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L’humeur de Yago : Le puriste, une drôle d’espèce…

L’humeur de Yago : Le puriste, une drôle d’espèce…

Chaque semaine, je vous propose d’aborder un thème d’actualité sous un autre angle, sans obligation formelle ni aucun tabou. Aujourd’hui, le sujet développé traite des puristes dans le rap français.

Summer is coming… Si la perpétuelle crainte des habitants de Westeros est symbolisée par l’imminente et inévitable arrivée de l’hiver, celle d’une partie des auditeurs de rap français est diamétralement opposée. Comme chaque été, l’apparition du soleil est synonyme de légèreté musicale et une fois encore, le hip-hop hexagonal n’y échappera pas. Qu’ils choisissent l’exil ou l’hibernation, les prochaines semaines s’annoncent particulièrement sombres pour ceux que l’on appelle communément : « Les puristes ». Difficilement quantifiables, ils représentent aujourd’hui une infîme partie des amateurs de rap (probablement quelques milliers), mais la puissance de leur lobbying en fait une force d’opinion non-négligeable, preuve qu’il n’y a pas qu’en politique qu’il existe des conservateurs.

Le complexe du rétroviseur…

Le puriste est à la musique ce qu’est dans la vie ce trentenaire à qui l’existence a mis un coup et qui accuse le monde de la dégradation de sa condition parce qu’il est incapable de reconnaître ses difficultés d’adaptation au changement. C’est ce célibataire endurci qui regrette l’époque du collège, dernière fois où il a approché le sexe opposé. C’est ce chômeur longue durée devenu nostalgique de son passé de premier de la classe. C’est cette mère de famille divorcée avec deux enfants à charge qui rêve la nuit de l’innocence de ses jeunes années où elle voguait de conquêtes en conquêtes sans contraintes. Difficile de faire le deuil du passé lorsque le présent n’est que néant. Instinctivement, le puriste se plaît à critiquer ce qui se fait aujourd’hui pour mettre en avant ce qui se faisait hier, sans comprendre que les deux ne sont pas incompatibles.

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A leurs yeux, le rap ne peut revêtir qu’une seule forme, celle qu’ils ont connu en premier, tout en pensant naïvement qu’il s’agit de l’originelle… Un modèle de pensée quelque part presque aryen. Dôté de l’abjecte certitude d’être un puit de science, le puriste étale son savoir dans un argumentaire aussi maladroit qu’Adil Rami sur un terrain. Persuadé de détenir la seule et unique vérité sur le sujet, il a tendance à prendre les autres de haut, à se sentir supérieur. Présent lorsqu’il s’agit d’ouvrir sa gueule, il brille néanmoins par son absence lorsqu’il s’agit d’aller soutenir dans les bacs les artistes qui luttent dans son camps. #leshommesmententpasleschiffres (c’est à ce moment-là qu’il ne faut plus hésiter à taguer ton pote qui correspond à la description). « Le rap c’était mieux avant » a perdu de sa superbe, les acteurs du mouvement refusant à leurs tours de devenir passéistes.

Les puristes c’était mieux avant !

Qui marche dans la merde doit regarder où il met les pieds avant de maudir celui qui l’a déposée sur sa route. Bien que dérangeantes pour certains, l’évolution du rap et son ouverture progressive n’en sont pas moins inévitables. Libre à chacun de participer au mouvement ou de le refuser. Comme tout courant artistique, le rap a muté afin de plaire au plus grand nombre avec quelques effets pervers que chacun saura reconnaitre. Néanmoins, ce phénomène ne s’est pas fait totalement au détriment de la qualité. Quiconque ne se contente pas d’ingurgiter ce qu’on lui place sous le nez se rendra compte que le rap ne s’est pas dégradé, il s’est simplement diversifié et modernisé. Tout est une question de comportement et il est probable que les néo-puristes voient à travers les déviances actuelles les références du futur. Les petits à la page aujourd’hui finiront à leur tour par être les vieux cons de demain. Finalement, « les puristes c’était mieux avant ».

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