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L’humeur de Yago : Le Rap est mort, vive le Rap !

L’humeur de Yago : Le Rap est mort, vive le Rap !

Chaque semaine, je vous propose d’aborder un thème d’actualité sous un autre angle, sans obligation formelle ni aucun tabou. Aujourd’hui, le sujet développé est l’émergence d’une nouvelle scène dans le rap français…

Illustration : Anthodraw

Tout vient à point à qui sait attendre… L’année 2015 est le témoin privilégié du renouveau du rap français dans les charts avec de nouvelles têtes d’affiches en guise de leaders plus ou moins charismatiques. Ce nivellement intergénérationnel a lieu au moment où l’on s’y attendait peut-être le moins. Rappeurs ou pas, le temps fait son effet et le poids des années finit toujours par se faire ressentir si bien que ceux qui qualifiaient leurs ainés d’antiquités finiront eux aussi par atteindre le grenier. Depuis le début de l’année, de nombreux acteurs du rap français aux kilomètrages avancés ont sorti leurs projets, souvent sans atteindre les chiffres attendus en terme de ventes. A l’approche de la quarantaine, force est de constater que certains n’ont plus les mêmes codes que la jeunesse. Ce constat, couplé à une occupation prolongée du milieu, a pu mener à une certaine lassitude des deux côtés de l’auditeur. Lorsque le déclin s’installe, c’est inéxorable mais souvent difficile à accepter… Au point que l’on n’est plus surpris de voir des trentenaires accomplis s’inspirer de l’attitude des plus jeunes…

Les règles ont changé

A travers Jul, Black M, Gradur, Maitre Gims, Lacrim, Nekfeu et consorts, une nouvelle génération s’est installée au sommet, égalant voir dépassant les chiffres et l’exposition des cadors du rap game. Devenus les nouvelles références de ce mouvement, ils attirent désormais sur eux l’intéret des médias et affichent (pour l’instant) une solidarité disparue du milieu depuis des années, rendant rapidement les clashes totalement « has been » ou d’un autre temps. Comme d’autres avant eux, ces derniers ont su trouver la bonne recette pour percer à commencer par se créer leur propre univers afin de se démarquer des autres à travers une véritable identité. Autre facette commune aux nouvelles terreurs des bacs, la carte de la transparence envers leur public, une communauté qu’ils savent gérer avec succès grâce à une bonne utilisation des réseaux sociaux. Enfin, savoir s’entourer des bonnes personnes semble toujours aussi essentiel qu’avant mais pas aussi simple que ça en a l’air. Les similitudes s’arrêtent toutefois là et les chemins sont multiples pour réussir actuellement. En totale indépendance ou sous la coupe d’une major company, en étroite collaboration avec les masses médias ou limité à la promotion sur internet, du discours le plus populaire à celui le plus hardcore, il n’y a pas de règles établies et c’est ce qui fait le charme de ce nouveau panel où chacun y trouve son compte.

Le rap va bien… Jusqu’à quand ?

Dans ce contexte inédit, qui voit de nouveaux artistes rencontrer rapidement un énorme succès populaire, des interrogations se posent concernant les perpectives du rap de demain…S’ils sont la preuve que la prise de risque et l’esprit d’initiative sont encore et toujours des choix payants, on assiste déjà à l’attaque des Clones : une prolifération d’artistes à l’origine de pâles copies de ce qui fonctionne. Dans ce joyeux bordel, les véritables talents peuvent-ils durer au milieu de contrefaçons ? Si le rap d’aujourd’hui a été inspiré par celui d’hier, on peut s’inquiéter pour le rap de demain qui pourrait alors prendre exemple sur une période marquée par la dissolution du message dans un bain de bêtise, de vulgarité ou d’aseptisation selon les goûts. Qu’on l’accepte ou non, le rap, autrefois contestataire, est en train de gentiment rentrer dans le rang. Pourtant, comme jamais auparavant, les clés sont dans les mains du public. Aujourd’hui c’est lui qui décide avant les médias, à conditions d’adopter un comportement actif et non pas la tendance majoritaire à la consommation passive. Du côté des artistes, attention à ne pas céder à la peoplelisation prônée par certains médias, ni être une nouvelle source de stigmatisation des rappeurs. Enfin à l’heure où l’on a la possibilité de donner son avis partout et sur tout, il s’agit de savoir ce que l’on écoute et pourquoi on l’écoute, afin de s’ouvrir et lutter contre les cases que l’on nous impose.

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