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Interview Jimmy Jay

Interview Jimmy Jay

Pionnier du hip hop français, Jimmy Jay figure parmi les plus grands beatmakers de l’histoire du rap hexagonal. Après avoir débuté au milieu des années 80, il devient champion de France de DJ DMC en 1989. Pour Booska-P, ce producteur d’exception, à l’origine des premiers succès commerciaux du rap français, revient sur quatre projets qui ont marqué sa carrière.

MC Solaar – Qui sème le vent récolte le tempo (1991)

Il s’agit de ma première « prod » pour un album complet. J’ai donné le maximum de moi-même. J’ai rencontré Solaar dans une soirée a Marly-le Roi (78). A cette époque, nous sommes tous les deux en galère à la poste. Je décide de l’amener chez moi, dans mon petit studio. Nous maquettons trois titres : « Bouge de là », « Caroline » et « Quartier Nord ». Ensuite, je l’emmène chez Polydor. Nous sommes reçus rapidement et, très vite, Solaar signe un contrat d’artiste. Pour ma part, je signe en tant que réalisateur et manager, ce qui marque réellement mes grands débuts dans le métier. Ensuite, cela m’a permis de rencontrer des gens comme Christophe Dechavanne, Melaaz ou encore Soon E MC. Tous ont contribué au succès de MC Solaar et m’ont donné envie de poursuivre dans cette voie.

Les Cool Sessions, vol. 1 (1993)

Là, je réalise enfin mon rêve, à savoir produire et lancer de jeunes talents. Paradoxalement, c’est aussi un véritable cauchemar puisqu’il s’agit d’un projet où je dois gérer la totalité des artistes tout seul, que ce soit en terme d’enregistrement, de contrat, de comptabilité ou de vente. Malgré l’aide de ma famille, je finis par me retrouver seul avec tout un tas de factures. C’était un énorme risque : j’avais misé tout ce que je possédais. Heureusement, je réussis à me retourner grâce aux excellents groupes avec lesquels je travaille : Les Sages Po , Sleo , Democrates D, MC Janik… Cela m’a ensuite permis de découvrir d’autres talents, tels que Booba, Lim, Raggasonic, Kery james ou Fabe. Signée chez Virgin au dernier moment, la compilation devient un succès, un peu à la surprise générale.

Jazzmatazz Vol. 1 (1993)

Alors là, c’est le kiff total. Je me lève un matin et Guru de Gangstarr débarque dans mon petit home studio de Bagnolet (93) avec un son : un sample de Grover Washington que j’avais déjà utilisé. Donc, je lui fais écouter un autre son, réalisé la veille, qui deviendra le futur instrumental du morceau « Le bien, le mal », en featuring avec MC Solaar. Il kiffe direct, pose en freestyle. Bien sûr, ça tue et Solaar arrive pour poser son couplet. Guru me dit alors : « Je kiffe trop ton son, je loue un studio et on fait ça au top ». En réalité, on se retrouve juste au bout de ma rue, dans un gros studio. A ce moment, il me fait écouter les titre de Jazzmatazz en exclu. Dans la foulée, il organise le clip. Par la suite, cela m’a permis de me retrouver en soirée à Cannes avec DJ Premier, qui m’a demandé le sample du morceau … que je n’ai jamais lâché. Ensuite, dans une de ses mixtapes, on retrouvera le sample du titre « Prose Combat ». Il a même posé sa voix dessus : « Premier pre pre Premier ». J’en suis assez fier car il ne s’agissait en réalité pas d’un sample mais de l’une de mes compositions.

Sages Poètes de la Rue – Qu’est-ce qui fait marcher les sages ? (1995)

De vrais professionnels. Je leur loue de gros studios parisiens, les gars posent huit ou neuf titres en l’espace d’une soirée. Je suis vraiment très épaté par le résultat de l’album. C’est un disque que j’écoute encore, sur lequel figure la première apparition discographique de Booba. J’ai toujours eu une affection particulière pour les Sages Poètes de la Rue. Pour moi, il s’agissait des Tribe Called Quest français à l’époque, j’étais un fan inconditionnel. D’ailleurs, je viens de remixer le titre Showtime (sur le dernier album de Zoxea, Tout dans la tête, Ndlr.) avec un grand plaisir.

Que devient Jimmy Jay aujourd’hui ?

Je suis en train de relancer la machine Jimmy Jay Productions, grâce a une société nommée Daddii. J’aime tellement la musique que aimerais faire participer tous le monde. Je vais prochainement mettre des sons à disposition via mes blogs, ce qui devrait me permettre de monter de nouveaux projets. Le business a tellement changé avec les années qu’il est devenu difficile de traverser les époques. Ceux qui resteront seront les plus réfléchis et les plus cools. Car c’est avec le temps que se construit une carrière.

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