Le club marseillais a fait le pari de remettre sur pied un talent hors du commun…
Lorsqu’un footballeur donne vie à l’interprétation biblique du « Colosse aux pieds d’argile », c’est plutôt mauvais signe. Du haut de ses 1 mètre 91 et de ses 79 kilos, rien ne laissait pourtant penser qu’Abou Diaby aurait un palmares plus important de blessures contractées que de titres remportés. Pourtant, le bilan est aussi dur que manifeste. En 9 ans passés sous les couleurs des Gunners d’Arsenal (2006-2015), le joueur a connu pas moins de 43 blessures (infographie L’Equipe) qui l’ont tenu éloigné des terrains pendant 4 ans (1 554 jours exactement) soit près de la moitié du temps. Une tendance à la fragilité encore plus criante sur les deux dernières saisons avec seulement 2 matches disputés et 139 petites minutes de jeu dans les jambes… De quoi susciter l’empathie, même chez Yoann Gourcuff. En s’engageant à l’OM, le joueur s’offre aujourd’hui la possibilité de se relancer en douceur tout en gardant une exposition à la hauteur de son talent et de son statut d’international.
Membre de l’INF Clairefontaine (où il n’hésita pas à monter en l’air un Hatem Ben Arfa déjà peu enclin au respect), le milieu de terrain longiligne poursuit sa formation à l’AJ Auxerre, un club qui le mènera jusqu’au statut professionnel. Après seulement quelques matches disputés avec l’équipe première, Diaby est repéré par Arsène Wenger qui le persuade du bienfait d’un expatriement prématuré à tout juste 20 ans. Evidemment, les débuts à Arsenal furent compliqués pour le jeune français d’autant qu’en 2006, un tacle assassin de Dam Smith lui réduit la cheville en cendres…8 mois d’indisponibilité. Dès lors, la carrière d’Abou Diaby ne sera plus jamais la même. Par compensation, les autres parties de son corps son sur-sollicitées et cèdent une par une. Cette vulnérabilité ne l’empêchera pas de monter en puissance et d’atteindre l’apogée de sa carrière entre 2009 et 2011 avec un statut de cadre aussi bien en équipe de France que chez les Gunners et la convoitise des plus grands clubs du monde. Depuis 4 ans, sa délicatesse a repris le dessus et le joueur a tout juste disputé l’équivalent d’une demi-saison sur les terrains.
Si l’on ne prend en compte que ses qualités intrinsèques de footballeur, Abou Diaby est tout simplement l’un des meilleurs joueurs du monde à son poste, mais son incapacité à enchainer les matches restent un frein rédhibitoire à son maintient au plus haut niveau. Dôté d’un physique impressionnant, il domine l’entrejeu par son impact, son jeu aérien et sa capacité de récupération. Plus surprenant, le joueur s’avère également à l’aise techniquement et en matière de percution malgré son gabarit. Enfin, son touché et de balle et sa vision du jeu font de lui un excellent relanceur. Autant d’atouts qui font de lui la star du mercato marseillais et le bonheur de supporters qui ne sont néamoins pas dupes, s’il était à 100%, il ne serait jamais à l’OM. Quoi qu’il en soit, sa compagnie dans le vestiaire pour encadrer les jeunes est déjà un apport, sans même parler d’une éventuelle présence sur les terrains. Ce retour, particulièrement attendu, se fera en douceur avec un objectif réaliste de 20 rencontres dans la saison. Plus qu’un titulaire en puissance, Diaby se réinvente en Joker de luxe avec l’espoir de retrouver un niveau qui le ferait planer au dessus de la Ligue 1 et lui offrirait une place pour l’Euro. Il parait que les diamants sont incassables, à lui de le prouver.
