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L’abécédaire de Steven Seagal : sa vie, son œuvre de A à Z

L’abécédaire de Steven Seagal : sa vie, son œuvre de A à Z

Un monument du septième art vous contemple les loulous…

A comme Aïkido

Dans les années 80, âge d’or du film d’action s’il en est, la mode était, d’un côté, aux barriques bodybuildées à la Stallone ou Schwarzenegger, et de l’autre, aux princes de la tatane à la Chuck Norris et Jean-Claude Van Damme.

Quand le jeune et beau Steven débarque catogan noué derrière la tête en 1988 avec Nico, il ouvre une troisième voie à coup de moulinets et de clefs de bras des plus vicieuses.

Ceinture noire septième dan en aïkido, un art martial encore inconnu du grand public, il se la pète alors comme personne, lui qui peut se vanter d’avoir quelques années auparavant été le premier occidental à avoir dirigé son propre dojo au Japon.

Devant tant d’assurance, très vite beaucoup commencent à se demander ce que vaut vraiment Steven mano a mano, d’autant que des rumeurs moins flatteuses circulent sur son compte (le juge qui lui a attribué sa ceinture noire se serait endormi lors de sa démonstration, il ne devrait la direction de son dojo à son mariage avec la fille d’un maître, le cascadeur Gene LeBelle lui aurait collé une raclée dans les coulisses de Justice Sauvage en 1991…).

Comme toujours avec Steven, s’il n’en faisait pas des caisses ça passerait mieux (mais ce serait moins marrant) : s’il maîtrise clairement son sujet quand il s’agit affronter d’obéissants disciples sur un tatami, le aïkido est néanmoins loin d’être la discipline la plus efficace en bagarre de rue.

Verdict : du temps sa gloire, il ne fallait sûrement pas trop le faire chier dans les soirées cocktails hollywoodiennes.

B comme en slip sur la Banquise

« Mon contact à Washington me dit qu’on n’a pas affaire à un élève mais qu’on a affaire au professeur. Quand l’armée monte une opération qui ne doit pas échouer, c’est à lui qu’ils font appel pour entraîner les troupes, d’accord ? »

« C’est le genre de type qui boirait un bidon d’essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp. Ce mec-là, tu le largues au pôle Nord, sur la banquise avec un slip de bain pour tout vêtement, sans une brosse à dent, et demain après-midi tu le vois débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu’aux oreilles et les poches bourrées de pesos. Ce type là est un professionnel. »

Ça, c’est la tirade lâchée d’une traite le regard vide par R. Lee Ermey dans Terrain Miné – le type en question c’est bien évidemment Steven.

Culte depuis 1993, elle n’en soulève pas moins son lot d’interrogations : arrive-t-il réellement à l’armée de monter des opérations qui doivent échouer ? Uriner de l’essence sur un feu ne risque-t-il pas au contraire de raviver ses flammes ?? Pour quiconque aussi sévèrement burné que Steven, par quel moyen est-il possible de se bourrer le slibard de pesos ???

C comme CIA

Oui, du temps où il vivait au Japon Steven a travaillé pour l’agence gouvernementale la plus réputée des États-Unis. Et pas comme simple subalterne hein, les mecs sont venus le débaucher personnellement.

En tout cas, c’est ce qu’il aimait à répéter à qui voulait l’entendre quand il est arrivé à Hollywood.

« On peut dire que j’ai conseillé différents agents de la CIA en mission et qu’à travers les amis que je me suis fait, j’ai pu rencontrer beaucoup de gens puissants à qui j’ai rendu des services spéciaux. »

Bon en vrai, pas plus que la fois où il a prétendu avoir « combattu les yakuzas », rien de tout cela n’a jamais été confirmé par le moindre témoin ou rapport, l’intéressé se montrant en sus toujours des plus élusifs quand il s’agit de fournir des détails.

Gros mytho le Steven ? Allez, si l’on regarde le verre à moitié plein, il n’est pas impossible que le gouvernement américain soit rentré en contact avec lui à une époque où les occidentaux immergés dans la société nippone se comptaient sur le doigt de la main, et peut-être a-t-il un soir haussé la ton dans une ruelle face à un mec tatoué passablement éméché.

Pour le reste…

D comme Doublure

Svelte et élancé à ses débuts, contrairement à ses congénères de la génération Expendables qui ont tous mis un point d’honneur à conserver leurs physiques d’action heroes, Steven a très vite déserté dojos et salles d’entraînement pour se consacrer sans retenue à sa passion pour l’andouillette farcie.

Résultat, après avoir triplé de volume au milieu des années 2000, à l’écran il n’est plus en mesure de s’affranchir du plus petit effort, tout le travail revenant à son body double.

Et ne croyez pas que parce que notre bibendum du cassage de bras limite sa présence sur les plateaux à une petite semaine max par film que le taf est de tout repos.

Longtemps en charge d’assister Arnold Schwarzenegger, Peter Kent garde un souvenir pour le moins contrasté de sa pige sur quelques épisodes de sa série True Justice en 2011.

« C’était horrible. Pendant ses scènes une assistante tenait en face de lui une pancarte avec ses dialogues écrits dessus pour qu’il n’ait pas à les apprendre. Du coup il ne regardait jamais dans les yeux l’autre acteur à qui il devait donner la réplique. »

« Il était tellement maquillé qu’il ressemblait à un Jamaïcain. »

« Il était à ce point détesté par le reste de l’équipe pour son égo et sa suffisance qu’ils lui ont fait croire que pour lui rendre service qu’ils s’étaient débrouillés pour tourner toutes ses scènes en trois heures, alors qu’en fait tout ce qu’ils voulaient, c’était se débarrasser de lui au plus vite. »

Pire, Steven a parfois tellement la flemme d’articuler son texte que sa voix doit être doublée en postproduction !

E comme Erika Eleniak

Son nom et prénom ne vous évoquent peut-être rien de prime abord, mais si vous avez regardé Piège en haute mer jeune adolescent vous vous rappelez forcément d’elle.

Playmate à la ville comme à la scène, elle y interprétait la divine Miss Juillet.

Cheveux courts, veste d’officier, lingerie fine et ogives à vous faire renier père et mère, elle était celle qui sortait d’un gâteau d’anniversaire pour gratifier le monde de l’un des derniers grands plans nichons du septième art.

F comme Family Guy

Pas nécessairement porté sur le second degré, si Steven s’est retrouvé parodié dans Family Guy et South Park pour son écologisme à la mords-moi le nœud, il n’est toutefois jamais aussi drôle que lorsqu’il joue son meilleur rôle, celui de baudruche mégalomane et prétentieuse.

Quand il est lui-même quoi.

G comme Guitare

Au milieu des années 2000, Steven se pique d’une nouvelle lubie : il enregistre coup sur coup deux disques de blues où il chantonne et taquine de la gratte, Songs From The Crystal Cave en 2004 et Mojo Priest en 2006.

Si en toute franchise le résultat n’est pas dégueu, le storytelling nouveau qui accompagne cette reconversion est lui des plus suspects.

Extrait : « J’ai grandi à Detroit où le blues était roi. Je n’ai pas appris cette musique à l’école, ce sont les mecs qui en jouaient sous les porches qui me l’ont apprise. Ils venaient du Mississippi, de la Louisiane, du Texas et ils m’apprenaient. »

Le truc, c’est que vérification faite, si Steven a effectivement vécu à Détroit avec sa famille (lui qui a pourtant prétendu pendant des années avoir été élevé à Brooklyn en plein milieu de la communauté italo-américaine), il a déménagé l’âge en Californie l’âge de 5 ans

Mais ne soyons pas mauvaises langues : que des vieux briscards aient pris le temps d’enseigner leur art à un mouflet chez qui ils ont décelé une âme de blues man, ça se tient non ?

H comme Harcèlement

Dans ses films, plus ça va, plus les actrices qui tombent dans les bras de Steven sont jeunes (pour ne pas dire très, très jeunes). À l’inverse, dans la vraie vie, plus ça va, plus s’accumulent à son égard les accusations d’agressions sexuelles.

Avant même la déferlante #MeToo, c’était Jenny McCarthy qui racontait avoir quitté un casting après qu’il lui ait demandé d’enlever ses vêtements. C’était Katherine Heigl qui confiait qu’à la fin du tournage de Piège à grande vitesse Seagal l’a draguée en se vantant d’avoir des girlfriends de son âge… elle qui venait de fêter ses 16 ans. C’’était son assistante Kayden Nguyen, une ex-mannequin de 23 ans, qui en 2010 a rapportait que « monsieur Seagal avait toujours sous la main deux jeunes assistantes russes chargées d’assouvir ses pulsions sexuelles 24h/24 et 7j/7 ».

Dernièrement, c’est Portia de Rossi (la meuf de la présentatrice télé Ellen DeGeneres) qui a tweeté qu’en 2107 il avait « ouvert sa braguette de son pantalon en cuir devant elle », ou c’est encore Julianna Margulies qui s’est souvenue d’une audition où elle a dû « hurler pour lui échapper » alors qu’il portait une arme sur lui.

Officiellement, Steven Seagal n’a cependant jamais été condamné pour quoi que ce soit. D’ailleurs pas gêné pour un sou, il continue dans ses films de cantonner chaque rôle féminin au strict rang de potiches en détresse.

I comme Immortel

Demi-dieu parmi les hommes, Steven est tellement au-dessus que dans ses films il ne peut souffrir de la moindre égratignure, ni même de prendre le moindre coup, qu’importe si le suspense doit faire les frais de son égo.

Dans ce contexte, sa mort surprise dans Ultime décision en 1996 après 40 petites minutes de film constitue aisément l’un des plus grands twists de toute l’histoire du septième art.

Bon attention, jusqu’au bout Steven ne s’est pas laissé faire : la rumeur veut qu’une fois qu’il se soit pointé sur le plateau, il ait refusé de tourner la scène au prétexte qu’après mûre réflexion il considérait que ses fans n’accepteraient jamais une telle invraisemblance.

Il aurait alors fallu toute l’abnégation des avocats de la production pour le convaincre de se tenir à ses engagements.

J comme Jaquette

Phénomène des plus curieux : plus Steven apparaît rougeaud et pachydermique dans ses films (voire plus il n’apparaît que dans le clair-obscur du coin de pièce pour cacher son triple menton), plus il apparaît jeune et raffermi sur les jaquettes des DVD – comme ci-dessus dans Traque sans merci en 2008, où, à 58 ans il semble en avoir 25.

Que le stagiaire photoshoppeur responsable de ce rendu digne d’une démo de jeu PlayStation 2 se dénonce.

K comme Kéké

Peu importe le titre du film dans lequel il joue (très souvent il y a les mots « piège », « justice » ou « menace » dedans) Steven y interprète inlassablement le même personnage : un ancien crack d’une obscure unité d’élite, spécialiste en tout (maniement d’armes, explosifs, techniques de sioux…) qui s’en va défaire à lui tout seul, et au mépris de sa hiérarchie, une magouille aux ramifications internationales.

Précédé par sa (très) flatteuse réputation, ses collègues passent l’entièreté de l’intrigue à le flatter tel un monarque, tandis que les méchants le craignent et que les femmes se pâment.

Modeste, il n’en fait pourtant pas des caisses.

L comme Law Man

Steven le tueur de poulets.

Shérif adjoint réserviste de la ville de Jefferson Parish, une banlieue de la Nouvelle-Orléans (oui parce que pendant 20 ans il faisait ça en scred…. depuis ce jour où il a été recruté pour former les troupes au combat… blablabla…. décidément quelle vie incroyable), de 2009 à 2014 Steven a accepté d’être suivi sur le terrain par les caméras de l’émission de téléréalité Law Man.

C’est ainsi que lors d’un raid de triste mémoire, au volant d’un tank du SWAT, il s’est illustré en défonçant la propriété d’un présumé éleveur de coqs de combats.

Bilan : une centaine de bestioles écrasées, plus le chien du maître des lieux qui passait par là.

Grand défenseur de la cause animale en public, Steven n’a évidement pipé mot d’une telle débâcle dans la presse (voir ce reportage d’une chaîne locale LÉGÈREMENT élogieux à son égard).

M comme Mafia

Le truc qui revient quand même très régulièrement avec Steven, c’est que lorsqu’il raconte une histoire, il y est somptueux, mais lorsque d’autres témoins sont présents, c’est déjà moins ça.

Quand par exemple, en 2002, son ancien associé Julius Nasso lui a réclamé par voie de justice 60 millions de dollars pour rupture de contrat, l’acteur a immédiatement porté plainte en retour au motif que, depuis leur séparation, il s’est mis de mèche avec la famille Gambino pour le racketter.

Deux ans plus tard, Nasso est condamné à un an de prison ferme et 75 000 dollars d’amende, tandis qu’il abandonne toute velléité de poursuite.

Steven 1 – Mafia 0 ? Pas exactement si l’on en croit Sammy ‘The Bull’ Gravano, un ancien consigliere de John Gotti

Selon lui, Steven n’en aurait pas mené large quand il a été sommé de cracher des billets (« personne ne l’a vu exécuter l’une de ses prises de karaté à la noix »), et encore moins durant ses auditions avec le FBI où « il pleurait tellement fort que les agents ont dû le prendre dans leurs bras ».

N comme Nico

Son tout premier film. Sorti en 1988, sans lui rien n’aurait été possible.

Steven doit ici tout ou presque à Michael Ovitz, l’agent faiseur de stars (Tom Cruise, Steven Spileberg…). Considéré à l’époque comme l’un des hommes les plus puissants d’Hollywood, ce dernier a usé de toute son influence pour le propulser directement en haut de l’affiche bien qu’il n’ait jamais joué de sa vie la comédie.

Ceinture noire de karaté, Ovitz aurait selon la légende engagé Steven comme entraîneur personnel avant de très vite réaliser qu’il avait face à lui un futur grand.

Un peu trop Cendrillon pour être vraie, cette fable est concurrencée par une seconde version tout aussi crédible qui voudrait qu’Ovitz aurait parié avec un autre agent qu’il pouvait « rendre n’importe qui célèbre », avant de jeter son dévolu sur le type le moins charismatique qu’il connaisse et lui refiler un script refusé avant lui par tous les gros bras du box-office.

On y croit ?

O comme Oscar

Très probablement boosté par les deux nominations obtenues par Piège en haute mer pour ses effets sonores, en 1994 Steven s’imagine à voix haute de décrocher la statuette du meilleur film avec Terrain Miné, sa toute première réalisation.

Bien décidé à convaincre les plus sceptiques qu’un film d’action puisse accomplir une telle prouesse, il tartine le scénario d’un max de scène à visées spirituelles (genre trip chamanique ou tabasser un type dans un bar pour lui apprendre à respecter les Indiens), non sans conclure les débats avec un monologue de quatre minutes (!) sur le péril écologique.

Toutes ces bonnes intentions aboutissent malheureusement à l’effet inverse : non seulement Terrain Miné est une bousasse, mais c’est en plus une bousasse prétentieuse.

Vexé, Steven se venge sur la tartiflette enterre alors à jamais toutes velléités artistiques.

P comme Poutine

Cela fait maintenant une petite dizaine d’années que Steven et Vladmir vivent à ciel ouvert une bromance des plus passionnées.

En 2016, l’acteur s’est même vu accorder la nationalité russe au cours d’une cérémonie où l’ancien chef du KGB lui a remis en main propre son passeport. Mieux, il a dans la foulée été nommé « émissaire du ministère russe des Affaires étrangères, chargé des liens humanitaires avec les États-Unis » afin d’améliorer les relations entre les deux pays.

De la petite bière pour Steven qui, magnanime, a accepté la mission pour « rendre service ».

Jamais le dernier quand il s’agit de tapiner pour un pouvoir fort, il s’est également illustré auprès de nombreux autocrates de la région tel que le sanguinolent gouverneur de Tchétchénie Ramzan Kadyrov qui en 2011 l’a convié contre rémunération à son anniversaire (Hilary Swank et Jean-Claude Van Damme également présents ce soir-là se sont depuis excusés, pas Steven), Ilham Aliyev qui règne depuis 2003 sur l’Azerbaïdjan après avoir succédé à son père sans aucune élection, ou encore le président biélorusse Alexander Lukashenko, alias « le dernier dictateur d’Europe », qui lui a fait manger une carotte devant les caméras (si, si).

Q comme Question qui tue

Voilà donc près d’une soixantaine de films que Steven se fait attaquer seul contre tous et qu’inlassablement il démonte un à un ses assaillants en leur pétant les bras (et en les frappant aussi souvent qu’il le peut dans les parties).

Quelle mouche pique donc le premier type balayé au sol de systématiquement se relever après que ses potes aient tous dégusté sévère, non pas pour pendre ses jambes à son coup, mais pour avertir plein de morgue Steven que cette fois il va lui péter la mouille ?

R comme Running

Clairement, l’un des rares trucs que Steven ne sait pas faire.

À mille lieux d’un Tom Cruise qui court à la perfection (regard fixe/bras en équerres/foulée parfaitement synchronisée), dans sa période pré-mammouth (aujourd’hui c’est tout juste s’il daigne se lever de sa chaise) Steven intriguait par sa façon bien à lui de se lancer à la poursuite des méchants : milieu du corps parfaitement rigide, tibias désarticulés, et surtout bras qui partent dans tous les sens comme des spaghettis.

Moqué de part et d’autre du net pour « courir comme Phoebe dans Friends », soulignons à sa décharge que malgré ce manque d’académisme personne ne lui a jamais échappé.

S comme Sex Symbol

Au début des années 90, Steven a beau être riche à millions, adulé aux quatre coins de la planète, il en a gros sur la patate.

Fatigué que l’on s’obstine à ne voir en lui uniquement la magnifique superstar du film d’action qu’il est, tel un DJ Khaled souffrant de son succès, il se laisse aller à cette confidence : « J’espère un jour être reconnu comme un acteur et un auteur digne de ce nom plutôt que comme un sex symbol. »

T comme Tibet

En dépit de la violence de sa filmographie ou de son partenariat passé avec un fabricant russe d’armes à feu, Steven est un bouddhiste convaincu. Et même un peu plus que ça.

Non content d’avoir été sacré « tulku » (réincarnation d’un Lama tibétain) par le grand maître Penor Rinpoché et de ce fait de répondre désormais au doux nom de Terton Rinpoche (« Joyau Précieux » en tibétain), non content de donner des séminaires facturés 700 dollars où à chaque intervention il met un point d’honneur d’arriver avec une heure de retard et de partir une heure en avance, tenez-vous bien, Steven œuvre en secret pour le Tibet libre !

Loin d’être récente, son implication remonterait à l’époque où il vivait au Japon (et tant pis si sa conversation ne date que de bien des années après).

« Dans un monastère de Kyoto, j’ai rencontré des moines tibétains qui avaient été torturés par le pouvoir chinois. Comme j’étais le seul à avoir étudié la phytothérapie, la manipulation des os et l’acupuncture, je me suis occupé d’eux. La connexion a été immédiate. »

Évidemment, comme avec ses rocambolesques histoires de CIA, tout ceci demeure absolument invérifiable.

U comme UFC

Reconverti un temps en monsieur Miyagi des arts martiaux mixtes, Steven s’est acoquiné avec Anderson Silva et Lyoto Machida à qui il a dispensé sa science, lui qui a « combattu toute sa vie » (confondant là très certainement exhibition d’aïkido et sparring, mais là n’est pas la question).

Résultat, quand en 2014 Silva met KO Vitor Belfort d’un front kick, ‘Sensei Seagal’ s’en attribue tout le mérite, n’hésitant pas au passage à s’introniser inventeur de ce move pourtant enseigné à tous les débutants dès leurs premières leçons…

« Ce coup de pied est une technique qui je pensais allait être efficace contre Belfort. C’est une technique sur laquelle j’ai travaillé une trentaine d’années, j’ai travaillé très dur avec Anderson pour la parfaire. »

V comme Van Damne

Entre Jean-Claude et Steven, l’ambiance n’a jamais été à l’entente cordiale.

La faute en revient principalement à Steven qui dès qu’il pouvait lui envoyer une pique ne s’en privait pas (« Il ment sur ses titres… Il n’est ni un dur, ni un artiste martial… »). Joie du karma, nos deux alphas ont fini par se croiser à une sauterie donnée par Sylvester Stallone.

Ce qui s’est passé ? La parole est à Sly.

« C’était en 96 ou 97 dans ma maison de Miami. Van Damme et Seagal étaient là. Il y avait aussi Willis, Schwarzenegger, Shaquille O Neal, Don Johnson, Madonna… c’était une sacrée bringue. À un moment, Van Damme en a eu marre d’entendre Seagal se vanter de pouvoir le battre. Il est allé le voir et lui dit que s’il était si balèze il pouvait lui mettre une branlée là tout de suite. Seagal a alors trouvé un prétexte pour quitter les lieux. Van Damme, qui était hors de lui, l’a poursuivi pour en découdre, mais encore une fois Seagal a joué au magicien. »

W comme The Way of the Shadow Wolves

Acteur, réalisateur, grand maître, musicien, agent de la loi, philanthrope, conscience du monde… Steven est aussi auteur.

En 2016, il a publié son tout premier roman intitulé Le Chemin de l’ombre des loups, une sorte d’adaptation de l’un de ses films avec lui-même dans le rôle principal, qui le voit se frotter aux narcotrafiquants mexicains, aux djihadistes et à l’état profond, tous alliés dans l’ombre pour abattre l’Amérique éternelle.

Pitché comme ça c’est déjà assez dingue, sur le papier ça l’est encore plus.

Allégorie à peine voilée des années Barack Obama (ou plutôt des années Barack Hussein Obama), cette « histoire d’un petit groupe de patriotes se battant pour la bonne cause » dixit le quatrième de couverture ambitionne en effet d’avertir le grand public des dangers qui pèsent sur lui.

Ou pour citer la préface rédigée par le shérif Joe Arpaio (celui-là même avec il faisait équipe dans Law Man) : « J’espère que vous méditerez sur le message transmis, la réalité n’est ici exagérée que d’un cheveu. »

Si vous avez trois euros qui traînent dans votre poche (son prix en solde), jetez-vous dessus, qu’importe les critiques littéraires des médias menteurs qui ont osé qualifier le style d’écriture de Steven « d’aussi inepte qu’adorablement incompétent ».

X comme DMX

Le crossover que l’on n’avait pas vu venir.

En perte de vitesse au début des années 2000, Steven retrouve son mojo avec le succès surprise de Hors Limite où il fait équipe avec un Dark Monsieur X encore en forme.

Sentant qu’il a une carte à jouer auprès du public rap des vidéo clubs, malgré le fait que le Ruff Ryder ne se prive pas de le traiter de « trou d’uc’ » et de « propriétaire d’esclaves » dès qu’un micro lui est tendu, Steven s’empresse de remettre le couvert.

Cela donne Explosion imminente au côté de Nas, Mission Alcatraz en duo avec Ja Rule où pour se fondre dans le décor il n’hésite pas à porter le durag, puis Today You Die avec Treach du groupe Naughty By Nature qui, bluffé par son jeu d’acteur, lui fait remarquer qu’il « marche comme un noir ».

Al Pacino et Daniel Day Lewis ne se sont toujours par remis de cette performance.

Y comme Yannick Dahan

Personne en France ne parle mieux de Steven que lui.

Animateur de l’émission de télé Opération Frisson diffusée de 2003 à 2019 sur CinéCinéma Frisson, il s’est astreint à chroniquer avec exaltation les pires cagades de notre baderne laquée.

Attack Force, Mercenary, Kiling Point, The Perfect Weapon, L’Affaire CIA là où même les fans les plus désœuvrés du « proctologue en chef de la série Z racoleuse tournée sous Lexomil » ont fini par se résigner à ne plus perdre 1h30 de leur temps devant tant de paresse et d’aboulie, gloire doit lui être rendue d’avoir su résister aux sirènes de la bien-pensance cinématographique avec ses pastilles vidéos fleurant bon l’accent du sud-ouest et l’hétérosexualité de troisième mi-temps.

Un brave.

Z comme Razzie Awards

Partisan d’une définition bien à lui de l’acting, Steven prône un jeu tout en subtilité qu’il base sur sa science des arts martiaux : là où ses confrères acteurs tentent d’exprimer des émotions, il privilégie « l’intériorisation mentale ».

Malheureusement, tout mortel n’est pas en mesure de saisir tant de nuances dans un seul corps.

Esprits particulièrement chagrins, les membres du jury des Razzie Awards (la cérémonie qui récompense le meilleur du pire du cinéma américain) se sont ainsi fourvoyés en le nommant à pas moins de cinq reprises dans la catégorie pire acteur.

En voilà qui mériteraient de finir les bras dans le plâtre.

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