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Les Princes de la ville, un film de gangsters comme on n’en fait plus

Les Princes de la ville, un film de gangsters comme on n’en fait plus

Il y a 25 ans sortait cette fresque depuis devenue culte mettant en scène sur fond de guerre des gangs et de prison le destin de trois cousins chicanos que la vie va se charger de séparer…

« On est jeunes et ambitieux / Parfois vicieux / Faut qu’tu te dises que / Tu peux être le prince de la ville si tu veux / Où tu veux, quand tu veux (quand tu veux) »

Quand en 1999, le 113 vient retourner le rap français et la musique de France avec leur premier album et le single éponyme qui va avec c’est en faisant référence au film de Taylor Hackford (Ray, L’associé du diable…) sorti six ans plus tôt, Les Princes de la ville.

S’il n’a pas obtenu le retentissement du Scarface de De Palma, le succès du Casino de Scorsese ou l’éloge critique du Parrain de Coppola, le métrage n’en bénéficie pas moins depuis le départ d’une fan base des plus fidèles, et ce malgré un semi-plantage en salles.

Intitulé Blood In Blood Out en version originale (en référence aux rituels des gangs le plus féroces qui exigent qu’un meurtre soit commis pour intégrer leurs rangs et n’acceptent ensuite que la seule mort comme carte de sortie), Les Princes de la ville conte l’histoire de trois cousins originaires des ghettos latino-américains de Los Angeles.

Bien que sincèrement liés, ils sont chacun pourvus de caractères forts différents. Cruz (Jesse Borrego) est ainsi un artiste en devenir qu’un incident tragique fera plonger dans l’enfer de l’héroïne. Paco (Benjamin Bratt) est le plus voyou des trois jusqu’au jour où lui est donné le choix de s’engager dans l’armée ou d’aller en prison, il finira agent de la DEA. Miklo enfin (Damian Chapa) est un jeune métis aux yeux bleus qui rencontre toutes les peines du monde à se faire accepter par ses frères de cœur et qui pour ce faire se deviendra le leader impitoyable de La Onda.

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« Qui suis-je ? »

Tous plus ou moins affiliées au gang local des Vatos Locos, à force de frayer avec l’illégalité ils finissent par emprunter des chemins qui vont les voir se perdre de vue puis se recroiser au fil des presque 180 minutes que dure le film – le scénario s’étale sur les décennies 70 et 80.

Si en surface Les Princes de la ville joue la carte de la hoodploitation à la sauce mexicaine (option spanglish, chemises à carreaux et bandanas), très vite viennent se mêler des thèmes comme ceux de la famille, du machisme, de l’honneur, de la revanche, du pardon, mais aussi et surtout celui de l’identité.

Adolescents au début de l’histoire, Miklo, Paco et Cruz trouvent leur place dans le monde et dans leur communauté en se frottant aux diverses épreuves que la vie met sur leur chemin – East L.A. oblige, il s’agira ici d’une agression en bande ou d’une overdose, là un coup qui tourne mal.

Ainsi, à une première partie ensoleillée aux faux airs d’Il était une fois en Amérique, succède ensuite une intrigue quasi exclusivement axée sur l’univers carcéral qui lorgne avant l’heure sur Oz.

Le personnage de Miklo devient alors le plus important des trois…. ce qui ne va pas sans poser quelques problèmes.

Un classique ? Hum pas sûr…

Outre le fait que Paco et Cruz passent alors un peu à la trappe, délaissant là quelque peu le postulat de départ, force est de constater que Damian Chapa/Miklo n’est clairement pas l’acteur le plus naturel qui soit, son jeu se limitant à deux expressions faciales : l’air ahuri et le regard constipé – en même temps, on parle ici du type qui a joué Ken dans Street Fighter quoi.

C’est d’autant plus paradoxal que sur cette seconde partie se montre particulièrement achalandée en seconds rôles de qualité (Ving Rhames, Danny Trejo, Delroy Lindo…).

Ajoutez à cela certains dialogues vraiment trop caricaturaux (ceux qui ont osé la VF ne s’en sont toujours pas remis), une réalisation un peu trop hachée, ou encore cette conclusion en forme de happy end qui arrive comme un cheveu sur la soupe, et le souffle initial pourtant si prometteur finit par prendre du plomb dans l’aile, sapant là les ambitions d’une œuvre qui s’imaginait volontiers haut de gamme.

Loin d’être donc un chef d’œuvre oublié du gangstérisme, Les Princes de la ville se laisse cependant voir et, même revoir avec grand plaisir.

« Vatos Locos para la vida ! »

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