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Festival Hip Hop Collections, quand le rap s’invite au musée !

Festival Hip Hop Collections, quand le rap s’invite au musée !

Les 6 et 7 juillet, le musée du Quai Branly accueille le rap dans ses murs le temps d’un festival ! Focus sur un événement qui fête sa seconde édition.

Crédits Photos : musée du quai Branly – Jacques Chirac

Retrouver du Hip Hop au musée, voilà un fait qui peut en déconcerter plus d’un. Pourtant, à mesure que l’urbain fracasse les frontières, le musée du quai Branly (Paris) a décidé de prendre le taureau par les cornes en organisant carrément un festival. Baptisé festival Hip Hop Collections, il débarquera bientôt avec une seconde édition, les 6 et 7 juillet prochains. L’occasion de mettre en avant le patrimoine musical de l’institution dédiée aux cultures extra-européennes. Entre le live, des expériences d’écoute et des visites hip hop, tout a été fait pour que le line-up sample, remixe et s’inspire de musiques venues d’ailleurs. Une belle manière de lier les cultures, de voyager et voir le rap sous un autre angle !

Pour en savoir plus sur l’event, interview avec Sandy Pasquarelli, chargée de médiation et chargée de projet.

Tout d’abord, comment l’idée est venue ?

On a lancé cet évènement l’année dernière. Avant ça, on avait un autre event, Les siestes électroniques, qui existait depuis sept ans. En gros, le principe était de créer un évènement autour de notre fond musical. On a une très grande collection de disques, qui n’est pas forcément connue du grand public. De même qu’une collection de photos qui est méconnue. Le but, c’était simplement de valoriser notre collection. On a un double objectif dans la médiation : faire découvrir notre musée d’une autre manière, de l’ouvrir, mais aussi de valoriser tout ce qui est patrimoine immateriel, un patrimoine contemporain lié aux pays qu’on présente. Cela s’inscrit dans notre logique. Avec les siestes, on faisait appel à des artistes venus des musiques électroniques pour proposer un DJ set ou une création en live, jouée devant un public invité à s’allonger… On était en collaboration avec un festival toulousain basé sur le même principe, sauf que la particularité se faisait sur notre fond musical qui était utilisé. Cela s’est arrêté et on a cherché à faire un nouvel event qui met en avant notre fond musical avec la volonté de se tourner vers le live. Beaucoup de musée nous on emboîté le pas sur la musique électro, du coup on a penché vers le hip hop. Après des expériences ponctuelles, on a misé sur un évènement complet dédié au hip hop, en association avec Paris Hip Hop. On bénéficie de leur expertise et on signe une co-programmation, que ce soit pour le live ou les activités annexes.

Comment le public répond à cette proposition ?

L’année dernière, on a eu plus de 2100 personnes. Ce qui pour nous est super positif, car c’est la même fréquentation que celle des siestes électroniques, évènement en place depuis sept ans et qui avait sa petite renommée. Pour une 1ère édition, il y avait de quoi être content. Du côté du public, il y a eu de la satisfaction. Les visiteurs étaient ravis d’avoir du hip hop au musée.

Quand on pense Hip Hop, on se projette surtout aux USA ou en Europe. Ici, on se rend compte que le hip hop a sa place partout.

Notre enjeu c’est que les artistes invités travaillent à partir de la musique qui existe dans notre musée, c’est n’est pas forcément évident. L’ambition est aussi de montrer ce qu’il se passe ailleurs, comme ce qu’on essaye de faire sur nos autres évènements. A notre échelle, on valorise notre fond, mais on cherche également les connexions hip hop avec nos collections. On cherche à faire venir un maximum d’artistes extra européens. L’idée c’est de montrer ce qui se passe ailleurs. On veut avoir un bon mix entre des artistes européens et du monde entier, c’est un objectif sur le long-terme. Avoir de plus en plus d’artistes internationaux, c’est une ambition.

Comment lier les artistes aux collections ?

C’est primordial que l’artiste sache pourquoi il vient se produire dans notre festival. Car ce n’est pas du tout en lien avec les shows traditionnels dans lesquels ils viennent présenter leurs derniers titres, albums, etc… Il s’agit vraiment d’une création sur-mesure, c’est hyper important que les artistes sachent à quoi s’attendre et qu’ils soient partant pour le projet. En plus des créations et des sets créés, ils peuvent également envoyer leurs propres morceaux. L’objectif, c’est que tout le monde joue le jeu. On ne choisit pas un artiste en fonction de sa renommée, l’important, pour nous, c’est qu’il ait le temps de travailler, de s’investir.

Il y a notamment le rappeur Rocé qui est de retour cette année…

L’année dernière, il est venu pour un live avec un producteur qui avait réuni plusieurs artistes internationaux dont une chanteuse vietnamienne. Cette année, Rocé revient mais présente un projet basé sur des chansons contestataires. On fait face à une séance d’écoute commentée, un format encore différent. Cela correspond à notre idée de la programmation, à la fois proposer des concerts, en soirée notamment, mais aussi des activités qui approfondissent le lien entre le musée, les cultures extra européennes et le hip hop. L’important, ce n’est pas de proposer uniquement des concerts, c’est d’arriver à créer du lien.

Les playlists Spotify et Deezer sont un prolongement de l’expérience muséale ?

Cela rentre dans l’objectif de proposer un contenu hors festival en documentant ce fameux lien. C’est un évènement de médiation, donc là ça donne du contenu et du sens sur le « pourquoi ça se passe au musée et pas ailleurs ». Sur ce festival, on travaille avec un ethnomusicologue, Renaud Brizard. Son rôle, en premier lieu, est d’accompagner les artistes à travers notre fond musical. Il y a environ 7000 disques, ce qui est énorme. Il va recueillir l’envie des artistes qui veulent travailler sur certains types de sonorités et d’instruments, puis leur donner une sélection. Cela permet une belle compréhension de notre collection. De plus, on discute de la programmation avec lui, comme avec Paris Hip Hop. On réfléchit également aux dispositifs hors concerts, comme ces playlists sur Deezer et Spotify. Dans des morceaux de rap, il y a des samples de musiques traditionnelles du monde entier qui sont utilisés. A chaque fois, tu as le morceau brut, de base, et celui d’aujourd’hui. C’est livré de manière pédagogique, pour mieux comprendre comment ça a été utilisé. Cela permet aussi de redécouvrir un son qu’on connaissait déjà.

Côté médiation, on s’imagine que c’est vrai challenge !

Avec cet outil de médiation qu’est l’événementiel, on a tout un dispositif qui est basé sur les visites contées, les séances d’écoute, etc. Cela nous permet d’intéresser les visiteurs et de leur faire découvrir ce qu’est le musée à travers plusieurs temps, des temps gratuits et plus conviviaux. De quoi enlever les barrières inhérentes à une venue au musée et les interrogations comme « le musée ce n’est pas pour moi« , « je ne me sens pas à ma place« , etc. Le rapport au musée peut être assez compliqué en général, nous, on essaye de faire qu’il soit plus accessible à tous avec des temps orientés pour les familles, d’autres pour un public jeune, pour les 18-30 ans… Tu as beau venir avec ton groupe de potes ou tes grands-parents, tu trouveras toujours quelque chose à faire. C’est un aspect très fort chez nous, au quai Branly, on a toujours essayé de faire un lien entre nos activités et nos collections. Proposer quelque chose d’unique, mais qui a du sens, c’est notre but.

Le festival Hip Hop Collections, c’est donc une manière de décloisonner le musée ?

Si tu ne vas pas à la médiathèque du musée, ou si tu ne vas pas sur le site du musée, tu as très peu d’occasion de découvrir ce fond. Le musée, ce n’est pas que des objets, ça va bien au-delà. On veut faire valoir cela avec de vraies propositions qui peuvent être étonantes. Par exemple, on peut faire des séances de méditation qui s’appellent « Gangsta Mantra » (rires). Le nom peut prêter à sourire, mais c’est une structure qui met en avant le Yoga avec une certaine compréhension de la musique. Pour eux, le hip hop, c’est aussi important que la pratique du Yoga. Le but, c’est aussi de faire découvrir le musée en lui-même. Ainsi, ceux qui viennent pour un concert ou le festival peuvent le visiter gratuitement grâce à un bracelet.

  • Line – up : Andy 4000, Orgasmic feat. Wit et Andy Luidje, Pouvoir Magique, Dope Saint Jude (création par Pouvoir Magique, Fakear & Einki), Sampa The Great…
  • Plus d’informations sur Facebook et sur le site du Musée Quai Branly – Jacques Chirac.

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