A l’image d’un bon vin, Hatem Ben Arfa pourrait simplement avoir eu besoin de plusieurs années avant d’arriver à maturité…
On dit qu’il s’atteint à l’âge de 7 ans… Certains mettent parfois 20 ans de plus. Quand Canal + a programmé Saint-Etienne – Nice en grand match du dimanche soir, nombreux ont probablement été ceux à insulter l’arbre généalogique du responsable des programmes de la chaine crypté. Pourtant, les rares qui ont osé miser sur cette rencontre pour animer leur soirée ne l’ont pas regretté puisqu’ils ont été les témoins privilégiés de la renaissance d’Hatem Ben Arfa. Preuve qu’il y a une vie après la mort dans le monde du sport… Auteur d’un magnifique doublé lors de la victoire des aiglons en terre stéphanoise (4-1), le milieu de terrain offensif a illuminé la rencontre de son talent. Reprise de volée petit filet opposé puis slalom géant à faire pâlir Hermann Maier, Ben Arfa a montré la meilleure de ses multiples facettes. Avec à son actif 6 buts et 1 passe décisive, le joueur occupe la tête du classement des buteurs de Ligue 1 (à égalité avec Edinson Cavani). Malgré un éloignement des terrains de près d’un an, Ben Arfa (tout comme Lassana Diarra) survole déjà les débats en Ligue 1…de quoi s’interroger sur le niveau de notre championnat.
Une feuille blanche à noircir…
Presque immédiatement, le joueur est (re)devenu l’attraction du moment, passant du statut de paria à celui de génie national au sein d’une France du football qui a pourtant toujours refusé de comprendre le dernier de ses enfants terribles. C’est ainsi que l’on a pu constater d’incroyables performances de souplesse de la part des adeptes du grand écart. Véritables champions olympiques du fleuret tant ils ont piqués Ben Arfa par le passé, ils se sont soudainement reconvertis en avaleuses de sabre. A leur décharge, il est vrai que ce joueur a toujours cultivé un côté insaisissable, que ce soit sur ou en dehors du terrain. A la fois tourmenté, désorienté et nonchalant, Hatem Ben Arfa a parfois enchanté et souvent déçu. Une réelle et exaspérante incapacité à se montrer régulier dans la performance qui l’a jusqu’ici empêché de gravir la dernière marche qui le sépare du haut du panier international. Promis aux plus grands clubs du monde, Ben Arfa est aujourd’hui à Nice pour tout reprendre à zero. Sa deuxieme carrière débute maintenant et pour l’instant, elle se solde par un sans-faute…Espérons que ça dure, enfin.
Pour rattrapper le temps perdu…
Dôté d’une fragilité qu’il a longtemps réfuté, Hatem Ben Arfa est un émotif et un cérébral. Aussi grand soit son potentiel, il lui faut un contexte propice pour qu’il s’exprime pleinement… Placé sur le devant de la scène dès son arrivée en professionnel il y a maintenant 10 ans, l’homme s’est construit sous une lumière qui s’est souvent montrée aveuglante. Coupable de plusieurs écarts de conduite et d’erreurs grossières dans son plan de carrière, Ben Arfa est revenu à l’essentiel en signant sur la côte d’Azur au sein d’un club à la fois jeune, familial et ambitieux. Un cadre idéal pour lui servir de rampe de lancement qui n’aurait toutefois servi à rien si ce dernier n’avait pas eu une prise de conscience qui l’a poussé à radicalement changer de comportement. Ayant compris que son talent seul ne suffisait pas, Ben Arfa s’est mis au travail et son apparence s’en est directement ressenti, ses prestations également. Une attitude positive qui pourrait le mener très loin, à commencer par un come-back au niveau international, synonyme de retour en équipe de France… Une belle manière de fêter le passage du cap de l’âge de raison l’été prochain.
