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Le clash de fin !

Le clash de fin !

A-t-on fait le tour en ce qui concerne la tendance des clashs dans le rap français?

Voilà maintenant plusieurs mois que les trois principaux acteurs de la scène rap hexagonale s’adonnent à la délicate activité du clash tripartite à coups de morceaux interposés, interview provocatrices et piques virtuels. Considérant l’étendue du phénomène et vu la tournure que sont en train de prendre les évènements. Booska-P a souhaité disserter autour du sujet, à la manière d’une thèse portée par une problématique centrale: Leur clash dessert-il le rap français?

I Le rap pris en otage ?

1) Les valeurs du hip-hop :

On aurait malheureusement tendance à l’oublier, mais si l’esprit de compétition a toujours fait parti du hip-hop, rarement celui-ci ne s’est imposé au détriment des valeurs originelles de ce mouvement. Depuis maintenant plus de 30 ans, toutes les disciplines qui forment cette culture, le rap y compris, sont régis par certains codes en guise de racines. A l’origine, le rap est un moyen d’expression pacifique prônant à la fois l’unité, la solidarité, la tolérance et l’entraide entre communautés. Aujourd’hui, avec l’importance qu’a pris cette musique dans la société et dans l’industrie, le message est très/trop souvent bien différent.

2) La mauvaise image :

Autant que de part sa nature contestataire que de part les formes d’expression utilisées, le rap n’a jamais bénéficié d’une très bonne image auprès de l’opinion publique. Réputé comme violent et même parfois extrémiste, souvent à tort, le rap français est encore aujourd’hui négligé par les médias mais aussi par le monde de la musique, malgré une importance croissante dans la culture musicale française. Pour beaucoup, l’image du rappeur est celle d’un personnage à l’égo surdimensionné, véritable porte-drapeau de l’ultra-libéralisme, prônant l’individualisme de manière exacerbée.

3) Le monopole :

Probablement que les trois rappeurs concernés n’ont pas souhaité participer à cette image en complète contradiction avec les valeurs dont ils ont été porteurs jusqu’alors, mais encouragés par la masse, c’est pourtant bien le cas. Bien entendu, les médias, Booska-P compris, ont largement participé à étendre le phénomène. Attiré par un irrémédiable goût du sang, nous avons tous offert une exposition accrue à cette guerre d’égo. Jamais ces trois poids lourds du rap français n’ont été aussi célèbres qu’aujourd’hui… il suffit de regarder les millions de vues à chacunes de leurs attaques. Difficile alors pour les autres acteurs du rap hexagonal de se faire une place au milieu de ce champs de bataille qu’est devenu le rap français depuis des mois.

II Une bonne publicité ?

1) Un conflit loin d’être inutile :

Loin d’être des novices en terme de communication et de gestion de leur image, aussi bien Rohff que Booba ou La Fouine savent que le buzz qui s’est créé autour de leurs contentieux peut être utilisé pour rationnaliser les ventes, surtout que ces clashs interviennent alors que chacun vient de sortir ou s’apprête à sortir son album. Si Booba a directement commercialisé ses titres sur iTunes, Rohff a lui d’ores et déjà annoncé que son prochain clash ferait parti de son album P.D.R.G, quant à La Fouine, deux morceaux ont été enregistrés la semaine précédent la sortie de son projet… comme promo on a connu pire… ce qui explique les nombreux teasers largement diffusés, par chacun, avant toute nouvelle attaque afin de faire grimper l’attente des curieux.

2) Des contentieux plutôt flous :

Les trois protagonistes ne s’aiment pas, c’est un fait. Comme dans tout triumvirat qui se respecte, chacun cherche à prendre le dessus sur les autres, mais leurs animosités semblent aujourd’hui dépasser le simple stade de la concurrence exacerbée entre personnages dôtés d’égos imposants. Si les tensions entre Rohff et Booba datent d’un contentieux professionnel vieux de plus de 10 ans, tout a réellement pris forme pour des questions d’interprétations de prétendus piques dans certains morceaux. Rohff accuse Booba de le viser dans Wesh Morray et rétorque, Booba qui lui même prend pour lui une phase de La Fouine dans Paname Boss… le conflit est lancé.

3) Les rumeurs :

Face à un conflit qui traine en longueur et qui continue malgré tout à leur profiter en terme d’exposition, de nombreux observateurs suspectent les rappeurs d’avoir mis en scène cette grande mascarade dans le but de faire parler d’eux… A chaque évènement historique, sa théorie du complot, celui-ci n’échappe pas à la règle. Principal argument avancé par les partisans de cette idée… si les rappeurs sont à l’image du personnage qu’ils se donnent dans leurs textes, alors le conflit aurait du être réglé il y a bien longtemps, en dehors du domaine de la musique… et non pas perdurer via des morceaux interposés.

III Où va-t-on ?

1) La lassitude s’installe :

Les blagues les plus courtes sont souvent les meilleurs. Avec la multiplication les titres, le rapport de force a largement perdu en saveur au fil du temps. Même si Booba , Rohff et La Fouine sont des artistes reconnus ayant une grande carrière à leur actif, ils en restent néanmoins des êtres humains qui perdent en inspiration au fur et à mesure que les morceaux s’additionnent autour de la même thématique. Très clairement, la qualité a été mise au second plan ces dernières temps. Sans parler des innombrables piques, parfois enfantines, envoyés par chacun des artistes via leurs réseaux sociaux. Au final, même les supporters de chaque camps les plus investis commencent à trouver le temps long et se disent discrètement qu’il faudrait savoir s’arrêter à temps.

2) Le début des dérives :

Plus que d’éviter le ridicule, il faut surtout ne pas voir ce conflit changer de terrain. Dernièrement, les attaques subtiles et les références au passé ont laissé places aux accusations de viol, d’exhibition et aux menaces en tout genres et là, ce n’est plus vraiment la même chose. Surtout qu’au moment où les tensions ont atteint leur paroxysme, La Fouine a vu son véhicule être la cible de tirs à balles réelles. Coïncidence ou pas, il y a un moment où la raison doit reprendre le dessus.

3) Qui est l’exemple ?

Même si tous se défendent d’être pris pour responsables des agissements de leurs auditeurs, aucun ne peut nier leur impact sur une large partie d’une jeunesse qui s’identifie aux rappeurs, ou plutôt à l’image qu’ils leur projettent. Dans ce contexte hostile, difficile de trouver un bon exemple à donner à tous ces jeunes qui s’éduquent à travers les écrits de leurs idoles… d’autant que plusieurs des rappeurs concernés sont pères de famille.

En guise de conclusion, Booska-P vous laisse la parole, à vous de nous donner vos impressions et le scénario qui vous semble le plus bénéfique pour tout le monde dans cette histoire.

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