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Comme1Flocon : « J’apporte ma touche de fraîcheur » [INTERVIEW]

Comme1Flocon : « J’apporte ma touche de fraîcheur » [INTERVIEW]

Quand la Suisse a un sacré talent dans son coffre…

Crédits photos : Antoine Ott.

Si la France a mangé en pleine face une vague belge aussi grasse qu’un cornet de frites, elle pourrait bien se prendre un sacré revers venu de Suisse. En effet, nos voisins ne sont pas en reste et livrent un rap sans fausse note, délesté de certains codes devenus trop lourds à porter. Pas de figures imposées donc, chez notre invité du jour, un rappeur qui fait comme bon lui semble.

Rendez-vous avec Comme1Flocon, un Suisse signé chez Bendo Music, qui compte bien installer un personnage complet dans le game, entre amour de la sape, de la scène et des sonorités venues d’ailleurs…

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La première chose marquante chez toi, c’est le visuel.

Le visuel, c’est quelque chose de très important pour moi. Aujourd’hui, tu vends peut-être mieux ton image que ta musique. J’essaye donc de faire du mieux possible, de bien travailler la chose. J’ai réussi à me connecter avec deux amis, une photographe et un videomaker, pour gérer la direction artistique et l’image. Ils sont à fond derrière moi, on aime les mêmes choses, assez poussées. Je pense que c’est ce qui donne des clips différents.

Il y a toujours un fil rouge…

Comme1Flocon, c’est tout un univers, pas seulement un domaine précis. J’essaye de montrer plusieurs choses dans mes clips, je fais en sorte de faire ressortir chaque côté de moi, mes qualités, etc. Cela donne des visuels variés, je n’aime pas rester enfermé.

Comme1Flocon, c’est tout un univers, pas seulement un domaine précis

Votre génération a toutes les cartes en main.

Avec internet et les réseaux sociaux, on a des outils pour être autodidactes. On peut faire des trucs cools avec peu. De ce point de vue-là, notre génération a de la chance.

Tu viens de Suisse, ça joue aussi sur cette « différence ».

En Suisse, le rap commence à avoir la cote. A la base, dans les grandes maisons de disques suisses, on misait plus sur la pop ou le rock. Du coup je ne m’enferme pas, j’essaye de montrer l’autre face de la Suisse, car il y a plein de rappeurs talentueux. Ma différence, c’est en rapport avec d’où je viens, clairement. Ici, on n’a pas de complexe, on peut faire des trucs complètement barjos, dans certains trips… La street cred’, en Suisse, ce n’est par exemple pas le plus important.

Etre un rappeur en Suisse, c’est quoi ?

C’est enlever ces petites chaînes, ces trucs qui peuvent parfois trop catégoriser le rap. On n’a pas besoin de jouer les gros méchants, bandits ou voyous, on fait juste notre truc. Le son est cool, les gens kiffent, on essaye juste d’apporter une vibe positive.

D’ailleurs, ton blaze est original !

Avant, j’étais en groupe et j’avais un autre blaze. A la base, Comme1Flocon, ça vient d’une story sur snapchat. C’était un délire, je courais torse nu sous la neige en criant « flocon flocon ». Et du coup c’est resté, au lycée on m’appelait flocon. Je me suis demandé pourquoi pas créer autour de ça. Le blaze Comme1Flocon me représente bien, c’est quelque chose de frais, on vient là pour apporter du neuf, que ce soit au niveau du style ou ailleurs. Il y a ce côté esprit de contradiction aussi, car il n’y a pas beaucoup de re-nois qui aiment la neige (rires) ! Je pense que ça me caractérise beaucoup aussi, j’essaye d’aller à l’encontre des stéréotypes… J’ai réussi à placer tout ça dans un blaze ! Puis c’est un nom facile à retenir, impactant.

j’essaye d’aller à l’encontre des stéréotypes

Il paraît t’as vraiment baigné dans la musique grâce à ta famille. Tu peux nous en dire plus ?

Carrément, j’ai mon père qui est DJ, mais aussi ma mère qui a sorti un disque de rumba congolaise. Il y a toujours eu cet esprit artistique à la maison… Mon frère a rappé et ma soeur est dans un groupe qui marche pas mal en Suisse, avec notamment un passage sur The Voice. Du coup j’ai été obligé d’être bercé par tout ça, j’ai des Jay-Z, des classiques qui sortent de la chambre du grand-frère, mais aussi plein d’autres influences. Cela permet de mieux te construire, malgré mon jeune âge, je sais où je veux aller.

On trouve également des artistes plus modernes dans tes influences, comme par exemple Playboi Carti.

Là, on parlait de mon enfance, des trucs old school, mais je suis un mec de la nouvelle génération. Sur le morceau Robocop, tu as un beat uptempo, ce qui rappelle Playboi Carti. Il y a aussi un artiste comme Travis Scott qui m’inspire beaucoup au niveau de la voix et dans sa façon de jouer avec les mélodies.

Aujourd’hui, on peut même dire que tu peux tout te permettre. « Robocop », c’est un son presque électro, là où « Salsa » donne dans un délire très latino.

Comme on le disait, je suis très inspiré par les rappeurs US. La tendance latine fonctionne particulièrement bien là-bas en ce moment. Je travaille avec un compositeur, Santo, qui m’envoie plein de prods. Et dès que je suis tombé dessus, j’ai aimé. Les vibes latines, c’est frais, c’est dans l’air du temps… Puis tu as toujours un solo de guitare qui rappelle la rumba congolaise, donc forcément, je m’identifie aussi.

Dans beaucoup de tes sons, le thème principal, c’est l’amour. C’est une chose qui revient souvent dans ta musique !

Dans ma vie, je ne peux pas compter sur des expériences dingues. Je ne suis pas un gros voyou, donc je ne peux pas partager mes crimes et mes délits ! Les relations avec les femmes, on en a tous depuis tout petit. Du coup, on a tous une chose à en retirer. C’est un thème qui peut toucher tout le monde : les filles, les garçons, les voyous, les mecs chill… Je l’aborde à ma manière, à chaque fois je parle d’une fille en particulier sur chaque son (rires). Les textes sont toujours écrits en « Tu », ça permet à l’auditeur de mieux s’accrocher au morceau.

La Suisse, c’est un pays très carré dans lequel on ne mise que sur le travail, le travail et encore le travail… Moi, je veux montrer que ce n’est pas que ça

Il y a un rappeur qui t’a filé un déclic, comment t’en es venu à prendre le micro ?

Avant, la musique, c’était surtout un délire pour moi. On faisait des freestyles et ce sont les gens autour de moi qui m’ont fait comprendre que j’avais ma carte à jouer. Quand on te dit que t’as du talent, forcément, tu y penses. La Suisse, c’est un pays très carré dans lequel on ne mise que sur le travail, le travail et encore le travail… Moi, je veux montrer que ce n’est pas que ça. Le rap, c’est un art dans lequel tu peux constamment progresser, avec lequel tu peux exploser pas mal de barrières, c’est ce qui m’a fait me lancer là-dedans.

Comment ta manière de travailler a évolué depuis tes débuts avec le groupe 3ème mi-temps ?

Au début, ça me paraissait plus facile d’être en groupe. Cela te donne plus de puissance, puis c’était un groupe constitué d’amis d’enfance. Aujourd’hui, je pense qu’en termes de direction artistique, c’est plus facile d’être en solo. Je sais exactement où je veux aller, alors que lorsque tu es en groupe, il y a des choses que tu ne peux pas te permettre. Parfois, c’est mieux de se séparer pour que chacun explore son propre univers. Avant par exemple, je ne chantais pas. Maintenant, je sais que c’est un nouvel outil à utiliser.

Il y a autre chose qui te caractérise, les sapes.

Je suis à fond dans la mode. Là, je porte un pantalon tagué avec plein de poches, je kiffe les tenues un peu bizarres. J’aime être bien habillé, être frais et marquer ma différence. La mode, ça peut être un projet. Avec de la reconnaissance, pourquoi ne pas tenter un truc dedans. Pourquoi ne pas défiler ou monter sa marque ? C’est un domaine à explorer. Dans le clip Robocop, je me suis fait plaisir avec des tenues et des postures futuristes.

Vu que tu aimes casser les barrières et les frontières, où se trouve le meilleur public, en France ou en Suisse ?

Avoir une petite fan base en France, c’est un kif de ouf. Pouvoir tourner aussi, car la scène, c’est génial comme moment, tu partages plein d’émotions avec le public. Mais je pense que les Suisses sont plus chauds. En Suisse, ça turn-up de fou, ça lance des pogos (rires) ! Pour le moment, je ne peux pas me permettre de trop juger, car je n’ai pas fait des tonnes de scènes en France. Sur la capacité des salles en France, c’est quand même mieux, car la culture hip-hop est plus installée, mais les Suisses sont toujours bouillants, qu’ils soient en petit comité ou pas.

En France la culture hip-hop est plus installée, mais les Suisses sont toujours bouillants en concert, qu’ils soient en petit comité ou pas

Pour terminer, on va aborder ta signature chez Bendo Music. Comme tu abordes cette nouvelle étape ?

On a signé ensemble en janvier, c’est un step de plus, clairement. Je pense que le projet sur lequel on bosse va nous ouvrir des portes, c’est une bonne carte de visite, mais aussi un tremplin, on l’espère !

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