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Il y a 20 ans sortait « ATLiens » des Outkast !

Il y a 20 ans sortait « ATLiens » des Outkast !

Le 27 aout 1996 Andre 3000 et Big Boi signaient un classique considéré depuis comme l’un des meilleurs albums de l’histoire du rap…

« Le sud a quelque chose à dire »

Tout juste élu meilleur nouveau groupe de rap lors de la cérémonie des Source Award de 1995, Andre 3 000 prononce aux côté de son compère Big Boi ces quelques mots qui firent date lors de son discours de remerciements.

Au milieu des années 90 le sud des États-Unis crie en effet famine en matière de rap musique. Snobés par les mégalopoles californienne et newyorkaise, Texas, Géorgie, Louisiane et autre Floride sont considérés comme des bourgades remplis de ploucs qui sentent le bourdon.

Le 2 Live Crew de Miami est déjà passé de mode, les écuries No Limit et Cash Money n’ont pas encore explosé et tous les Gucci Mane, Ludacris et T.I. d’Atlanta en sont encore à bégayer leurs premiers freestyles.

Dans ce contexte le succès de Southernplayalisticadillacmuzik, premier disque des Outkast écoulé à 1 million d’exemplaires (malgré son titre imprononçable), marque un tournant.

Reste que si le sud a effectivement quelque chose à dire, c’est avec ATLiens que monde découvre la teneur de son message.

Le ton est donné dès la pochette. Réalisée par un designer de chez DC Comics, elle met en scène les deux rappeurs grimés en superhéros qui débarquent sur la planète Terre auréolés de lumière – le livret propose en sus une petite bande dessiné.

Si Big Boi la joue encore hashipéhasopé, Three Stacks, devenu entretemps végétarien et apôtre du zéro drogue, arbore désormais turban et kimono fushia. Antagonistes et complémentaires, les deux emcee de l’espace concilient là puissance, esthétique et coolitude.

Le titre enfin n’est pas anodin, ATLiens se voulant la contraction du surnom de leur ville natale (ATL) et d’« aliens ». Ou comment traduire en quelques lettres le sentiment d’isolation et le côté décalé du projet.

Du rap intelligent mais pas « intellichiant »

Dès que résonnent les premières notes de la sublime intro You May Die (en existe-t-il une meilleure ?), l’atmosphère se veut aérienne, éthérée, comme en apesanteur.

Confiée pour les deux-tiers au collectif Organized Noize (alias Rico Wade, Ray Murray et Pat Brown), la production se distingue par son côté envoutant, limite anesthésiant – comme quoi il n’y a pas que les californiens qui savent la jouer laid back.

Les beats sont posés, presque silencieux, la basse discrète, tandis que les mélodies souvent appuyées par des chœurs féminins et des instruments à cordes (mais aussi moult bruitages) s’incorporent sans ostentation.

Pas d’interludes longuettes, de featurings forcés ou de morceaux bouche-trous, ATLiens c’est le genre de disque qui s’écoute et s’apprécie sans interruption quand le vent est calme et la soirée douce.

Dans ce contexte, Andre Trois Mille et Sir Lucious Left Foot font preuve d’une virtuosité qu’on ne leur connaissait pas jusque-là, tant sur la forme que sur le fond.

Niveau textes et thèmes, ils effectuent virage à 180° comparé à Southernplaya… Si deux ans auparavant ils rappaient à cœur joie sur la vie de pimp, les narcotiques et la débauche en tout genre, ATLiens se veut plus conscient, plus minutieux, plus conceptuel.

Enrobé d’accents mélancoliques, les flows sont rythmés et entrainants. Changement de cadence, phrasés alternés, couplets qui épousent la prod’… la technique s’exprime sans pour autant tourner au concours de figures imposées.

Vingt ans après les faits (soupir), ATLiens n’a rien perdu de son envergure et viendrait presque donner raison à tous ces grincheux qui passent leur temps à clamer que le rap c’était mieux avant.

Surtout lorsque l’on sait que les deux Outkast avaient en 1996 le même âge que les Rae Sremmurd, Chief Keef & co. Autre époque…

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