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Allen Akino : Polyvalence et background marseillais [DOSSIER]

Allen Akino : Polyvalence et background marseillais [DOSSIER]

Rencontre avec l’un des talents d’une ville à part, entre influences funk et amour des mots.

Après des années à vadrouiller au sein de la scène phocéenne, Allen Akino fait aujourd’hui des sons à sa manière, mixant rap et chant. Entre l’approbation des plus grands, l’envie de transmettre son savoir et celle de casser quelques frontières, c’est peu dire que l’artiste a des choses à raconter. Entretien avec l’auteur du morceau Flou, bien décidé à y voir clair dans les prochains mois…

Akino comme à l’ancienne

D’emblée, Allen Akino est comme coincé entre le rap et le chant. Plus jeune, celui qui s’est fait connaître à force d’une grosse activité dans le game marseillais se posait déjà la question : comment choisir, mais surtout pourquoi. A l’époque pourtant, il se laissera embarquer loin des mélodies : « J’ai commencé par le chant. J’ai toujours été en train de chantonner deux ou trois airs, comme ça. Ensuite, tu grandis et tu passes forcément par la case rap. Bizarrement, je me trouvais meilleur en rap qu’en chant. J’ai poursuivi là-dedans en solo, jusqu’à former un groupe qui s’appelait Susceptibles en 2007, puis j’ai créé mon label R2P, pour « Rafales de punchlines » . »

Je me suis servi de multiples influences pour travailler mon style : la funk, le rap, le r’n’b de l’époque…

Place donc à un rap pur et dur pendant un temps, de quoi le faire connaître sur la planète Mars. Mais chassez le naturel, il revient au galop… Avec la famille dans le rétro, évidemment : « J’ai des grand-frères, des grandes-soeurs… C’est grâce à eux que j’ai eu accès à certains artistes, à une culture qui n’était pas forcément la mienne. J’étais en avance car je savais ce qu’il y avait eu avant. Parfois, quand je bloque artistiquement, je reviens vers ces bases qui sont plus ancrées. » Une munition de plus pour un gars bercé par la période 1995 – 2005 : « C’est absolument dingue. Je peux pas te citer des noms tellement il y a trop d’artistes de fou, ça va de Usher à Nelly en passant par Christina Milian, les Black Eyes Peas et Outkast. » Rassurez-vous, du côté du 13, le bonhomme cite IAM, groupe qu’il a récemment recroisé… Mais nous en reparlerons.

Reste donc à prendre les choses en main pour vraiment « affirmer (son) style », notamment grâce à l’apport des plus grands : « Les gens me trouvaient talentueux, j’ai été sollicité par pas mal de gros comme Soprano, ou encore MOH pour un morceau réalisé avec Jul. C’est ce qui m’a fait connaître dans le milieu marseillais. On va dire que je me suis servi de mes armes musicales, de multiples influences pour travailler mon style : la funk, le rap, le r’n’b de l’époque… »

La place primordiale de l’écriture

Aujourd’hui, on peut dire qu’il a fait la différence sur un morceau signature, Flou, qui a effacé les frontières entre le rap et le chant, justement. Bien accompagné de son flow entraînant, c’est les deux pieds dans le plat qu’il a fait son boulot. Non sans s’inspirer du passé : « Honnêtement, je préfère chanter. Le chant, je trouve ça plus dur, plus complexe, plus technique. Cela demande peut-être plus de passion, alors qu’une fois que tu sais rapper, tu sais rapper. Avoir plus d’une corde à son arc, ça incite à proposer quelque chose de frais. Moi, c’est mon but, faire mon truc en m’inspirant de mes influences. Tu peux voir ça chez Tupac qui samplait des vieux sons funk ou de la Motown pour rapper dessus. »

Avoir plus d’une corde à son arc, ça incite à proposer quelque chose de frais

Mais à trop se focaliser sur la voix d’Allen Akino, on peut passer à côté de l’autre arme de l’artiste, l’écriture. Plus qu’une simple discipline, il s’agit d’un art de vivre pour celui qui se plaît à transmettre son savoir aux minots de la cité phocéenne, car comme il le dit lui-même « cela ne sert à rien de garder les choses pour soi » : « Faut savoir que l’écriture, c’est toute ma vie. Je donne des cours d’écriture aux plus jeunes à Marseille et je n’arrête pas de leur répéter que la bouche c’est une arme et que les mots, ce sont nos munitions. Faut qu’on se serve de ça pour nous battre, en quelque sorte. » Faisant tout pour accrocher l’auditeur, il n’hésite pas à s’inspirer de son vécu, comme de celui de ses potes pour que tout le monde se sente concerné.

S’inventer une foule de personnages et faire dans le storytelling ? Pas franchement le genre de la maison quand on l’écoute : « J’essaye de rentrer dans l’esprit de la personne qui m’écoute. Il faut que j’aille dans le détail, je fais de la psychologie en quelque sorte. Quand j’écris pour d’autres artistes, c’est le même travail. Il faut qu’il ait un truc à sortir de lui-même, notamment sur des sujets précis. Il faut en dévoiler le meilleur en chanson, que ce soit dans du rap, du r’n’b, de la variété, ou encore de la pop. » Car oui, s’il écrit pour lui-même et rend service aux gamins de sa ville, il lui arrive aussi de noircir les pages d’autres artistes, peu importe leur champ d’action.

Un feat avec IAM et plus encore

Avec un CV pareil et donc, plusieurs cordes à son arc, difficile de ne pas voir le Marseillais viser dans le mille. Et que dire quand, son retour sur le devant de la scène coïncide avec un featuring avec IAM, le fameux Fin des illusions présent sur le dernier album du groupe, Yasuke. Une collaboration qui représente beaucoup pour lui, de quoi en tirer une sacrée fierté même si le plus dur reste à faire. En tout cas, Allen Akino et l’équipe d’Akhenaton auront fait ça au naturel, de quoi surprendre le premier cité : « J’ai rencontré AKH lors d’un concert pour les victimes de la rue d’Aubagne. Il m’a dit qu’il me suivait… Il m’a félicité alors que je ne savais même pas qu’il me connaissait. J’ai reçu un appel deux mois plus tard dans lequel il m’a dit ceci : « on prépare un album et on te veut sur un titre ». J’ai été surpris (rires) ! »

J’ai eu ce que je voulais avec l’approbation de grands comme Soprano et AKH

IAM avec Allen Akino, un cocktail qui met en avant la force de frappe d’une ville de Marseille qui a sur se réinventer, pour aujourd’hui talonner Paris : « Il y a eu une époque du rap marseillais où justement, tout le monde se demandait s’il n’était pas mort. Même Booska-P avait dû faire un article dessus. Moi, j’ai toujours cru en cette ville. Puis quand on sortait dans les petites salles, on voyait le talent qu’il y avait, il ne demandait qu’à être révélé. » Aujourd’hui signé chez Hyper Focal, une structure avec laquelle il a plein de points communs, il peut revendiquer de faire partie du renouveau de la scène locale…

Marquer de son empreinte le game, oui, mais toujours entre chant et rap : « Question reconnaissance dans le rap, j’ai eu ce que je voulais avec l’approbation de grands comme Soprano et AKH. Ils viennent de ma ville et c’est ce qui me touche le plus. Là, ce que je veux, c’est chercher le public, toucher le maximum de personnes, remplir des salles… J’en ai vraiment envie. Maintenant, je peux me permettre de plus me livrer. »

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