression pour le bizutage, je vais chanter mes propres morceaux. Les gens de là-bas, ce sont de bonnes personnes, je les connais bien, je sais que tout va bien se passer car on va travailler… On va travailler à mort ! Je vais vraiment tout donner, car si je lâche la musique pour le foot, c’est pour avoir de bons retours.

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