A l’approche des fêtes de Noel, l’heure est venue pour les rappeurs de faire leur liste.
Noël approche, et avec lui les mécanismes surpuissants montés de toute pièce par notre société consumériste pour créer chez vous une demande irrationnelle d’objets et de services tous plus futiles les uns que les autres. Nouvelle console, nouvelle paire de sneakers, abonnement à des services de streaming, nouveau modèle de smartphone… quel que soit votre profil de consommateur, vous dépenserez forcément – ou ferez dépenser à vos proches – des sommes bien trop importantes pour satisfaire des besoins situés bien au-dessus de l’extrême sommet de la pyramide de Maslow.
Les rappeurs n’étant pas des êtres humains différents des autres, la pression de la société de consommation s’applique également à eux -bien souvent à plus forte raison que chez les autres, d’ailleurs. Malgré les apparences parfois trompeuses, qui les voient s’afficher dans leurs clips avec voitures de luxe, textiles haut-de-gamme, et naïades de rêve, les artistes hip-hop ne vivent pas uniquement dans la soie et la bonne humeur, et continuent généralement à courir après des besoins non satisfaits, comme le commun des mortels.
La plupart du temps, il faut donc très peu de choses pour rendre un rappeur heureux : bien nourri, logé à bonne enseigne, et suffisamment à l’aise financièrement pour assurer une retraite décente à sa maman, le rappeur de base n’est pas réellement difficile à contenter. Mais dans certains cas, le bonheur est une affaire beaucoup plus complexe, mêlant fantasmes inavouables et nécessités farfelues. Difficile de s’y retrouver, mais pas de panique : on vous a préparé un guide complet pour rendre votre rappeur préféré heureux.
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La gâterie authentique et véritable : une pipe de professionnelle
Tarif : de 0 à 600 euros
Inconvénient : Attention aux MST
Clairement l’objet d’attention le plus cité de toute l’histoire du rap, la prise en bouche par une demoiselle habile de sa langue est LE moyen le plus simple et le plus efficace pour rendre un rappeur heureux. Bon, le bonheur en question risque de ne durer que quelques minutes – durée variable en fonction de la prostate de l’artiste en question, et de l’habileté de la travailleuse – mais à l’image d’un bon grec à quatre heures de l’après-midi quand on a sauté le repas du midi, il reste une valeur sûre qui provoquera un sourire de satisfaction dès la première bouchée. Evidemment, les tarifs restent très variables, Niro vous conseillera d’aller sur Vivastreet, pour « 90 euros la passe« , Booba préférera fourrer « putes à 600 eur’s« , et Damso ira plutôt dans le low-cost, avec « grosse pute à 40 euros« . Attention tout de même : bien que les rappeurs, en tant que stars, aient parfois accès sans le moindre frais à des filles de petite vertu, la gratuité n’amène pas le même plaisir, comme le rappelle Jorrdee : « Vous êtes déprimants, comme une groupie qui suce ». Si vous voulez rendre votre rappeur heureux, n’hésitez donc pas à mettre le prix.
Le chemin direct vers le bonheur : une vie de famille réussie
Tarif : techniquement gratuit, mais peut nécessiter des investissements coûteux
Inconvénients : Des responsabilités à assumer
Evidemment, tout le monde n’est pas fait pour assumer une famille et toutes les responsabilités qui suivent : jurer amour et fidélité à sa moitié, offrir une bonne éducation à ses enfants, et leur éviter de vivre dans le dénuement. Mais à partir du moment où l’on se sent capable de le faire, il s’agit d’une recette assez efficace pour atteindre le bonheur. La Sexion d’Assaut l’a d’ailleurs plutôt bien compris, en chantant « Moi j’veux ma femme, mon Dîn, mes gosses », une manière de dire que les meilleures choses dans la vie sont finalement les plus simples. Chacun mènera sa vie de famille à sa façon, et un rappeur comme Lacrim préférera habiller son fils des « mêmes sapes, collection Philipp Plein« que lui, tout en lui apprenant à « respecter Dieu et diriger un hôtel« , deux piliers effectivement essentiels dans l’éducation d’un marmot.
Le classique absolu : une villa pour la maman
Tarif : À partir du million d’euros (compter au moins le triple pour la version luxe)
Inconvénient : le tarif, inaccessible pour des gens qui ne font des disques d’or qu’en streaming
Simple, efficace, mais hors-budget pour l’immense majorité de la population, la villa pour la maman représente le graal absolu pour tout rappeur digne de ce nom. Les exemples sont bien trop nombreux pour tous les citer, mais quelques noms suffisent à rendre compte de l’importance absolue de la question : Niro (« Acheter une villa à ma mère, mettre la famille à l’abri« ), Kalash Criminel (« J’pète le million, villa pour la daronne à Kinshasa« ), Ixzo (« J’bosse jour et nuit maman ne t’inquiète pas, j’ai ta villa à construire« ), TLF (« J’rêve de la voir apaisée dans une villa au de-blé« )… Il est quasiment impossible de trouver un rappeur n’ayant jamais fait référence à ce fantasme de fils reconnaissant envers sa génitrice. Qu’ils soient de l’ancienne école, comme L’indis (« Maman c’est promis, je t’offrirai ta villa et ta piscine« ), ou de la nouvelle génération comme Moha la Squale (« Moi et ma mère, une villa au bord d’la mer« ) et Djadja et Dinaz (« J’rêve d’une villa payée pour ma mère« ), l’objectif absolu de tout rappeur reste le même. A part quelques élus, la question est condamnée à rester reléguée au rang de fantasme, ce qui n’enlèvera jamais rien à l’amour que portent les mères à leurs rejetons : « Je lui ai pas acheté de villa mais maman m’aime très fort« , explique ainsi Despo dans le titre C’est Combien l’Amour.
Le petit plaisir convenu mais efficace : le gamos
Tarif : De 50.000 à 11 millions d’euros
Inconvénient : L’essence, frère, l’essence, frère !
Comme le parfum ou la chemise de qualité sous le sapin, la voiture de luxe est un cadeau pas forcément très original, mais toujours efficace. Attention cependant, le choix du véhicule n’est pas toujours évident : modèle, couleur, châssis, origine, autant de paramètres à prendre en compte pour rendre heureux votre rappeur préféré. Pour une majorité de rappeurs, comme par exemple pour Booba, ou pour Djadja et Dinaz, le gamos doit ainsi être allemand … avec des variantes, cependant : YL veut y « faire péter du Hasni », Hooss veut profiter de la puissance des moteurs teutons pour « faire des excès de vitesse ». D’autres préféreront la classe italienne à la fiabilité allemande, comme par exemple Green Money, esthète cosmopolite, pour qui « la montre est suisse, niggaz, et nos gamos viennent d’Italie », ou pour le groupe 3e Oeil, qui précisait même le modèle de ses rêves, la fameuse Testarossa.
Evidemment, quelle que soit la nationalité du véhicule, mieux vaut prévoir un budget conséquent : comme le rappelle PSO Thug, « pour l’instant y’a pas de Wali, donc la Ferrari on l’aura en location ». Alors certes, louer un plaisir de quelques heures peut contribuer à rendre heureux à moindres frais, mais n’oublions pas la philosophie de Blaise Pascal, pour qui le bonheur véritable ne peut être trouvé dans la futilité et l’éphémère. Quoi qu’il en soit, revenons à nouveau vers Despo Rutti, qui met en garde les passionnés de bolides contre la tentation du luxe : « Tu flambes mais les full-options ça attire les jaloux et les rayures, pas de chance ».
Le cadeau spécial dîner de cons : La vie de Tony Montana
Tarif : Quelques millions d’euros, au minimum.
Inconvénients : Le risque de finir camé, après avoir tué son meilleur ami et perdu sa femme et sa soeur, ce qui constitue un projet de vie discutable
La vie Tony Montana ne fait rêver que pendant la moitié du film, mais continue à représenter le fantasme absolu du rappeur lambda. PNL veut le Monde Chico, Zbatata veut « compter les billets comme dans Scarface« , JUL aussi … en gros, tout le monde rêve de la vie de Tony, même si certains sont plus Sosa que Tony, comme par exemple Gradur, qui mélange références historiques réelles et personnages de fiction en souhaitant « les armes à Pablo, la villa à Sosa« .
L’immanquable, celui qui plaît toujours : Le textile
Tarif : de 1 à 10 000 euros
Inconvénient : peut rétrécir au lavage
Nouvelle lubie du rappeur, après vingt ans passés à se battre pour savoir qui aurait le futal le moins bien taillé du game, la mode vestimentaire s’est imposée en France grâce au travail de sape (notez le jeu de mots de très haut-niveau) de SCH, PNL ou Lacrim, qui ont tous cherché, à tour de rôle, à transmettre à la jeunesse française leur amour pour Gucci, Prada, Versace et EA7. Il suffit donc parfois de quelques grammes de tissu pour qu’un rappeur s’approche de l’extase, mais attention à faire les bons choix : par exemple, le textile Philipp Plein siéra parfaitement à Lacrim, mais rendra fou Sadek. Autre erreur à ne pas faire : offrir un t-shirt Distinct à Booba, ou un sweat Unküt à Rohff. Ca ne peut pas fonctionner, c’est mathématique. Pour rendre Alkpote heureux, en revanche, aucun souci : « on veut des grosses caisses, des cuirs, et des fourrures« , annonçait-il, bientôt dix ans en arrière. Pas difficile, on peut également le contenter avec une panoplie Gucci (« Gucci casquette, Gucci baskets, Gucci chaussettes« ), du Balmain ou du Versace, ou même un slip parfumé à la lavande.
Le cadeau qui ne conviendra pas à tout le monde : La foi
Tarif : gratuit
Inconvénients : difficile à obtenir, parfois incompatible avec le rap
Le matérialisme et la luxure n’étant pas forcément les deux conditions les plus évidentes au bonheur, l‘un des meilleurs moyens de rendre un rappeur heureux serait de lui amener la paix intérieure, et donc de trouver la foi. « Moi j’veux prier cinq fois par jour, c’est décidé » annonçait ainsi Alkpote dans un titre paradoxalement intitulé Désanussage, preuve que même le plus vicelard des rappeurs souhaite au fond de lui trouver la sérénité dans la religion.
