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Nouvelle génération : état des lieux ! (CHRONIQUE)

Nouvelle génération : état des lieux ! (CHRONIQUE)

La fin de l’année est propice aux bilans. Profitons-en pour dresser celui de la nouvelle génération du rap français !

Lorsque le terme de « relève » est employé dans le rap français, il est souvent mal perçu par les « anciens ». « Relève » signifierait-il qu’il faut faire table rase du passé ? Peu importe, chez Booska-p, nous avons choisi l’expression « nouvelle génération » pour évoquer la situation des jeunes MC’s de l’Hexagone qui sont susceptibles de devenir les prochaines têtes d’affiche du game. La moyenne d’âge de celle-ci tourne autour de 25 ans. Pour mieux dresser cet état des lieux, effectuons une petite rétrospective. Fin des années 90 : le rap français atteint des sommets commerciaux. Comme le dit Booba dans « La lettre », sur l’album de Lunatic : « Les négros n’arrêtent pas de signer ». A cette époque, il n’est pas rare qu’un « rookie » décroche un disque d’or dès la sortie de son premier album alors qu’il n’a même pas 20 ans. La décennie suivante va permettre à une sorte de « génération intermédiaire » d’éclore, portée par des rappeurs comme Soprano, Youssoupha ou Sinik. Si ces trois-là ont connu des parcours différents, ils ont tous rencontré le succès à un moment donné et poursuivent encore leur carrière -avec des fortunes diverses – à l’heure actuelle.

Les nouveaux poids lourds se font attendre…

Illustration le Blog de Personne

En ce début d’année 2014, force est de constater que la nouvelle génération du rap français peine à franchir un palier important. Hormis Maître Gims et ses acolytes de la Sexion d’Assaut, tous les poids lourds de « l’industrie rapologique » ont déjà bien entamé la trentaine. Un MC’ comme Kaaris peut désormais prétendre à un tel statut en raison de l’accueil réservé à son « Or Noir ». Avec son premier album, le Sevranais a convaincu « la rue » ainsi qu’une partie du grand public, si l’on en juge par ses ventes satisfaisantes (près de 45 000 copies écoulées à ce jour, Ndlr). Il faudra tout de même qu’il confirme avec son prochain opus pour définitivement intégrer la caste des « poids très lourds ».

Plusieurs artistes pourraient prochainement lui emboîter le pas, comme Nemir ou Niro. Le Perpignanais et le Blésois figurent actuellement sur une pente ascendante. Le buzz du premier ne cesse d’augmenter alors qu’il n’a pas encore sorti d’album solo, tandis que l’engouement auprès du second s’amplifie à chacun de ses projets. Rappelons également que nos deux exemples ne cessent de remplir les salles de concert au cours de leur tournée respective. Malheureusement, toute une autre frange du rap français estampillée « nouvelle génération » a déjà laissé entrevoir des limites.

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Qui sera l’heureux élu?

Dans les mois et années à venir, plusieurs « rookies » vont devoir se frotter à la redoutable épreuve du premier album solo. Pour certains d’entre-eux, l’attente est immense, à la hauteur du talent qu’ils possèdent. Par exemple, Joke paraît avoir le potentiel pour tirer son épingle du jeu grâce à son univers rafraîchissant. « Je veux toucher tous les publics qui écoutent à la base du rap, que ce soit du cainri ou du rap français (…) Au niveau de l’écriture et des choix d’instrus, j’ai vraiment évolué. Et vous allez encore vous en rendre compte dans le prochain projet, l’album », annonce le Montpelliérain lors d’un entretien accordé au site Sparse.fr. Moins connu, le Francilien Vald possède un univers quasi-inédit en France. Ses placements de rimes, son écriture torturée, son goût immodéré pour la provocation, sa couleur de cheveux et de peau… ne sont pas sans rappeler un très célèbre rappeur américain. Et si c’était lui le « Eminem français » tant recherché par les maisons de disques depuis de nombreuses années ?

Au sein du collectif « L’Entourage », certains brilleront forcément plus que d’autres. Deen Burbigo et Nekfeu semblent posséder les atouts pour mener à bien une riche carrière. Attention toutefois pour ce dernier à ne pas trop s’éparpiller entre tous ses groupes (S-Crew, 1995, 5 Majeur). S’il décide d’amorcer sérieusement un virage solo, sans pour autant abandonner tous ses projets collectifs, « Nek Le Fenek » risque de faire très mal. Ne négligeons pas non plus Hugo du TSR. Même si le rappeur originaire du XVIIIe arrondissement de Paris n’est pas forcément dans une démarche ultra-carriériste, il ne cesse d’élargir sa fanbase au gré de ses projets et des scènes qu’il écume. Enfin, Hayce Lemsi devrait rapidement avoir la possibilité de confirmer que son « Électron libre » n’était pas qu’une simple bonne surprise.

Les écueils à éviter

Il n’existe pas de recette miracle pour percer ou devenir une rapstar. Sinon, nous vous l’aurions donné avec grand plaisir. Toutefois, nous remarquons qu’aujourd’hui, nombreux sont les jeunes rappeurs français à courir après le hit, et non après un « classique ». Certains diront que seul le temps permet de qualifier un morceau de « classique ». Pourtant « Zoo » de Kaaris est parvenu à accéder à ce statut en quelques mois. Courir après un hit, finalement pourquoi pas ? Mais à quel prix ? Pour tomber dans un formatage simpliste qui les incite à « pousser la chansonnette » ou inviter des chanteuses pour poser un refain ? Est-ce un effet pervers des ventes astronomiques de la Sexion d’Assaut ? Peut-être…

Ne sombrons toutefois pas dans le pessimisme. Souvenons-nous qu’un artiste comme Youssoupha a dû attendre son troisième album pour goûter à la reconnaissance du grand public. « L’important, c’est pas la performance mais la durée », comme dirait Lino d’Arsenik.

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