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Pourquoi les Français sont à la mode en NBA ? 

Pourquoi les Français sont à la mode en NBA ? 

Il est loin le temps où Tony Parker débarquait au début des années 2000, en tant que troisième Français à fouler les parquets de NBA. À l’époque, voir un joueur tricolore intégrer la ligue relevait déjà de l’exploit. Fascinée, l’Hexagone avait le sentiment que la porte n’était ouverte qu’à une élite microscopique.

Près de 25 ans plus tard, 19 joueurs évoluent en NBA lors de cette saison 2025-2026 (Victor Wembanyama, Zaccharie Risacher, Guerschon Yabusele, Alexandre Sarr, etc.). Un record historique et un symbole fort : la France est devenue le pays européen le plus représenté dans la plus grande ligue de basketball au monde. Des générations entières récupèrent les bénéfices des parcours de modèles comme Nicolas Batum, Evan Fournier, Boris Diaw ou encore Rudy Gobert. Les jeunes basketteurs arrivent avec une ambition assumée et décomplexée de réussir outre-Atlantique. 

Ce changement d’échelle révèle également autre chose : la structuration du basketball français, la qualité de sa formation et l’impact des pôles. Dorénavant, la France exporte des profils prêts pour la NBA. 

Alors comment s’explique ce changement de statut ? Booska-P a tenté de répondre à cette question. 

Une formation d’élite 

La France est omniprésente en NBA cette saison. En effet, elle se classe comme la troisième nation la plus représentée de la ligue (19 joueurs), juste derrière le Canada (21 joueurs), mais devant l’Australie (13 joueurs) et l’Allemagne (7 joueurs). « Ce record témoigne de la reconnaissance des Américains et du monde du basket pour la formation française. Aujourd’hui, tout le monde veut des joueurs tricolores », glisse Rémi Reverchon, présentateur-commentateur de NBA Extra sur BeIN Sports. 

Si les chiffres ne garantissent pas un temps de jeu important et de grandes responsabilités pour les joueurs, ils illustrent le travail effectué depuis des années par les staffs bleu-blanc-rouge. Le recrutement et le développement de prospects atteignent un pic de maturité dans le pays. « Le niveau global du basket français a augmenté. Les meilleurs joueurs sont encore plus performants. Avant, on avait des basketteurs à drafter. Maintenant, ils sont en tête des drafts. On a aussi amélioré la formation des entraîneurs. Le pays entier a fait de gros progrès », relate Nicolas Absalon, entraîneur de l’Équipe de France U16 et au Pôle France. 

Avant d’intégrer le Pôle France, les talents peuvent passer par les Pôles espoirs, répartis dans chaque région. Ces structures accueillent les prospects entre 13 et 15 ans. À l’issue de ce cycle, deux voies s’offrent aux meilleurs d’entre eux : intégrer un centre de formation d’un club professionnel ou rejoindre le Pôle France, où sont regroupés, chaque année, les joueurs considérés comme les plus prometteurs de leur génération.

L’Equipe de France de basketball au Jeux olympiques 2024.

Aujourd’hui, tout le monde veut des joueurs tricolores

Si la formation française est autant appréciée aux États-Unis, c’est pour la manière dont les basketteurs sont façonnés avec une approche académique singulière. « Notre méthode diffère de celle des Américains. Nos joueurs ne sont pas forcément des superstars, mais ils savent jouer en 5 contre 5, poser des écrans, jouer aux corners ou encore provoquer des passages en force. En résumé, on développe le QI basket de nos espoirs », explique Bastien Fontanieu, directeur publication et co-fondateur du média spécialisé TrashTalk

Actuellement, le joueur français est réputé pour son côté athlétique, son intelligence de jeu, sa potentialité avec des marges de progression importantes ou encore ses fondamentaux collectifs. La diversité du vivier français permet de développer une multitude de profils. Cela représente une grande richesse. « Le basketteur tricolore est capable d’anticiper des deux côtés du terrain, de défendre les duels, fermer les espaces et marquer dans plusieurs positions. Sur les aspects collectifs, il peut trouver le meilleur tir pour ses coéquipiers. Il dispose d’une science du jeu et sait réfléchir sur le terrain », confie Nicolas Absalon. 

Des caractéristiques qui facilitent leur intégration en NBA. Cependant, ils restent perfectibles. « Nos joueurs n’ont pas de mal à s’adapter au basket américain. En revanche, il faut les rendre plus autonomes, agressifs et compétitifs », détaille Guillaume Vizade, coach professionnel au Mans Sarthe Basket en BetClic Élite et ex-entraîneur de l’Équipe de France U20. 

À leur avantage, les jeunes tricolores sont rapidement confrontés au haut-niveau et à son adversité. Cependant, la mise en pratique dans le milieu professionnel est parfois précipitée. « Ils n’ont plus le temps pour s’affirmer avant leur départ », regrette Nicolas Absalon. 

Avant d’aller en NBA, ils s’aguerrissent une année ou deux en BetClic Élite (ndlr : anciennement Pro A) pour engranger de l’expérience. Au contraire des Américains qui se contentent, pour la majorité, de s’exprimer dans un championnat universitaire comme la NCAA. « En France, ils jouent contre des hommes dès le début de leur carrière. Ils sont aussi soumis à une forte pression de résultats. Pour gagner les matchs, il faut s’employer », poursuit Guillaume Vizade. 

Le basketteur tricolore est capable d’anticiper des deux côtés du terrain, de défendre les duels, fermer les espaces et marquer dans plusieurs positions

Liste des 19 joueurs français en NBA cette saison :

La BetClic Élite sous surveillance mondiale

Pour ne rater aucun talent, les équipes NBA ont développé un réseau de recrutement très actif sur le marché français. Lorsqu’un jeune à fort potentiel performe en BetClic Élite, vous pouvez être certain qu’un scout le surveille des tribunes. Le vivier est scruté et suranalysé. « Tu vas dans n’importe quelle salle du championnat, il y aura des scouts NBA. Il y a quelques années, ce n’était pas le cas. Ça s’est complètement ouvert », lâche Rémi Reverchon. 

Les recruteurs sont également présents aux entraînements afin d’avoir le maximum d’informations pour les drafts à venir. Un investissement qui en vaut le coup. « Si une équipe NBA n’a pas un scout régulièrement dans l’Hexagone, elle commet une grosse erreur. On a une équipe nationale performante et surtout, on a des talents partout. Par exemple, notre pays a offert un Rudy Gobert, entré dans l’histoire sur le plan défensif. Il n’y a pas une année sans qu’un joueur tricolore ne crève le plafond », rappelle Bastien Fontanieu. 

Si une équipe NBA n’a pas un scout régulièrement dans l’Hexagone, elle commet une grosse erreur

En l’absence de nouveau MVP américain (ndlr : le dernier en date n’est autre James Harden en 2018), les franchises misent désormais sur les talents européens. Une légitimité acquise grâce à la montée en puissance des joueurs comme Pau Gasol, Tony Parker, Nikola Jokic, Dirk Nowitzki, Luka Dončić ou encore Giánnis Antetokoúnmpo, lors des deux dernières décennies. Les stars ne sont plus forcément américaines et cela inquiète aux États-Unis. L’écart entre la Team USA et les autres nations se réduit à l’approche des Jeux olympiques 2028 à Los Angeles. Sans LeBron James et Stephen Curry, il pourrait y avoir une bascule. 

James Harden avec son trophée de MVP NBA en 2018.

Le phénomène Victor Wembanyama

Depuis son arrivée au Texas en 2023, Victor Wembanyama a redéfini les contours mêmes de son sport. À San Antonio, il a confirmé les espoirs placés en lui et a bousculé les certitudes pour un joueur de sa taille. « Wemby » n’est pas seulement un game-changer pour le basket français, mais pour la planète entière. « Il est un excellent point d’exclamation sur la formation tricolore, mais surtout sur ce qui se passe dans le basket mondial. Pour se former, il est resté en France. Il change la donne sur des détails. La NBA a quand même acheté les droits de diffusion de la BetClic Élite pour voir les matchs de Wemby. On ne reverra plus jamais ça. Il y avait des journalistes du New York Times à Bourg-en-Bresse. C’était n’importe quoi », s’exclame Bastien Fontanieu. 

Pour Rémi Reverchon, c’est la première fois qu’on a un joueur avec le potentiel pour dominer la NBA. « On n’avait jamais vu ça avant. » 

S’il est trop tôt pour mesurer son impact, les grandes ambitions de Wemby font déjà écho chez ses jeunes collègues. Il y a un vrai basculement dans les mentalités. Les joueurs veulent le trône et manger à la table des plus grandes stars. Le numéro 1 des Spurs a lui-même été motivé par la génération 82 de Tony Parker et la 92 d’Evan Fournier. « Le projet NBA est passé de rêve à un objectif atteignable. Les chemins sont multiples », ajoute Guillaume Vizade. 

Surtout, les talents français s’investissent sur tous les aspects du jeu : mental, physique, technique et tactique. L’objectif est de ne rien laisser au hasard. « Les jeunes actuels m’impressionnent par leur capacité de travail. Lors des détections, alors qu’ils n’ont qu’entre 13 et 15 ans, ils sont très sérieux dans leur rapport au basketball. Ils font attention à ce qu’ils mangent et ce qu’ils boivent. Ils connaissent de plus en plus tôt leur corps », déclare Nicolas Absalon. 

Le projet NBA est passé de rêve à un objectif atteignable.

Encore plus de Français en NBA à l’avenir ?  

Avoir autant de joueurs français dans la meilleure ligue du monde, c’est à la fois une fierté nationale et la preuve concrète du travail accompli par tout le système du basket tricolore. Cette réussite ne doit pas être une finalité, mais une nouvelle ligne de départ. « Il faut continuer d’aider et de développer les joueurs afin qu’ils puissent progresser en NBA. L’objectif est qu’ils aient des rôles dominants dans les franchises, pas seulement de faire le nombre. Certains vont revenir d’outre-Atlantique et ne pas atteindre leurs objectifs. Il faut être attentif à bien les intégrer. C’est un cercle que l’on se doit de conserver vertueux », souligne Guillaume Vizade.

La fenêtre NBA s’ouvre désormais beaucoup plus tôt pour les talents. Les franchises veulent récupérer les prospects avant qu’ils n’atteignent leur plafond, afin de les développer pendant deux ou trois ans. La plupart des rookies passent d’ailleurs par la G-League. C’est presque devenu un passage obligatoire. Et ce n’est pas un échec si un joueur français ne s’impose pas immédiatement. L’enjeu est de poursuivre son développement, valider un second contrat en NBA et bouleverser la hiérarchie en place. 

Les signaux sont clairs : l’avenir du basketball français s’annonce radieux. « Nous ne sommes qu’au début de l’ère Wembanyama. Il va inspirer un nombre important de jeunes. Je ne serais pas étonné que l’on batte régulièrement notre record en NBA dans les prochaines années », conclut Bastien Fontanieu. 

Le meilleur est à venir. 

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