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Que vaut Blank Face, le dernier album de Schoolboy Q ? [CHRONIQUE]

Que vaut Blank Face, le dernier album de Schoolboy Q ? [CHRONIQUE]

Dense, torturé et imparfait, ce quatrième essai solo est à l’image de son auteur…

Il fut un temps où Quincy Matthew Hanley alias ScHoolboy Q était considéré comme le franchise player de l’écurie californienne Top Dawg Entertainment.

Aussi crédible derrière un micro que dans la rue, pourvoyeur de singles salés et corrosifs, l’homme au bob semblait alors promis à un avenir des plus radieux dans le rap jeu.

Une trajectoire rapidement confirmée par sa signature en fanfare sur la machine de guerre Interscope (l’alma mater d’Aftermath, Shady Records, G-Unit…).

Son troisième album Oxymoron n’a pourtant pas réussi à enthousiasmer les foules jusqu’à mettre tout le monde d’accord – et pas seulement à cause de l’explosion concomitante de son compère Kendrick L.

Certes le pari était difficile, certes le rendu était très loin d’être mauvais, mais le disque a pleinement mis en lumière ce qui lui fera toujours défaut dans la course au trône : ScHoolboy Q peut être le rappeur préféré de beaucoup mais il ne sera jamais le rappeur aimé de tous.

À l’image de son flow aussi imprévisible qu’intriqué, il est de ceux dont le talent au micro le condamne à demeurer inaccessible aux voies du grand public.

Si comme ses précédents projets Blank Face propose une identité qui lui est propre, il est fort à parier que l’opus va connaitre le même destin que ses prédécesseurs – et ce là encore malgré de solides atouts.

ScHoolboy Q, ou le Ghost Face Killah des années 10.

À l’aune de ses 30 ans et à l’heure des bilans, Q délaisse quelque peu l’imagerie gangster qui a fait sa réputation pour donner cette fois dans l’introspection sans filtre.

Innocence perdue, addictions destructrices (fini l’apologie des psychotropes, les lyrics se confondent ici avec le récit d’un camé en descente), doutes face à la paternité… ce Visage Vide se veut l’autoportrait à brûle-pourpoint d’un auteur qui n’hésite pas à s’égratigner en place publique.

Réunissant autour de lui un casting West Coast des plus homogènes (des jeunes loups Vince Staples et Anderson.Paak aux légendes E-40 et Dogg Pound), le disque alterne assez étonnamment les titres entêtants en diable qui seraient des tubes dans un autre monde (WHateva You Want, Dope Dealer…), et ceux plus intimistes et renfrognés.

[Avec au beau milieu de tout ça un couplet de Kanye West qui ressemble à une parodie de couplet de Kanye West.]

Au rayon bémols, on relèvera une tracklist un peu fourre-tout et quelques pistes pas toutes des plus indispensables (mais comment faire autrement quand un album dure 72 minutes ?), comme cette intro vraiment trooop longue, ou cet Overtime featuring Miguel & Justine Skye, piteuse tentative mainstream imposée par son label, et (comme par hasard) seul morceau qui fait vraiment tâche.

Reste qu’au final Blank Face ravira aussi bien les oreilles de la fan base de Q et du Black Hippy que celles des curieux de tous bords lassés par les Drakeries et les Young Thugeries de l’époque.

Écoute vivement conseillée donc.

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