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Leonis, le rap comme impératif [PORTRAIT]

Leonis, le rap comme impératif [PORTRAIT]

Rencontre avec la nouvelle promesse du 77.

Crédits photos : Antoine Ott.

Avec son nouveau clip, Leonis a affiché ses ambitions et poursuivi une carrière qui semble lancée sur de bons rails. 100K c’est l’histoire d’un gars voulant s’en sortir grâce au rap, mais ne négligeant jamais ses bases. Normal quand on est un passionné de la première heure. Après avoir commencé à griffonner à seulement onze bougies, le voilà fin prêt à présenter son personnage, entre écriture efficace et rimes collées au quotidien. Rencontre avec un Leonis qui pourrait bien être l’une des belles surprises de 2020.

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Génération rap

Loin de faire comme tout le monde, Leonis a tout de suite pris le taureau par les cornes. Un stylo, une feuille et le tour est joué pour celui qui prend alors exemple sur son grand-frère, à tout juste onze petites années. De quoi étonner les observateurs, mais le premier intéressé qui évoque un schéma familial plutôt classique : « Mon grand-frère rappait et comme tout petit-frère qui se respecte, j’ai voulu faire comme lui. C’est un truc qui m’a plu et du coup j’ai continué jusqu’à faire mes premières séances en studio à l’âge de 15 ans. Maintenant j’en suis là et mon frère a arrêté, il a fait sa vie (rires). Mais ça va, il kiffe mes sons ! »

Il faut dire qu’en termes d’écriture, le tout jeune rappeur est à bonne école. Lorsqu’on lui pose la question, les noms fusent : Sinik, Salif, Rohff, Booba. Des mastodontes écoutés dès la sortie de leurs projets, loin d’un rap américain dont il commence aujourd’hui à se faire à l’oreille. Le constat est simple pour notre interviewé, tout part d’une langue riche, le français : « Je pense que niveau écriture, on fait un rap qui est différent, peut-être plus travaillé que le rap US. La langue française est tellement riche, ça te pousse à te bousiller au rap ». De là, difficile de ne pas être touché par l’efficacité de morceaux pourtant assez travaillés : « Mes textes, je pense que tu peux les lire simplement, juste en parlant. C’est ce que je recherche, je ne passe jamais d’un sujet à l’autre d’un coup, j’essaye de garder la même direction sur mes morceaux. Même s’il y a des titres sur lesquels je m’amuse, mais je veux rester vrai au maximum. » Rester vrai, mais pas seulement, comme il nous l’expliquera.

J’en parle de manière différente dans tous mes sons et ça revient tout le temps. C’est la base, il faut sortir de là où on est

En effet, l’envie de s’en sortir garde une place spéciale dans chacun de ses sons. « J’en parle de manière différente dans tous mes sons et ça revient tout le temps. C’est la base, il faut sortir de là où on est. Mon but, c’est de mettre ma famille à l’abri. Si seulement j’avais pu inventer QLF (rires) ! » renseigne Leonis.

Une renaissance

Dans ses premiers pas, le jeune rappeur trouve d’abord un premier alias qu’il quittera une fois celui de Leonis trouvé. Un blase comme une nouvelle peau, qui lui correspond désormais à 100 % : « J’étais un petit charo et cette image ne me colle plus aujourd’hui. Il fallait arriver avec un truc qui me ressemble. La première fois que j’ai fait un truc avec mon nouveau nom, Leonis, je me suis senti libéré. » Un pseudo qui colle également à ses racines marocaines : « Leonis, ça veut dire lion. Je suis français et marocain. Les marocains, on les appelle les lions de l’atlas, Leonis, c’est le nom d’une constellation qui forme un lion. Au moins, ça me correspond et je peux l’expliquer en interview (rires). »

Parfait pour coller aux envies d’écriture d’un jeune homme qui sait ce qu’il veut, ce qu’il vaut : « J’essaye d’avoir ma propre identité, faire ce que j’aime sans dire n’importe quoi. Je n’aime pas inventer des choses. Parfois c’est nécessaire, car la musique, ça reste du divertissement. Mais je préfère écrire sur ce que je vis, ce que je vois. J’essaye de ne pas m’inventer de vie. Sur Instagram par exemple, on peut faire de l’entertainment, on se fait plaisir avec de l’egotrip et des freestyles. »

je préfère écrire sur ce que je vis, ce que je vois. J’essaye de ne pas m’inventer de vie

Misant également sur l’image, il tournera plusieurs versions d’Au fond du Tiekson, avant d’enfoncer le clou avec CFF, puis Intérimaire tourné dans les rues de la capitale catalane, Barcelone. Au fur et à mesure, Leonis prend du poids et se retrouve validé par Maes himself. « Un an avant, j’avais identifié Maes dans une vidéo, donc m’a fait bizarre que ce soit mon tour. Je kiffe ce qu’il fait, donc ça me fait grave plaisir. C’est vraiment quelqu’un que j’apprécie musicalement. En plus, il n’est pas obligé d’envoyer un message comme ça, car c’est quelqu’un qui est installé » confie-t-il.

Premiers pas en première division

Une validation signée Maes, comme appel du pied de la première division du rap hexagonal ? Presque, si on en juge par la signature de Leonis chez Because Music. Loin de crier victoire trop vite, il poursuit l’analogie avec la chose footballistique : « Signer, ça met en confiance. Je me dis qu’on n’a pas bossé toutes ces années pour rien, même si ce n’est que le début. Avant, on était en CFA et là, faut faire sa place en Ligue 1 (rires). Ce qui a changé, c’est que déjà, je ne serais pas là, avec Booska-P aujourd’hui. Cela m’a permis d’avoir la reconnaissance de mes proches, et de me concentrer exclusivement sur la musique. C’est comme lorsqu’un intérimaire reçoit son CDI. Mais il n’y a rien qui est fait. Tout va commencer maintenant, il faut sortir un troisième poumon et marquer avant la 90ème. Après, on ne sait jamais, pendant les prolongations s’il y a moyen de mettre un but en or. »

Néanmoins, même s’il essaye de « toujours faire mieux », Leonis n’a pas changé sa méthode de travail. Bien au contraire, l’artiste la joue toujours en équipe : « Ma manière de bosser n’a pas changé depuis ma signature. J’avais déjà mon ingé et mon beatmaker Ditobeatz, du coup, je n’ai rien changé. Je bosse toujours avec mes gars, ça me permet de garder mon identité. A la base, la musique on fait ça quand on galère, quand on s’ennuie. Donc quand on te force à en faire, ton cerveau peut se bloquer. C’est pourquoi je trouve ça mieux de faire ça à l’instinct avec mon beatmaker, avec ma bande. C’est un pote et presque un directeur artistique, il a tout compris à mon délire. » Eloignez-le des palettes de prods, le bonhomme préfère construire ses morceaux de A à Z et ne tardera pas à voguer vers d’autres horizons, évoquant la trap, le piano voix et même pourquoi pas des sons à l’ambiance plus pop.

maintenant, il faut sortir un troisième poumon et marquer avant la 90ème

Lui qui plus jeune s’imaginait déjà rappeur a désormais les cartes en main pour enchaîner les buts dans les charts et fidéliser sa fan base. En ligne de mire, un projet pour l’année prochaine : « En 2020, il y aura une mixtape. Si je veux j’en sors deux demain (rires). Mais on ne veut pas sortir un projet pour sortir un projet. Le but, c’est que les gens soient satisfaits. C’est pour cela qu’on essaye de faire les choses petit à petit pour poser ma musique : travailler les sons, les visuels, les interviews. Il faut se rappeler qu’on a sorti seulement quelques clips. »

Ne nous reste plus qu’à faire preuve d’un peu de patience…

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