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« Breaking Bad » : les 5 leçons business de Walter White [DOSSIER]

« Breaking Bad » : les 5 leçons business de Walter White [DOSSIER]

Il n’y a pas qu’à l’école que le plus barré des profs peut vous apprendre des trucs…

Walter Hartwell White Sr., ou l’histoire d’un type qui n’a pas de carte vitale l’histoire d’un type qui a passé les cinquante premières années de sa vie à se faire écraser par le quotidien, et qui lorsqu’il découvre que ses jours sont comptés décide enfin de prendre le taureau par les cornes pour trouver sa place dans ce bas monde.

Chemin faisant il met au point la métamphétamine la plus pure d’Amérique, manipule et ment absolument à tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route, et n’hésite pas le cas échéant à tuer de sang-froid.

Incarnation d’un capitalisme sans limite et sans morale, son parcours n’est certes pas le plus exemplaire qui soit (ne serait que parce que consommer, produire, vendre ou distribuer de la drogue « c’est mal »), mais il n’est pas moins riche en enseignements.

Enseignements que vous voici détaillés en cinq points.

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1. Il n’est jamais trop tard pour changer de carrière

Professeur surqualifié œuvrant dans un lycée lambda, pour subvenir à peu près aux besoins de son foyer Walter White se farcit en sus des heures sup’ comme caissier dans un car wash.

Et pour ne rien gâcher à ce tableau idyllique, il ressasse à l’infini son erreur d’avoir revendu il y a plusieurs années pour une bouchée de pain les parts d’une firme scientifique détenue par deux amis de jeunesse devenus entretemps multimillionnaires.

Résultat, quand s’ajoutent à cela la nouvelle de son cancer des poumons couplée à celle de la naissance surprise d’une petite fille, la situation devient tout bonnement intenable.

Sauf que Walter a un joker : sa passion pour la chimie.

Un peu comme ses matchs de foot ou de basket où il faut attendre les dernières minutes pour que l’action prenne, il se lance alors à corps perdu dans un champ d’activité qui, au-delà de l’argent, l’anime au plus profond de sa personne.

De là, il lui est donc beaucoup plus facile de concilier cette charge de travail nouvelle – à l’instant T il est d’ailleurs très probable qu’il n’ait pas regretté mille fois de ne pas avoir investi ce créneau plus tôt.

Mieux, une fois sa connaissance du marché au niveau, il n’hésite pas à réévaluer considérablement ses ambitions en allant déloger le boss de fin de niveau.

Pas mal pour un type considéré jusqu’à par ses proches comme amorphe et sans avenir.

2. La qualité du produit avant tout

99,1% de pureté.

Parce qu’aucune idée n’est originale, parce qu’aucune campagne de publicité ne se substitue à son objet, parce qu’il s’agit d’être « bon au point que personne ne puisse vous ignorer », pour Walter White tout tient dans ce chiffre.

Et tant pis si dès l’épisode pilote Jessie lui fait remarquer qu’avec un degré moindre sa métamphétamine s’écoulerait tout aussi bien dans les rues, être numéro deux sur le marché n’est pas une option – comme Steve Jobs et Puff Daddy, l’expression « good enough » n’a pas lieu de cité devant lui.

Pour ce faire, Walt concentre ainsi toute son énergie et toutes ses ressources sur ce qu’il sait faire le mieux (la cuisine) et délègue le reste (la vente et la distribution).

Bien lui en prend, puisque très rapidement il rafle non seulement un maximum de parts de marché, mais l’excellence de son produit est telle qu’elle entraîne un accroissement de ce même marché !

En position de monopole sur le créneau premium, son savoir-faire est d’ailleurs ce qui lui sauve la vie à maintes reprises face à des employeurs qui l’auraient depuis longtemps fait passer à trépas s’ils avaient pu se passer de lui.

3. De l’importance du packaging

Un produit de qualité ne suffit cependant pas pour bâtir une marque digne de ce nom : l’apparence et le storytelling jouent également à bloc.

Reconnaissables du premier coup d’œil à leurs reflets bleutés, les cristaux de Walter héritent très rapidement d’un surnom bien à eux dans les bas-fonds d’Albuquerque, les Blue Sky. L’honneur est de taille puisqu’il indique très clairement que les consommateurs (et la DEA) se sont appropriés de leur propre initiative sa marchandise.

Quant au second point, l’ami Walt a carrément créé de toutes pièces un alter ego, le mystique Heisenberg. Sorte de Ronald McDonald du trafic de drogue, sa réputation le précède partout où il va.

Là encore si l’habit de fait pas le moine, on reconnaît néanmoins le moine à l’habit : chapeau noir, lunettes noires, blouson noir.

4. Rien ne se passe jamais comme prévu

Tout machiavélique et méticuleux qu’il est, Walter White n’en passe pas moins l’entièreté de la série à colmater les brèches d’un business plan qui ne cesse de prendre l’eau – là une baignoire qui tombe du plafond, ici un employé qui vend à des flics en civil, Tuco qui pète les boulons à tout bout de champs…

Ou pour citer l’une des conversations qu’il tient avec Saul Goodman dans la saison 2 : « C’est comme si à chaque fois que je faisais un pas en avant, je devais faire deux pas en arrière. »

Reste que si Heisenberg devient pleinement Heisenberg (lire : non pas un simple petit génie de laboratoire, mais un pure génie du mal), c’est grâce à tous ces obstacles et contretemps qu’il a dû apprendre à surmonter.

Quoi de mieux en effet pour aiguiser ses compétences que d’aller se confronter aux réalités du terrain ? Dans un job, il y a toujours des aspects moins reluisants que d’autres, mais sauf à vouloir que le travail soit bâclé, il est important de mettre soi-même la main à la patte.

5. L’ego cet ami qui ne vous veut pas que du bien

La toute première fois que Walter rencontre Gus, il tente de le convaincre du mieux qu’il peut qu’ils sont tous les deux bâtis dans le même moule, ce à quoi le patron des Pollos Hermanos lui réplique sèchement : « Nous ne sommes pas du tout pareils ».

Lucide, il comprend très vite ce que tous ceux qui l’ont fréquenté à un moment donné finissent par comprendre : son ego constitue à la fois sa plus grande force et sa plus grande faiblesse.

Sa plus grande force, car de lui découle sa rigueur et donc le haut de gamme de ses prestations. Sa plus grande faiblesse, car au fond ce que Walt désire secrètement c’est que le monde sache qui il est vraiment, l’argent n’étant pour lui qu’une forme de validation.

In fine c’est logiquement ce dernier qui cause sa perte. Incapable de s’arrêter, il ne peut en parallèle s’empêcher de distiller çà et là les indices qui ont amené Hank à découvrir le pot aux roses (cette scène, la scène où il lui souffle à l’oreille que Gale Boetticher et Heisenberg sont deux personnes distinctes, etc).

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