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Ces mauvais films d’action que tout le monde adore ! [DOSSIER]

Ces mauvais films d’action que tout le monde adore ! [DOSSIER]

Place aux nanars à gros bras…

Le cinéma, le vrai, c’est pas des films d’intello subventionnés où des CSP+ se demandent l’air grave une heure trente durant pourquoi les biscuits mous deviennent durs et les biscuits durs deviennent mous. Non le cinéma, le vrai, c’est des mecs (des vrais) qui quand ils ne poussent à la salle règlent leurs différents en collant des bourre-pifs et finissent toujours par trouver un prétexte pour tout faire sauter sur leur passage.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si malgré ses gros défauts ce cinéma-là s’apprécie à tous les âges et à tous les degrés comme l’illustre la petite sélection qui suit.

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Rocky 4

Après trois volets qui l’ont clairement établi comme le meilleur boxeur du monde capitaliste, le plus prolo des héros se retrouve bombardé ambassadeur de l’American Way of Life par un Sylvester Stallone désireux d’en découdre avec les suppôts de Karl Marx.

C’est ainsi qu’à la suite d’une première demi-heure partagée entre des placements de produits pour Lamborghini et Hugo Boss, un robot qui parle et un James Brown qui danse, les quatre lignes de scénario torchées entre deux Rambo prennent pour prétexte la mort du roi Apollo Creed pour embarquer Rocko et ses frères direction Moscou façon Tintin au pays des Soviets.

L’impérialisme républicain ne s’encombrant sur grand écran d’aucune forme de réalisme, le pauvre Ivan Drago a beau ne pas démériter en homo sovieticus sans âme, il ne fait guère le poids face au pouvoir de séquences d’entraînement tournées dans le seul but d’écouler un maximum de bandes originales.

Et qu’importe si les amis de la nuance ont depuis longtemps déserté les rangs quand retentit le gong final, cela n’empêche absolument pas Sly de s’octroyer une énième fois le beau rôle en s’autorisant à sermonner un petit peuple de Russie ébahi devant son aura de prophète (et son bronzage intégral en plein mois de décembre).

Qui a dit que le noble art, la géopolitique et les randonnées en montagne n’étaient jamais si bien allés ensemble ?

Commando

Vous vous souvenez du Arnold Schwarzenegger des années 80 ? Celui qui bien avant la politique et le second degré descendait tout juste coupe sous le bras des podiums de compétitions de bodybuilding ? Celui qui encore sous stéroïdes récitait face caméra son texte en simili autrichien ?

Et bien cet Arnold Schwarzenegger là a tourné le métrage le plus testostéroné de l’histoire du septième art, Commando.

Passablement irrité que Bennett, un ancien poto à lui fan des Queens, ait capturé sa fille afin de fomenter un putsch dans un vague pays d’Amérique du Sud, John Matrix, un type qui conduit sa voiture sans freins à travers la forêt et « mange des Bérets Verts au petit déj’ », fait tout d’abord semblant de jouer le jeu (il est malin), avant de virer sa cuti.

Armé comme un personnage de jeu vidéo, il dégomme alors 95% du casting à coup d’explosions de maquettes et de zigouillages de mannequins en mousse, non sans balancer quotes sur quotes.

Clou du spectacle, lors du final il s’en va affronter Bennett torse nu dans une cave aux faux airs de backroom dans ce qui reste un sommet de bicuriosité – car oui à trop se complaire dans l’hyper masculinité, Commando flirte allègrement avec le crypto gay.

Pas à ce genre de détail près, dans les dernières images Matrix se barre en avion on ne sait où, sans rendre le moindre compte à qui que ce soit et sans même vérifier le plein.

Terrain Miné

Succès surprise au box-office en 1992, Piège en haute mer vaut à Steven Seagal de décrocher carte blanche pour son prochain projet.

Cela tombe très bien car le surnommé « Saumon Agile » ne manque ni d’idées ni d’ambitions, lui qui en vrac souhaite s’imposer comme un réalisateur digne de ce nom, convertir les masses à l’écologie ou encore devenir le premier homme sur terre à remporter un Oscar avec un film d’action.

Sauf que bon, à l’exception de l’intéressé dont l’égo faisait déjà à l’époque de l’ombre au soleil, très rares sont ceux qui ont su déceler la patte d’un grand. Plus nombreux en revanche sont ceux qui se sont bidonnés du début à la fin devant les pérégrinations de Forrest Taft, ce ranger en veste à franges, « admiré des femmes et craint de ses amis », capable de se remplir le slip de pesos quand l’envie lui prend (si, si).

Oui parce que si personne ne doute des bonnes intentions de Steven-le-magnifique, difficile de ne pas se montrer circonspect quand sous couvert de sauver les esquimaux il est vu tabasser un ours à mains nues, se serrer l’autochtone du coin sous un tipi, puis carrément faire péter une raffinerie en plein milieu de la banquise.

Notez toutefois que notre Mamy Nova du cassage de bras n’officiant ces deux dernières décennies qu’exclusivement dans des bouses tournées dans des pays low cost, Terrain Miné demeure à ce jour le pic de sa filmographie

Sidekicks

Sentant la vague des actionners ras du bulbe sur laquelle il surfe depuis une quinzaine de piges prendre du plomb dans l’aile, à l’orée des nineties Chuck Norris décide de dégainer la carte méta.

Enfin ça c’est sur le papier.

Entiché de son éternel tâcheron de frangin Aaron derrière l’objectif, il se met en scène dans Sidekicks, l’histoire de Barry un adolescent mal dans sa peau (au lycée tout le monde l’appelle « Barry-Kiki ») qui passe ses journées à rêver… de Chuck Norris – comment ça Last Action Hero a tout pompé ?

Ensemble ils vont réinterpréter « ses plus grands rôles » (Portés Disparus, Delta Force, Walker Texas Ranger*bruits de toux au fond de la salle*), avant de s’en aller remporter un tournoi d’arts martiaux.

Partisan d’une définition très personnelle de l’ironie, au lieu de parodier le personnage public gentiment ringard qu’il est devenu ou de moquer en surface le patriotisme quelque peu exacerbé de ses anciens opus, Chuck de Nazareth préfère se caresser le melon une heure trente durant, qu’il s’agisse de se faire flatter sans retenue par son prochain ou de dispenser de judicieux conseils de vie dans à peu près tous les domaines.

Cerise sur le gâteau : c’est sans la moindre once de modestie qu’il offre en conclusion « une petite leçon d’humilité » au grand méchant Joe Piscopo (inoubliable en VF)

Et non, tout ceci n’est pas à prendre au 15 789ème degré.

R.E.P. Jonathan Brandis.

Passager 57

Rappelez-vous, c’était au bon vieux temps de l’Amérique pré-11 septembre, quand pullulaient les films d’action dans les avions (58 minutes pour vivre, Ultime Décision, Les Ailes de l’enfer…).

Parmi eux, il en était un différent des autres où l’on voyait « un homme noir tirer sur des blancs pour le bien de la société » dixit Wesley Snipes.

En route pour la A-list, ce dernier y interprétait dans la plus pure tradition du genre, John Cutter, un personnage qui se confond avec un concours de clichés (un ancien kéké d’une obscure unité d’élite, traumatisé par la mort de sa femme, qui s’entend comme chien et chat avec l’hôtesse, avant de la pécho…), à ceci près qu’il lisait Sun Tzu, plongeait la tête d’un terroriste dans la cuvette des chiottes et balançait la punchline de la décennie avec son cultissime « Always bet on black ».

Malheureusement pour lui la médiocrité n’étant pas l’apanage des caucasiens, entre un budget EasyJet et une réalisation de téléfilm, malgré toute sa bonne volonté Passager 57 ne volait pas très haut.

Street Fighter, l’ultime combat

Auréolé de la réputation de pire adaptation de jeu vidéo de tous les temps (ce qui n’est pas rien lorsque l’on parle d’un sous-sous-genre qui compte dans ses rangs Super Mario Bros. et Mortal Kombat), Street Fighter mérite cependant des circonstances atténuantes.

Non pas qu’à la revoyure il y ait quoi ce soit à sauver, mais d’une part parce qu’en 2009 le sinistre La Légende de Chun-Li a réussi à faire plus pire et plus chiant (dommage que personne ne l’ait vu), et de l’autre parce que rares sont les films contre qui l’Univers s’est ligué à ce point.

Rumeurs de coup d’état en Thaïlande qui ont flingué les conditions de tournage, scénario « à la James Bond » remanié chaque semaine par les producteurs pour inclure toujours plus de personnages, Raul Julia/Bison en phase terminale pour cause de cancer, acteurs préparés à la dernière minute aux scènes de baston, Jean Claude Van Damme au summum de son addiction à la cocaïne (10 grammes de conso par jour, 10 000 dollos de budget par semaine)…

Le bon côté de la chose, c’est qu’à l’écran se dégage une forme d’humour totalement involontaire qui donne toute sa saveur au métrage Cf. le célèbre monologue du plus belge des colonels de l’US Air Force qui peu de temps après avoir conclu une allocution télé d’un bras d’honneur envoie cette fois carrément balader sa hiérarchie pour envahir une île tout ça parce qu’il a envie de tatanner du dictateur.

PS : si vous cherchez la meilleure adaptation de Street Fighter, ne cherchez plus – idem pour ce qui est de la meilleure parodie.

Point Break

Quand Donnie Brasco rencontre Fast & Furious.

Frappé par un éclair de génie, la police californienne décide d’infiltrer la communauté de surfeurs du coin, persuadée que se cache en son sein un gang de braqueurs de banque grimés en présidents des États-Unis (hein ?!).

C’est ainsi que le très brun Johnny Utah (qui bien que sous couverture conserve son nom à l’état civil) s’acoquine au très peroxydé Bodhi qui entre deux tubes séduit les foules avec un charabia écolo-anarchiste sur les dangers de « la société » et la nécessité de « se perdre pour se retrouver ».

Chemin faisant, Johnny couche aussi avec une brune aux cheveux courts, s’embrouille avec le chanteur des Red Hot Chili Peppers, puis se retrouve à faire de la chute libre.

Les plus rabats joie auront beau relever que rien n’a de sens dans l’intrigue, l’essentiel n’est pas là : Point Break c’est une affaire de vibes (et d’après-shampoing).

La preuve, tout le monde se fout royalement du non-jeu de Keanu Reeves ou du fait que nos amis les kiffeurs passent leurs nuits sur les plages éclairés par les phares de leurs voitures sans jamais devoir changer de batterie.

Bad Boys

Entre le producteur Jerry ‘Boom-boom’ Bruckheimer et le réalisateur Michael ‘Bang-bang’ Bay ce fut dès le départ comme une évidence.

Apôtres d’un cinéma réduit au rang de produit de consommation, pour cette première collaboration (suivront entre autre The Rock et Armageddon) ils ne s’embarrassent d’aucune forme d’originalité en réécrivant de la manière la plus paresseuse qui soit quinze ans de buddy movies, le tout entrecoupé d’explosions (des tonnes d’explosions) et de vannes de haut niveau (frites qui tombent sous le siège de la voiture, quiproquo gay, caca de chien sur le tapis…).

Parfaitement dans leur élément, Martin et le Fresh Prince Martin Lawrence et Will Smith s’en donnent à cœur joie en flics incompétents, plus intéressés par exhiber leurs flingues plutôt que de respecter la moindre procédure judiciaire.

Bref, c’est aussi racoleur et que c’est débile, mais ça va tellement vite que ce n’est jamais ennuyant.

Le Miami des années 90, l’ambiance feel good, Tea Leoni, Shy Guy en musique de fond… entre nous il faut être d’une mauvaise foi carabinée pour détester Bad Boys et ne pas se laisse tenter à l’occasion d’y rejeter un œil.

[Zéro indulgence en revanche pour l’étouffe catholique Bad Boys 2]

Batman & Robin

Ce qu’il y a de bien avec la douzaine de Batman portés au cinéma, c’est que chaque spectateur peut y trouver son compte.

Toujours est-il qu’aux délires sombres et schizophrènes des esthètes Christopher Nolan et Tim Burton, on est en droit de préférer le temps d’une soirée de se ramollir la cervelle devant le baroque du regretté Joel Schumacher.

Déjà responsable deux ans plus tôt du très suspect Batman Forever, avec Batman & Robin il pousse cette fois le bouchon du n’importe quoi tellement loin qu’il en redéfinit les canons du nanar à gros budget.

Catastrophique de A à Z, le film réussit néanmoins à tenir la route pour peu que l’on daigne le regarder pour ce qu’il est : une œuvre qui ne s’interdit aucune outrance – que ce soit cadrer en gros plan le paquet de George Clooney, saborder avec délectation la carrière de Chris O’Donnell, affubler Bane d’un masque BDSM ou filer 30 millions de billets à Schwarzy pour faire des blagues de CM2.

D’ailleurs parmi l’immensité des panouilles sorties dans les salles obscures depuis un quart de siècle, combien d’entre elles ont atteint ce niveau de culte ? Combien d’entre elles ont marqué les esprits au point d’alimenter les conversations jusqu’à aujourd’hui encore ?

Batman & Robin c’est génial parce que c’est nul. Et s’eut été mieux que s’aurait été franchement nul.

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