Actualités Sport

« Red Bull Bowl Rippers », Marseille capitale du skate [REPORT]

« Red Bull Bowl Rippers », Marseille capitale du skate [REPORT]

De la compétition, de la bonne humeur et du rap…

C’est un fait, l’urbain est aujourd’hui arrivé à une sorte de climax. Une espèce de moment de gloire qui attire flashes et convoitises. Que l’on parle de musique dite urbaine, ou de discipline issue de la rue, rien n’échappe au grand public et aux avertis. Autrefois terre réservée à certains initiés, le hip hop, comme d’autres segments propres au béton, ont entamé leur mue.

Si le rap s’est ouvert les portes du top des charts dans l’hexagone, c’est aujourd’hui aussi au tour de nos potes skaters de faire du sale. Avec la planche à roulettes qui débarque aux Jeux Olympiques, les débats fusent. Est-ce vraiment la place du skate ? Les riders sont-ils compatibles avec les cinq anneaux ? Les questions se font nombreuses dans les rédactions autant que chez les skaters eux-mêmes.

Au-delà d’un quelconque débat, on regarde le rap et le skate évoluer en parallèle, jusqu’à même se croiser, souvent. Si auparavant, l’affaire étant moins courante dans l’hexagone, elle s’affiche aujourd’hui au grand jour. Exemple, Vincent Matheron, gros espoir hexagonal de la scène skate, a ridé sur du Jul, ce weekend, lors du Red Bull Bowl Rippers. Un gros contest auquel Booska-P a assisté du côté de Marseille. Rendez-vous sur le parvis du Prado entre des sessions nocturnes, une compétition complètement folle et des skaters qui kiffent le rap, évidemment.

À LIRE AUSSI 
Lomepal : le skate, le rap et « Flip » [PORTRAIT]

Rap et skate, l’avenir en parallèle ?

Avant que la flamme olympique débarque à Tokyo pour les J.O, et le skate avec elle, la France a été l’hôtesse de la quatrième édition du Red Bull Bowl Rippers. Une compétition made in Marseille, pendant laquelle pas moins de 80 rides ont enflammé le bowl du prado. Meufs et mecs, tous ont porté haut la culture du Bowl. Un skate brut tout droit tiré des seventies californiennes, entre piscines vidées à Venice Beach et autres Z-boys qui roulaient sur du ciment comme on surfe sur les vagues. A la manière du rap qui a poussé sur le béton, il tire son essence de ce qui l’entoure, tout en étant brut de décoffrage.

Poppy Olsen / Source : Red Bull

Comme un rappeur qui découpe salement ses couplets, le rider de bowl livre des runs sans concession. Ici, c’est rapide, impressionnant, du genre à vous bousculer telle une bonne punchline. Il faut dire que le plateau du contest ne laisse pas de place aux hésitations. On retrouve chez les filles Kisa Nakamura (coucou Aya), Poppy Olsen, Yndiara Asp, ou encore Autumn Tust, et chez les gars Danny Leon, Chris Russell, Jaime Mateu, mais aussi les locaux Jean Pantaleo, Vincent Matheron et Samuel Geoni.

Culture marseillaise

Samedi le cadre est donné, le bowl du Prado est de ceux qui marquent la rétine. Après 20 ans de compétitions, le spot est toujours aussi pimpant. Un terrain parfait pour nous en mettre plein la tête dès le samedi. L’air de la méditerranée vient bercer le lieu, au même titre que les plagistes en bikini qui passent par là. Les dégaines sont folles, c’est un croisement entre un clip de Lil Pump, un live de punk rock et un concert de le Fonky Family : tatouages, paires de TN, mais aussi skinny jeans et bandanas sur cheveux longs. A l’image de la planète Mars, c’est cosmopolite et à la cool, comme disent les vieux.

Samuel Geoni / Source : Instagram

Quelques mètres sous terre et dans les airs, ça bataille fort entre les compétiteurs. Avec un oeil particulier sur les locaux, le public pousse. Au milieu de la foule, ça gueule des immenses « vas-y minot ! » qui nous rappellent que nous sommes bien dans le sud. Rien de mieux pour permettre à nos futurs interviewés de se qualifier pour les demi-finales du dimanche. Samuel Geoni, pas encore au courant de sa note, revient sur sa prestation : « Toute l’année, t’as plein de monde qui vient te voir pour te dire « tu vas tout péter », « on compte sur toi »… Du coup, j’avais la pression, je me suis dit qu’il y avait trop de gens derrière moi (rires)… Là, on me dit que j’ai fait un bon run donc je suis fier de moi. Que je passe ou pas, je sais que j’ai vraiment tout donné, je n’ai aucun regret ».

Il embraye sur le climat marseillais et sur une génération porteuse d’espoirs : « Dès qu’un Marseillais passe, ça fait un petit quelque chose. Il y a une bonne partie du public derrière nous. Le Bowl Rippers, j’avais hâte d’y être. C’est notre compétition, on est obligé de représenter. Le Bowl, c’est Jean Pantaleo, c’est moi, c’est Vincent Matheron, c’est Marseille quoi » ! Mais au fait, à part la Red Bull, qu’est-ce qui le fait carburer ? La réponse est simple, côté musique, le Phocéen fait aussi avec la belle génération du coin : « J’écoute beaucoup Jul, mais mon préféré c’est SCH. Vraiment, je kiffe trop, il a un style de fou dans la musique ou dans ses sapes. C’est quelqu’un qui est à part ». Avec un Geoni stylé à souhait adepte des sapes Stone Island, on n’aurait pas dit le contraire.

Jam session et ride nocturne

Jul, c’est aussi celui qui fait performer Vincent Matheron. Qualifié pour le lendemain, il aura à plusieurs reprises demandé de passer le J dans la sono. Un voeu finalement exaucé le lendemain. En attendant, les filles assurent elles aussi le show, mention spéciale pour le flow de Maite Steenhoudt à la nuit tombée. Alors que pas mal de monde a déserté le Prado, la Belge perfectionne ses tricks dans une allure à la Millie Brown (Eleven) dans la dernière saison de Stranger Things. Des kids traînent, discutent, effectuent de timides tentatives de dragues pendant qu’un ado demande si telle ou telle skateuse est « brésilienne ou angleterrienne » (sic). Sous les rires de ses potes, on termine la soirée en se demandant ce que réservera le dimanche.

Vincent Matheron et Aurélien Giraud / Source : Instagram

Après avoir bien cramé les parois de l’endroit, le soleil se casse peu à peu pour laisser place à une lumière tamisée parfaite en ce sunday qui n’a plus rien de sunny. Les sessions nocturnes de nos skaters n’ont que plus que goût. Les Jam Sessions sont âpres, disputées, et donnent à voir parfois jusqu’à six skaters dans le bowl simultanément. Dans une arène d’un nouveau genre, garnie d’environ 1400 spectateurs, Vincent Matheron livre ses runs sous les sons de celui qu’on appelle l’OVNI. Une évidence, comme il nous le rappelle : « J’adore le rock hardcore et tout ce qui est rap marseillais. IAM, la FF, des groupes à l’ancienne qui rendent nostalgiques. Mais celui que j’adore, c’est Jul. Quand j’ai des moments de bad ou pendant lesquels il faut que je me motive, ses paroles collent bien. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il est humble, c’est un bon gars ». Champion de France de bowl et espoir olympique, il livre son constat sur l’évolution commune du skate et du rap : « Le rap et le skate, c’est pareil, ça vient de la rue. Maintenant, c’est à la mode, du coup plus de monde s’y intéresse. Mais il faut savoir garder le même esprit, c’est ce que j’essaye de montrer à mon petit frère ».

Rester proche de ses bases tout en performant au plus haut-niveau, voilà sans doute une recette miracle qui colle autant à la musique préférée des français qu’à la culture skate. A ce jeu-là, Vincent, premier frenchie du classement, intègre un top 6 flamboyant avec Jaime Mateu en tête de liste. L’Espagnol fort d’un style très engagé, laissera échapper un « fuck yeah » assez légendaire une fois son trophée dans les mains. Pour sa première à Marseille, Poppy Olsen fait preuve d’une régularité sans faille et passe devant la gagnante de l’édition précédente. Comme la veille, la compétition se termine dans des rires et nons sans quelques coups de soleil. Reste maintenant à se demander si les J.O ne réserveront pas le même traitement au skate que celui des Victoires de la musique au rap par le passé. D’ici là, on croisera les doigts en pensant à une Red Bull Bowl Rippers qui tient année après année toutes ses promesses.

Résultats de la finale Hommes :

  1. Jaime Mateu (Esp)
  2. Chris Russell (Usa)
  3. Danny Leon (Esp)
  4. Luiz Francisco (Bra)
  5. Alessandro Mazzara (Ita)
  6. Vincent Matheron (Fra)

Résultats de la finale Femmes :

  1. Poppy Olsen (Aus)
  2. Yndiara Asp (Bre)
  3. Kisa Nakamura (Jap)
  4. Grace Marhoeffer (Usa)
  5. Bryce Wettstein (Usa)
  6. Autumn Tust (Usa)

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT