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Tsew The Kid : Amour, humilité et modernité [DOSSIER]

Tsew The Kid : Amour, humilité et modernité [DOSSIER]

Focus sur un jeune talent à l’univers bien marqué.

Tsew The Kid, c’est déjà plusieurs projets, mais aussi une identité assumée. Après Karma, Mora Mora et Nous dévoilés en 2018, il a cette année franchi le cap de la mixtape avec Diavolana. Un opus qui le classe parmi les rares jeunes artistes urbains à miser sur leurs sentiments pour se tailler la part du lion. Et devinez quoi ? Cela fonctionne ! Musicien émérite, chanteur passé par la case chorale, l’artiste originaire de Madagascar n’en oublie pas de regarder ce qui se fait du côté du rap. Cela donne une musique qui touche en plein dans le coeur d’une fanbase plus que jamais présente… Voilà qui valait bien un entretien !

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C’est peu commun d’avoir une cover aussi frontale que la tienne aujourd’hui… Tu voulais faire passer un message en particulier ?

Je voulais accrocher le regard et que ça choque en mettant une image sensuelle et une fille avec un pistolet. C’est assez frontal et les deux personnages sont bien mis en avant… Mais au-delà de l’aspect catchy, je voulais développer plusieurs idées. La première c’est la dualité entre une femme et moi, vu que l’amour est un des thèmes récurrents du projet. La seconde, c’était de faire quelque chose de sensuel, mais pas vulgaire.

Avant, l’amour apparaissait comme un sujet tabou. Qu’en est-il pour toi ?

C’est un sujet qui me touche, qui m’inspire, je ne vais pas m’en cacher. J’aime bien en parler et ce qui est bien, c’est que ça touche tout le monde. L’amour et les femmes, c’est un sujet qui peut être perçu comme tabou car ce n’est pas assez testostéroné pour certains… Mais la moitié de mon audience, c’est des gars, donc je sais que c’est écouté (rires).

Côté cover on voulait quelque chose de sensuel, mais pas vulgaire

Tu n’hésites pas à revenir sur des histoires très personnelles et des ruptures sur certains titres…

(il coupe) J’aime que ma musique soit authentique et vu que ça fait partie de ma vie, je le partage, c’est aussi simple que ça. Faire des sons sur une relation qui se termine, c’est aussi un exutoire. Puis l’amour, ça a plein de sous-thèmes, et quand on arrive à les exploiter au mieux, c’est difficile de tourner en rond.

On est loin de tes débuts, quand tu souhaitais rapper comme Ateyaba !

J’ai saigné Ateyaba au lycée et hier encore, j’étais en train de l’écouter alors que je prenais ma douche (rires). Je l’ai découvert en 2013 et je trouve qu’il a apporté quelque chose de nouveau, de très avant-gardiste. J’ai l’impression que sa musique a eu un problème de timing, car il était trop en avance sur son temps. Moi, j’ai toujours écouté des sons cain-ri et lui, transpose parfaitement le délire américain dans la langue française. Grâce à son timbre de voix, il peut rapper de différentes manières et ça passe à chaque fois.

Comment en es-tu venu au chant alors ? Tu répètes souvent que tu as envie d’avoir ton identité…

Le chant, au final, c’est ce qui me ressemble. Aujourd’hui, je ne vais pas essayer de faire les choses comme quelqu’un d’autre. Je préfère faire quelque chose qui me va, après j’ai mes inspirations aussi. Ateyaba m’a beaucoup inspiré, notamment sur l’aspect plus kické de certains sons et l’exploitation de ma voix qui est plutôt grave. Se donner au maximum dans sa musique, c’est aussi ça avoir son identité. Quand tu arrives à tout faire ou presque de A à Z, de la composition jusqu’aux paroles, tu peux en être fier. Avant ma signature en label, je faisais même mes propres mixages (rires). Cela m’a beaucoup aidé avant d’aller en studio, je sais ce que je veux ou pas. L’important, c’est savoir ce que l’on veut, faire preuve de persévérance, mais surtout rester humble. Il faut rester à l’écoute des bonnes critiques.

L’important c’est savoir ce que l’on veut, faire preuve de persévérance, mais surtout rester humble

Comme élément clé de ton identité, on peut parler de la scène.

J’en ai fait pas mal avant car j’étais soliste dans une chorale gospel, donc je me suis déjà produit devant mille personnes à Melun, c’était il n’y a encore pas si longtemps. J’ai des repères grâce à cette expérience, ça m’a beaucoup aidé par la suite. Ce qui est important sur scène, c’est qu’il faut chanter chaque son comme si t’en avais qu’un, comme le dit Lefa dans Bitch, son feat avec Vald. Evidemment, ça se prépare, on a eu une semaine de résidence avec ma nouvelle équipe et ça s’est super bien passé à La Maroquinerie. Après, il y a eu un petit stress avant de monter sur scène, tu sautilles, t’as besoin de ton moment avec ton équipe… Mais quand tu te lances, c’est bon. Puis l’euphorie après un concert, elle est quand même dingue (rires).

Faire partie des artistes sélectionnés pour le projet « La Relève » de Deezer, ça veut dire quoi pour toi ?

La Relève, c’était un truc de fou. Les gens étaient sympa et pour le tournage, on a eu droit à un château dingue qui selon la rumeur est la résidence secondaire de Tom Cruise (rires). Ce qui est dingue, c’est qu’il y a encore quelques mois j’étais à la Fac pour passer mes partiels et que là, je suis à 100 % dans la musique… Quand j’entends « Tsew a fait combien en première semaine ? » ça me fait bizarre (ndlr : son projet s’est écoulé à 4 048 exemplaires en première semaine). Je me posais le même genre de questions avant, mais au sujet des autres artistes (rires) !

Il y a un bel engouement autour de ta musique, un bon retour sur les réseaux… Comment tu réagis face à tout ça ?

Il faut prendre les choses avec humilité, car c’est très important. Je ne suis pas là grâce à moi, mais grâce aux gens autour de moi. On a travaillé dur, le public a été réceptif, sans oublier qu’il y a un facteur chance, dans le timing peut-être. Pour ce qui est des réseaux, on est des êtres humains comme tout le monde. Si les gens t’écoutent, ils aiment bien savoir qui tu es et tu te dois d’être proche d’eux. Si t’en es là aujourd’hui, c’est qu’ils te soutiennent. Moi je le fais naturellement car je trouve ça normal. C’est de plus en plus dur à gérer sur les réseaux sociaux car il faut prendre le temps de répondre à tout le monde, mais je le fais.

Depuis que je suis né, j’ai de la musique autour de moi

Tu as vécu à Madagascar, est-ce que ça influe sur ta musique ?

J’ai énormément de souvenir de Madagascar car on vivait dans une grande maison avec de la famille et beaucoup d’enfants. En tout, j’avais au moins 15 cousins (rires). Et depuis que je suis né, j’ai de la musique autour de moi. Que ce soit les oncles ou les tantes, tout le monde chante ou joue d’un instrument. On a même une chorale familiale. A la maison, mon daron joue de la guitare, ma soeur chante, mon petit frère apprend le piano… Cela m’a permis de normaliser la musique, de me dire que ça faisait partie de ma vie avant même de composer mes propres sons. C’est mon grand-cousin qui a commencé à rapper dans sa chambre et j’ai trouvé ça stylé de faire sa musique au lieu d’écouter celle des autres. C’est comme ça que j’ai commencé à faire de la musique à 12 ans, puis ensuite j’ai appris à jouer de la guitare et du piano… Il y a eu le retour du boom-bap après ça et ça m’a influencé. Pour l’anecdote, j’ai même fait un open mic à Bercy, j’y ai vu Georgio, le Panama Bende, etc.

Comment tu vois le futur ? T’as déjà des projets en tête ?

Je bosse en studio en ce moment et j’ai eu comme un petit déclic. Il y a des flows urbains que j’avais envie d’avoir et que j’ai réussi à m’accaparer. Du coup, j’ai deux sons qui parleront sûrement à un public plus urbain. Sur ma tape, il y a le morceau Foutu qui est dans cette veine. Je voulais trouver une sonorité particulière et j’y suis arrivé (rires). C’est important de ne pas stagner et de se donner les moyens d’évoluer. Aujourd’hui, on commence à plus consommer la musique, qu’à l’écouter. C’est une bonne chose pour nos streams, mais c’est bien que l’auditeur écoute un projet et le comprenne à sa juste valeur.

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