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Le retour du Gangsta Rap ! [DOSSIER]

Le retour du Gangsta Rap ! [DOSSIER]

Les Bloods et les Crips reprennent-ils du service au micro ?

Les chiffres ne mentent pas. Oxymoron, l’album de Schoolboy Q sorti en début d’année ? Numéro un du Billboard avec 139 000 albums vendus ! My Krazy Life de YG ? Deuxième place du classement ! Déjà à la fin de l’année 2013 Nipsey Hussle grâce à sa mixtape Crenshaw vendue à 100 dollars pièce avait retourné le rap game. Le point commun entre ces trois jeunes artistes de la Ville des Anges ? Ils clament et représentent fièrement dans leurs textes leurs affiliations à des gangs. Schoolboy Q est un 52 Hoover Crips, Nipsey represente les Rollin 60’s Crip et YG est membre des Top Piru Blood. Le gangsta rap de Los Angeles bien sûr a toujours existé : Snoop Dogg, Game et d’autres n’ont jamais abandonné ce créneau. C’est la première fois depuis très longtemps que ce style de rap exécuté par des jeunes artistes redevient « grand public ».

Les Bloods et les Crips font partie du quotidien de L.A !

Les Bloods et les Crips pour une partie de la population de L.A font partie du quotidien. « Nos familles, nos voisins, nos amis, tous sont liés d’une manière ou d’une autre aux gangs » 40 Glocc, l’ex grand méchant loup nous peint un tableau clair de sa ville. YG dans l’interview qu’il nous a donné allait dans le même sens

Schoolboy Q nous avait également parlé de ses connections…

La « culture gangsta » dépasse le cadre de la musique…

Il est évident que pour beaucoup d’Angelinos, la « culture gangsta » dépasse le cadre de la musique. Ainsi The Game dans son premier album – dans le titre Church For Thugs– revendique même une exclusivité « I love New York, but gangbangin that’s L.A. shit/ And I’m proud of it » La liste des artistes affiliés à des gangs est donc impressionnante. Voici un petit échantillon : Snoop Dogg avec les Rollin 20’s Crips, Ice T chez Hoover Crips, Eazy E proche des Kelly Park Crips, MC Eiht lié aux Tragnew Park Compton Crips, DJ Quik aux Compton Tree Top Piru Bloods, Mack 10 au Queen St Inglewood Bloods, Warren G au Rollin 20’s Crips, même le jeune Ty Dolla $ign est lié aux Bloods ! Durant les années 90, le rap de Los Angeles était tout simplement synonyme de gangsta rap. Sauf qu’après la sortie de l’album 2001 en 1999, Dr Dre a laissé sa région orpheline. Il fait exploser Eminem, 50 Cent, développe son label mais il n’y a pas la relève. A part The Game (et bien sûr l’inoxydable Snoop) plus personne ne représentait haut et fort les couleurs rouge et bleu de Los Angeles. Des artistes locaux comme Glasses Malone parrainé par Mack 10, Bishop Lamont et Slim The Mobster signés à l’époque chez Aftermath, Jay Rock et Nipsey Hussle à leurs débuts n’arrivaient pas à convaincre les fans. D’autant que le son de South ( Lil Jon, les Youngbloodz, puis TI, Young Jeezy, Gucci Mane…) montaient en puissance et envahissaient les ondes et les charts américains.

Jay Rock en 2008

Le bandana, le crip walk, les tatouages, les signes avec les doigts…

Comment est-on arrivé à la situation où des jeunes artistes comme YG sont « tendances »? D’abord, parce que cette culture de gang n’a jamais cessé de fasciner. Le bandana, le crip walk, les tatouages, les signes avec les doigts…Tout ce folklore n’est jamais passé de mode. Si les artistes de Los Angeles au milieu des années 2000 avaient moins la cote d’autres n’ont pas hésité à utiliser leurs codes. Jim Jones d’Harlem par exemple dans sa compilation M.O.B The Album ou son albm Pray IV Reign faisait de nombreuses références aux Bloods. Waka Flocka d’Atlanta a tourné son énorme tube Hard In The Paint en plein milieu de Crenshaw à Los Angeles dans un quartier de Bloods. Enfin, Lil Wayne et Birdman originaires de la Nouvelle-Orléans et installés à Miami n’ont jamais hésité à faire des dédicaces aux Bloods.

Ty Dolla Sign et DJ Mustard se sont appropriés le son de la Bay Area…

Ensuite, les jeunes artistes de Los Angeles, n’ont pas changé de logiciels : ils l’ont simplement modifié ! Nipsey Hussle et Jay Rock sont les parfaits exemples. Avant comme leur appartenance à un gang était leur seul « argument marketing » (Jay Rock du TDE avait sorti Blood Walk, Real Bloods et Blood Niggaz !) pour tenter de plaire avec leur musique. Ils ont compris qu’ils n’avaient pas besoin mettre uniquement cela en avant. Ils parlent également de soirées (comme YG dans Left Right ou Who Do You Love), de leurs racines (Nipsey parle parfois de la culture ertythréenne de son père), le dernier single de Schoolboy Q parle d’une session studio ! Enfin, le gangsta rap 2014 s’est trouvé un couleur musicale. Des jeunes beatmakers talentueux comme DJ Dahi, Terrace Martin ou Scoop Deville amènent un son frais, original avec une vraie couleur californienne. D’autres comme Ty Dolla Sign et DJ Mustard se sont appropriés le son de la Bay Area et l’ont gonflé avec le 808 du South. Le résultat de tout cela ? En 2014 deux albums en major sont bien classés dans les charts, une vraie influence sur le rap game et un avenir serein pour au moins les cinq prochaines années.

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