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Kooseyl, le talent brut des Quartiers Nord [PORTRAIT]

Kooseyl, le talent brut des Quartiers Nord [PORTRAIT]

Tout droit venu de Marseille.

Rencontre avec un artiste indépendant, polyvalent et autodidacte : Kooseyl.

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Une polyvalence impressionnante

Né en Algérie, plus précisement en Kabylie, Kooseyl arrive en France à l’âge de 6 ans, et peut profiter pleinement de sa double nationalité. Originaire des quartiers Nord de Marseille, le jeune homme de 26 années semble savoir parfaitement ce qu’il a à faire. Par exemple, lorsque l’on lui demande si chanter en kabyle fait partie de ses projets, l’artiste déclare ne pas être « communautaire », et préfère chanter publiquement en français pour garder sa langue natale dans l’intimité. Quant à son nom d’artiste, celui-ci vient directement de son prénom, auquel il a seulement retiré le préfixe « a ».

C’est en juin 2017 que Kooseyl commence à être repéré par le grand public. Sur un « délire », lui et ses potes décident de lancer une série de vidéos où il chante en acoustique avec sa guitare. Pourtant, à ce moment-là, Kooseyl n’en est pas à son premier coup d’essai, et la musique fait déjà partie intégrante de son quotidien : « J’ai toujours fait de la musique. J’ai commencé à écrire des textes de rap au collège vers 12/13 ans et à 15 ans, je me suis mis à faire des instrus. Après, j’ai commencé à faire de la guitare et je me suis rendu compte que je savais chanter, du coup j’ai tout mélangé : rap, chant, guitare…»

Quand tu chantes, c’est dur de s’exprimer au niveau des textes

D’ailleurs, élément incontournable de son personnage, la guitare n’est arrivée que depuis 4 ans dans sa vie. Côté chant, le rappeur déclare avoir commencé avec cette discipline, avant de s’orienter un peu plus vers le rap, pour des raisons techniques : « Au début, j’étais plus orienté chant, maintenant, je suis plus vers le rap, parce qu’en fait, quand tu chantes, c’est dur de s’exprimer au niveau des textes. C’est assez court, alors qu’en rappant tu t’exprimes plus et tu peux dire plus de choses. »

L’indépendance, sinon rien

D’ailleurs, pour ses textes, Kooseyl les écrit la plupart du temps sur son téléphone, « comme tout le monde ». Pour trouver son inspiration, rien de bien compliqué, « ça peut venir d’un moment, ou directement dans la tête ». En effet, l’artiste déclare : « Parfois, j’enregistre l’air de la mélodie et je rentre chez moi pour mettre en forme. J’ai plusieurs façons de faire. » Une mise en forme simple et efficace, puisque Kooseyl n’utilise pas d’autotune, pour des raisons évidentes : « Je peux me permettre de ne pas modifier ma voix. Je pourrais le faire dans mes sons, mais je n’en ai pas besoin. Après, s’il y a un morceau où je me dis ‘celui là je peux en mettre’, alors pourquoi pas. Je ne suis pas du tout anti-autotune, il faut vivre dans son époque, c’est pour ça d’ailleurs que j’ai appelé mon projet Hybride. »

C’est bien de savoir tout faire, mais il ne faut pas se perdre. Le truc, c’est de marquer ton univers

Ce qui se démarque chez le rappeur, chanteur, compositeur et producteur, c’est sa polyvalence et son indépendance. Depuis ses débuts, il n’a eu besoin de l’aide de personne, et a cherché à apprendre seul dans son coin. Des efforts payants, puisqu’il est aujourd’hui capable de s’auto-produire. Une indépendance remarquable, mais qui demande énormément de temps. Et le temps, c’est justement ce qui lui manquait au début : « Quand j’ai commencé à aller en studio, je travaillais en même temps, et les studios, souvent c’est des sessions tard la nuit vers 3h du matin, donc je n’avais pas le temps. Et vu que je faisais déjà mes instrus et que je savais déjà toucher aux logiciels, j’ai commencé à m’enregistrer tout seul, à tout faire tout seul en fait, par défaut. Et puis je n’ai pas rencontré quelqu’un qui est dans le même délire que moi, qui me comprend, et je suis bien comme ça. C’est bien de savoir tout faire, mais il ne faut pas se perdre, il faut avoir son propre créneau, son propre délire. Le truc, c’est de marquer ton univers. »

Pour les clips, même rengaine, c’est lui qui dirige et qui imagine les mises en scène : « Pour les clips, on fait appel à un réal qui travaille aussi avec Kofs, YL et d’autres. Généralement, on a l’idée de base et il s’occupe du reste, même si c’est nous qui mettons tout en place. Moi, quand j’ai mon idée, j’aime bien aller au bout. »

Même concernant les influences, Kooseyl ne ressemble à aucun autre. Concentré dans son travail de musicien à plein temps, il ne semble pas trouver de moments pour écouter d’autres artistes : « En ce moment, j’écoute rien. Par rapport à un artiste « lambda » j’écoute beaucoup plus le morceau, parce que je fais 4 étapes avant. Du coup, je n’ai pas le temps d’écouter autre chose, mais souvent, il m’arrive d’écouter des trucs de chez moi : algériens, africains, nigérians, des trucs brésiliens et un peu de rap américain. Parfois, quand je compose avec un artiste à côté de moi, il me dit ‘ah tiens ca me fait penser à tel ou tel artiste’, et moi, je me dis : mais non, c’est moi qui viens de le faire ! »

Après « Hybride », un nouveau projet déjà en préparation

Fin mars, Kooseyl arrivait avec sa première mixtape : Hybride, composée de 9 morceaux sans aucun featuring. Un beau mélange réunissant des textes retraçant un son vécu sur des prods entraînantes et à travers des flows toujours très mélodieux. Un projet qui a été réalisé, selon l’artiste, en quatre mois : « Aujourd’hui on est dans un monde où ça va vite, tu peux dormir, mais les gens sont éveillés. Ma musique, je la fais tout seul, mais après, pour le reste, j’suis pas une machine. »

La musique c’est plus comme en 2000, si tu fais pas beaucoup de vues, les mecs vont pas collaborer avec toi

Mais Kooseyl, c’est également un artiste sélectif et perfectionniste, qui s’est récemment vu collaborer avec Soprano sur la bande originale du dernier Taxi 5. Une collaboration prestigieuse, dont il est fier : « La musique, c’est plus comme en 2000, si tu fais pas beaucoup de vues, les mecs ne vont pas collaborer avec toi. C’est pour ça que j’ai énormément de respect pour Soprano, il est très haut et moi, je commence à peine à m’exposer, même si ça fait 20 ans que je suis dans la musique. Donc le fait qu’il fasse appel à moi pour ce morceau-là dans Taxi, c’est énorme. Si j’avais pu, j’aurais fait des feats avec d’autres personnes, mais la musique aujourd’hui ça marche par intérêt.«  Et Soprano n’est pas le seul rappeur marseillais que le jeune homme habitant les Quartiers Nord fréquente : « Je suis proche de Hooss en ce moment, j’ai déjà composé pour lui, notamment pour Le Bon Soir. Avant ça, j’avais déjà écrit et composé à Marseille pour des artistes connus dans leurs secteurs. »

Qualifiant sa musique comme étant hybride, Kooseyl nous livre une parfaite description de son univers : « C’est un mélange de rap, de chant, de culture algérienne, africaine, et de petites notes latinas, c’est un mix de plusieurs choses qui donnent... Moi. » Actuellement en train de plancher sur son deuxième projet, quelques semaines après la sortie de sa première mixtape, Kooseyl affirme que cette réalisation sera encore plus marquée par le rap, parce que la chanson : « ça m’a gavé un peu ».

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