Paru lundi dernier, le quatrième album de La rumeur s’intitule Tout brûle déjà. Le disque sort entre les deux tours de l’élection présidentielle.
Cela avait déjà été le cas dix ans plus tôt, avec le désormais classique L’ombre sur la mesure. « C’est un hasard, parce qu’il a été composé pendant l’été, quand tout était tranquille, assure Ekoué dans un entretien accordé au quotidien Le Monde. Cela faisait cinq ans que La rumeur n’avait plus sorti d’album, depuis Du cœur à l’outrage (2007). « Depuis notre dernier album, nous avons terminé nos études (Ekoué a soutenu une thèse en 2010 sur l’abstention dans les zones urbaines sensible, Ndlr), mis fin à huit ans de procès avec Sarkozy, publié des mixtapes qui ont très bien marché, donné des centaines de concerts, fait un film. Notre réflexe, quand on s’est mis devant nos ordinateurs pour écrire cet album, a été d’aller plus naturellement vers l’introspection. Mais je crois pouvoir dire que dans le rap français, et même dans les musiques actuelles, il n’y a pas plus politique que La Rumeur », estime Ekoué.
Toutefois, les treize titres qui composent Tout brûle déjà ne sont pas exclusivement orientés vers la politique. Le morceau « Petite Laura » décrit par exemple la descente aux enfers d’une jeune femme dépendante aux drogues dures. « J’appartiens à une génération décimée par la came. Cette jeune fille, prolo, française de souche, par exemple, avec qui on a flirté à l’école, a pris toute la violence du système dans la figure. Les quartiers fourmillent de gens comme elle, qui n’ont aucun moyen d’aller en cure de désintox », assure Ekoué, qui ne chôme pas. L’année dernière, en compagnie d’Hamé, il avait réalisé son propre téléfilm, De l’encre. Il s’agit de l’histoire d’une jeune rappeuse obligée d’être « ghostwritée » par un slameur commercial. Ce téléfilm a été diffusé en juin 2011 sur Canal+.
