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Seth Gueko, un Barlou en Thaïlande [INTERVIEW]

Seth Gueko, un Barlou en Thaïlande [INTERVIEW]

Rencontre avec le rappeur et acteur, actuellement à l’affiche de « Paradise Beach ».

Baroudeur de la première heure, Seth Gueko a toujours pris un certain plaisir à manier les mots, destructurant certains concepts et tordant le cou aux idées reçues. Elément central de sa discographie, la Thaïlande fait partie de lui. Mais aujourd’hui, c’est loin de ses textes qu’il y fait référence… En effet, le Barlou est à l’affiche du film Paradise Beach, signé Xavier Durringer. Un long-métrage survolté qui colle à la peau de notre artiste, entre embrouilles de braqueurs et paysages à couper le souffle. Chez Booska-P, l’heure est donc venue de faire le point sur la relation entre le loubard et son pays d’adoption.

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Tout d’abord, c’est comment de retourner en Thaïlande pour un film ?

La Thaïlande, je connais déjà bien et quand j’arrive sur place avec l’équipe du film, je me sens comme un local. C’est comme tourner un film dans ma cité. Le film a été tourné entre Patong et Phuket, ce sont mes coins. Il y a une rue qui apparaît à l’écran, c’est celle où se trouve mon bar. Il n’y a aucun dépaysement pour moi, contrairement aux autres acteurs. Du coup, j’étais un peu comme le maître des lieux, j’ai aiguillé la bande, dit ce qu’il y avait à faire ou pas. Je me suis occupé des sorties quoi (rires) !

Quand est-ce que commence cette aventure avec ce pays, notamment côté business ?

C’est quand j’ai vu qu’il y avait un bar inspiré d’un film que j’adore, Une nuit en enfer, et dont j’ai tiré mon nom de scène, Seth Gueko. Dans ce film, on suit deux braqueurs qui se posent dans un bar proche de la frontière mexicaine, le Titty Twister. Ce bar à gogo part en couilles à minuit, avec des vampires qui débarquent… J’ai tiré mon nom de là, c’est te dire à quel point j’aime le film ! Donc quand j’ai vu qu’un lieu s’était justement inspiré de la déco du Titty Twister, ça m’a mis la puce à l’oreille. Au-delà de ça, il n’y avait qu’un seul bar de français et j’étais l’attraction, une espèce d’appât. A partir de là, j’ai une idée de bad cowboy qui se développe, à barouder une bière à la main. Je me dis, « et si j’ouvrais un bar ici ?  » C’est un pays dans lequel tu peux t’installer facilement, les gens sont accueillants. Je n’avais pas encore des attaches, je pouvais me permettre de tout plaquer. Tout le monde me demandait de ramener des caméras dans leurs établissements. C’était un bon moyen de se faire de l’argent. Au final, j’ai rencontré un investisseur et on a pu monter un projet ambitieux, le Seth Gueko Bar. C’était dans un coin de ma tête et ça s’est fait comme ça.

C’est Xavier Durringer qui m’a donné envie de partir en Thaïlande, avec ses films Lady Bar 1 et 2

Paradise Beach relie le cinéma à la Thaïlande, c’est comme une manière de boucler la boucle pour toi.

C’est exactement ça, il s’agit de boucler la boucle. Et c’est bien que le chapitre se termine comme cela, tout est lié. Ce sont des films qui m’ont donné envie de partir en Thaïlande, Lady Bar 1 et 2. Au final, c’est le mec qui a produit et réalisé ces long-métrages, Xavier Durringer, qui me contacte pour un rôle… Et enfin, c’est Une nuit en enfer, un autre film, qui m’a donné mon nom et dont je voulais copier le bar. J’aurais pu le nommer Titty Twister, mais c’était plus vendeur de l’appeler Seth Gueko Bar, c’est le repère des barlous (rires) !

A quoi ressemble ta journée type là-bas ?

Je ne me lève pas tard pour profiter de la journée et de mes enfants. J’essaye d’aller me tremper les miches à la mer ou dans une piscine, puis j’ai mon heure et demi de sport à respecter. Tout est rythmé par des repas. Toutes les deux heures, je peux aller manger quelque chose car en Thailande, ce n’est pas reuch’. Je fais le tour de tous les restos avec mes potes, puis je vais voir mon barber car il faut que je me rase tout le temps le crâne… Mais après six ans de nuit, les journées commencent à trop se ressembler. Sur la fin, tu as moins l’enthousiasme des premières années. On peut dire que ça m’a fait du bien de revenir un petit peu en France, avec notamment mon salon de tatouages. Maintenant, on retrouve cette énergie en y retournant seulement pendant certaines périodes.

Est-ce qu’après toutes ces années, on peut dire que tu as été adopté par la Thaïlande ?

Oui, même si étranger tu es, étranger tu resteras. Malgré les efforts d’intégration, le fait d’avoir des enfants métis, d’avoir respecté le peuple et d’avoir donné des emplois… Tu restes un étranger. Mais la Thaïlande est plus ouverte à tout, comme pour les tatouages, ça passe mieux qu’en France. Par exemple, ici les lady boys sont plus acceptés. Rien qu’avec ça, c’est un pays qui prouve une certaine ouverture d’esprit. Ce n’est pas toi qui va choquer les gens avec tes tatouages alors qu’une personne sur deux a le pénis sectionné.

Sur Paradise Beach, j’ai été obligé d’aller chercher des émotions, c’est un autre travail et j’en suis fier

En quelques mots, qu’est-ce qu’on retient du pays ?

Le tiercé gagnant dans l’ordre, c’est paysages, bouffe et femmes. Mais tu vois, tout ça, c’est éphémère. J’ai préféré revenir en France pour la famille alors qu’il n’y fait pas beau et que la nourriture n’est pas la même. Ce qui me manque le plus, ce sont les plats… Donc j’ai ouvert un resto, le petit Phuket, à deux pas du Barlou tattoo Shop. Je n’ai pas ouvert un salon de massage car les filles manquaient… Ce qui m’a plu, ce sont vraiment les saveurs de l’Asie du sud-est.

Tu te considères toujours comme un pionnier du game ?

J’ai été le premier rappeur à faire des clips à Phuket. J’ai aussi été le premier à faire rimer des mots thaïlandais dans le rap français. J’ai essayé de mettre en avant la culture de là-bas, j’étais au coeur du sujet, je rappais le nom des rues, des petits de là-bas… C’était du rap d’expert de la Thaïlande.

Un rôle d’expert qui t’a suivi jusque dans Paradise Beach. Qu’est-ce qui a changé par rapport à Pattaya ?

Dans Pattaya, c’est une apparition éclair, j’ai joué, voire surjoué Seth Gueko. Sur Paradise Beach, l’exercice demandé n’a rien à voir. On ne tire pas le trait sur certaines de mes caractéristiques, j’ai été obligé d’aller chercher des émotions, c’est un autre travail et je suis fier, satisfait.

j’ai envie qu’on me propose un nouveau truc au cinéma, pour me remettre à l’épreuve et essayer de faire mieux

Aujourd’hui, tu t’imagines aller plus loin au cinéma ?

Des fois, ça procure du stress donc je me dis que ce n’est pas bon. Quand tu es embarqué là-dedans, tu as peur de ne pas réussir, d’être un naze à côté des professionnels du métier. C’est un stress que certains peuvent ressentir avant un concert par exemple, c’est très comparable. Là, avant de faire L’Olympia, je n’étais pas stressé, j’étais très tranquille, c’est ce qu’on appelle la maturité. C’était le meilleur concert de ma vie. Pour revenir au cinéma, je viens de comprendre le truc. J’ai vu le film et je me dis que c’est pas mal. Attention, je suis loin d’être un grand acteur, mais j’arrive à capter là où il y a des erreurs. Du coup, j’ai envie qu’on me propose un autre truc, pour me remettre à l’épreuve et essayer de faire mieux. Mais Xavier Durringer a déjà des projets sur le côté, donc j’espère qu’on pourra bientôt me revoir sur grand écran…

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