Le phénomène Kaneki incarne un nouveau style de rap mélodieux, mixant à la fois sonorités dansantes et paroles sombres. Il propose dans ses morceaux du chant bien maîtrisé accompagné de kicks, le tout créant un résultat original et à son image. C’est de cette pluralité qu’il fait usage dans son nouvel album 4Real, et pour l’occasion, il est passé chez Booska-P pour se présenter à son public.
Un passage ouvert
Ayant grandi dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (91), Kaneki s’est imprégné de la culture de son quartier : « Le 91, c’est un département grave réputé dans le rap, Ninho, Niska même PNL qui viennent aussi des Tarterêts et même si je ne fais pas du tout la même musique, ils ont ramené quand même une certaine lumière sur notre quartier ».
Être originaire de l’Essone a été un atout pour le rappeur : avoir grandi au milieu des clips tournés par les grands en bas des bâtiments a suscité une certaine envie chez Kaneki.
Le rap est finalement inné chez lui et la mélodie est arrivée par la suite. Elle s’est constituée en associant ses inspirations à la fois rap et R&B : 50 Cent, Rohff, Akon et même Beyoncé. Au départ, ce n’était que du divertissement pour le jeune artiste. Seul parmi son entourage et dans sa génération à rapper, le lancement dans la musique pour Kaneki s’est fait progressivement.
C’est sur les bancs du collège qu’il se lance dans la musique : « Au départ, je commençais à faire des petits sons sur WhatsApp, je partageais un peu et il y avait des gens qui me disaient que j’étais fort, ça me faisait plaisir, franchement tout ça, c’était par pur plaisir, je ne voulais pas forcément m’y lancer sérieusement ».
Face à l’opportunité unique
La passerelle entre Kaneki et Ninho s’est faite au studio : son producteur avait flairé le potentiel de Kaneki et l’a donc fait écouter à son meilleur ami : Ninho.
N.I a apprécié le travail de Kaneki, les deux artistes ont vite connecté. Ninho a rapidement pris Kaneki sous son aile. Le jeune artiste témoigne de sa relation avec l’interprète de Jefe : « Pour moi, c’est le grand frère, on est proches, on ne fait pas seulement de la musique ensemble. Il me conseille aussi dans ma vie en général. On a eu à peu près le même parcours, on est tous les deux issus du même milieu et comme il est plus âgé que moi et qu’il est entré dans ce milieu avant moi, il me conseille pour que je ne reproduise pas les mêmes erreurs que lui. »
La professionnalisation dans le rap se fait de manière plutôt inattendue pour Kaneki. Son mentor, Ninho, a parlé à son label REC118. Le rappeur avait au départ quelques craintes liées à l’industrie : « La réalité, c’est qu’au début je n’étais pas très chaud pour signer, j’avais une mauvaise image de l’industrie de la musique, on me disait qu’il y avait beaucoup de traitres, beaucoup de problèmes en dessous de la table. » Ajouté à ça, l’avis de ses proches était très important pour Kaneki avant d’entamer une carrière : « Ma culture accepte difficilement le rap donc auprès de mon père, c’était compliqué mais du côté de ma mère ça allait, franchement elle m’a toujours soutenue, mes potes et mes frères et soeurs aussi. »
Une relation de confiance s’est par la suite installée entre le rappeur et le label : « Lorsqu’on m’a vraiment expliqué ce dont il s’agissait, j’ai pris conscience de tous les enjeux, de l’opportunité que j’avais de mettre ma daronne bien et j’ai pu accorder ma confiance à cette industrie. »
C’est en août 2020 que la signature se fait entre REC118 et Kaneki. Par la suite, il annonce sa signature avec le son Wari qui réalise un véritable carton : un des sons signature de l’été 2020, c’est la légèreté et la mélodie qui ont convaincu le grand public.
Sa carrière professionnelle est officiellement lancée.
Wari – Kaneki
Une détermination sans relâche
Le premier projet de Kaneki Ce que je vis a vu le jour en janvier 2022. Le rappeur s’est introduit lors de ce premier projet, exposant sa vie, ses amitiés et ses désirs de gloire sur un opus de 16 titres. Les invités phares de ce projet sont Ninho, Moha MMZ, DA Uzi et Heuss L’Enfoiré. « Pour moi, Ce que je vis, c’était comme une carte de visite […]. Lorsque je l’ai écrit, c’était vraiment pour me présenter mais je me cherchais encore, ma palette artistique n’était pas tout à fait imposée et il n’y avait pas vraiment de ligne directrice. Ça m’a servi parce que j’ai pu analyser les chiffres et les préférences sur mon premier projet et m’en servir pour créer l’album. » Il faut croire que la carte de visite est parvenue dans la boîte aux lettres de beaucoup d’auditeurs étant donné que le titre Jules César a pulvérisé les compteurs avec plus de 7 millions de vues à ce jour sur le clip.
L’écriture des morceaux est un processus relativement simple pour Kaneki. Le rappeur tient à ce que le travail soit spontané, mais surtout appliqué : « Moi j’écris tout en studio, j’arrive à trouver mon inspiration là-bas uniquement parce que je pars du principe que quand je sors du studio, je ne suis plus Kaneki mais plutôt moi en tant que personne. C’est plutôt mon entourage ou les personnes que je vais croiser dans la rue qui vont me le rappeler […] Pour réaliser mes sons, vu que je fais la plupart du travail au studio, j’écris quand même assez rapidement. »
« Je pense que je dois essayer de chercher d’autres environnements pour voir ce que ça va m’apporter »
Ayant plus de quatre années d’expérience à son actif, le rappeur a pris l’habitude de s’ouvrir et de se livrer plus facilement dans ses morceaux. Plusieurs sujets y sont abordés, notamment l’amitié, l’entourage et même l’amour : « Je suis réel avec les gens dans mes sons, mais c’est plutôt la façon dont je vais le transmettre qui sera importante. Dans l’Outro, je le dis : « En fin de compte c’est, pas si facile, pas facile d’écrire ce qu’on ressent ». Avec les siens, il souhaite préserver son image : « Ça m’évite de prendre la grosse tête ou de me perdre. La réalité c’est que dans ce monde-là les gens te surestiment donc tu peux rapidement commencer à croire que t’es réellement au dessus d’eux. Et je compte sur mon entourage pour qu’ils me ramènent à la réalité si un jour je venais à me perdre. ».
Kaneki est polyvalent et ne s’arrête pas à un style de rap précis. Il n’hésite pas à revenir aux bases : « J’aime beaucoup le rap conscient, ça m’aide vraiment à bien écrire, pour moi le rap ça sert aussi à faire passer des messages et j’ai besoin d’en écouter pour pouvoir le refaire à ma façon. »
Des associations attendues
Le public attend du rap mélodieux, des collaborations importantes et une association plutôt cohérente entre les artistes… ça a également été le souhait de Kaneki sur son premier album studio. Le rappeur du 91 a invité quatre artistes sur son disque, dont deux têtes avec qui il n’avait jamais collaboré auparavant : Jey Brownie et WaïV. Il s’exprime sur ce qu’il attendait de ces nouvelles collaborations : « Je recherche beaucoup de cohésion, je me demande qu’est-ce que la personne peut proposer, je ne suis pas spécialement dans la recherche du hit typique de l’industrie mais vraiment de la musique cool qui va réussir à parler à la fois à mon public, mais aussi au sien. » . Le feat entre Jey Brownie et Kaneki a d’ailleurs failli ne pas voir le jour suite à des soucis de logistique. Il explique : « Pendant la séance, j’ai eu un beatmaker qui nous a mis un plan… Ce qui était prévu de base, c’était qu’il fasse la prod sur le moment. Donc finalement, on s’est retrouvés sans rien et on a dû chercher une prod durant une heure et demi ».
« C’était un feat que je voulais absolument ! »
Il faut passer par beaucoup d’obstacles pour obtenir un bon résultat, et ce n’est pas le rappeur du 91 qui dira le contraire ! Il s’exprime à propos de Jey Brownie : « C’était un feat que je voulais absolument ! Il a une palette artistique qui est incroyable et le contraste était parfait entre nous deux parce que j’ai une voix qui est assez grave et lui sa voix est plutôt aiguë, donc je voulais créer ce contraste des deux voix, surtout que tous les deux on fait le même style de musique, du rap mélodieux. Le résultat est vraiment comme je le souhaitais, on a réussi à faire exactement ce qu’on voulait. »
La connexion entre en Kaneki et WaïV s’est faite naturellement : « On aime vraiment bien le travail de chacun donc c’était sûr qu’à un moment on allait se brancher surtout qu’on est dans le même label donc la connexion est plus simple. »
Pour ce premier album studio, Kaneki se réinvente sur des nouvelles sonorités. Accompagné de Naps et Ninho, le clip Blue, teaser de l’album, est sorti ce 21 août. Le rappeur du 91 raconte le tournage du clip : « Le truc avec Naps, c’est que comme moi, c’est un mec grave spontané. Le samedi, il m’a appelé pour qu’on tourne le clip et deux jours après, on y est allé pour le tourner. Perso, je kiffe travailler spontanément donc vraiment ça m’a pas du tout perturbé de clipper dans ces conditions-là. Spontané, ça ne veut pas forcément dire que le travail sera mauvais ou désorganisé. Avant le rap ça se passait comme ça, au quartier on était tous posés et ça disait « vas-y ramène la caméra » puis on clippait et fin, on se cassait pas la tête, c’était direct, c’était vrai. »
Blue – Kaneki ft. Ninho & Naps
« Il faut que les gens comprennent »
À seulement 22 ans, le rappeur est plein d’ambitions. Son projet est à peine terminé qu’il se remet sur selle pour créer de nouveau. Son but ? « Être confirmé, vraiment que les gens me comprennent. »
Une possibilité de transition vers un autre style est aussi envisageable : « J’ai commencé à écrire dessus mais sérieusement faire du R&B c’est très technique, ça demande bcp de compétences. En France, il y a Tayc qui sait faire ça bien et très facilement. J’aimerais vraiment m’y plonger et développer ma technique. »
Kaneki, incubateur de la nouvelle génération de rappeurs du 91, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Prendre conscience d’où il vient lui permet d’avoir de grandes ambitions et de savoir vers où il va.
Ce portrait a permis d’en savoir un peu plus sur sa personnalité mais pour la connaître à travers sa propre musique, foncez découvrir son premier album studio 4REAL, disponible depuis le 6 octobre 2023 sur toutes les plateformes.
