Actualités Musique

DJ Skorp : « Aujourd’hui, je ne vis que de la musique… » [ENTRETIEN]

DJ Skorp : « Aujourd’hui, je ne vis que de la musique… » [ENTRETIEN]

Ce vendredi, DJ Skorp sort son premier album, « Red Devils », chez S-Kal Records. Entretien.

Pourquoi avoir baptisé ton album Red Devils ?

Je suis un supporter de Manchester United ! Quand j’étais jeune, je voulais devenir footballeur. J’étais fan d’Eric Cantona, un joueur extrêmement charismatique. J’avais son maillot, il m’influençait à mort !

A quel moment as-tu commencé à travailler sur ce projet ?

A l’été 2013, après avoir sorti le titre Tu m’reconnais, avec Sultan. Quand j’ai envoyé Touche à rien (featuring La Fouine, Sultan et Canardo) l’année suivante et que j’ai vu les retours, j’ai décidé de refaire les trois quarts de l’album.

Peux-tu retracer les grandes étapes de ton parcours discographique ?

Je sors des mixtapes depuis 2007. Mon premier projet, Le prélude, était composé de 27 titres. C’est grâce à lui que j’ai rencontré Sultan. Ensuite, j’ai enchaîné avec la compilation Rap Impact en 2008. L’année suivante, on a sorti Sul’tendance, le premier projet de Sultan, puis Rap Impact 2. Après j’ai voulu arrêter les compilations. Ça prenait beaucoup de temps. Je préférais me concentrer sur Sultan plutôt que sur des artistes que j’invitais sur mes projets et qui ne renvoyaient pas l’appareil. Je me suis alors beaucoup plus investi dans la production instrumentale.

Comment as-tu procédé pour établir le tracklisting de Red Devils ?

J’ai décidé de ne pas contacter de grosses têtes d’affiches, ça ne m’intéressait pas. J’avais déjà La Fouine dessus. J’ai été un temps en contact avec le manager de Gradur, mais ça n’a pas pu se faire. Certains artistes n’ont pas voulu travailler avec moi, peut-être parce que je suis proche de La Fouine. Si c’est le cas, c’est bien dommage… Le but avec ce projet, c’est de montrer que je peux bosser avec tout le monde. J’ai travaillé avec des artistes dont je suis très proche, comme Sultan, La Fouine, Canardo ou encore Croma et Pop. Il y en a que je connais de longue date, comme Ol’Kainry. Après, j’ai démarché des rappeurs parce que j’aimais leur univers : H Magnum, Hooss et Mike Lucaazz, les Marseillais Ghetto Phénomène et Kamikaz ou la MZ, qui est l’un des meilleurs groupes actuels de rap français. J’ai voulu mettre de la lumière sur certaines personnes, en leur donnant de la puissance. Il y a également un son de Mo’vez Lang qui date de plusieurs années. Il n’a pas été inclus dans les 13 titres du projet mais sera proposé gratuitement sur la toile.

N’est-ce pas un risque de sortir un tel projet en plein été ?

Effectivement, c’est un risque. Mais je sentais que c’était le moment de la sortir. Surtout qu’il devait initialement paraître en avril et que j’avais déjà trop traîné. Je ne pouvais pas attendre la rentrée de septembre. Non seulement, beaucoup de gens sont en vacances, mais il y a aussi la période du ramadan. 90% des artistes qui ont posé sur l’album sont musulmans. Il y a donc des clips que je ne peux pas faire. Pour la promo, certains freestyles sont impossibles à réaliser également.

C’est vrai que les gens ont parfois du mal à cerner la direction que prend Sultan…

Vis-tu aujourd’hui uniquement de la musique ?

Aujourd’hui, je ne vis que de la musique. Je suis là depuis 8 ans. Pendant 5 ou 6 ans, je n’avais pas de revenus. J’ai eu de la chance d’avoir un bon taf en Suisse, qui m’a permis de dégager de l’argent pour produire. J’ai compris que le meilleur moyen de faire de l’argent était de me concentrer sur un artiste, en l’occurrence Sultan. J’ai fait beaucoup de sacrifices pendant longtemps, qui ont fini par payer.

Sultan n’échappe pas à certaines critiques, notamment celle de se tourner un peu trop facilement vers la pop. Quel regard portes-tu sur son évolution musicale ?

Sultan, je le connais depuis 2007. C’est un mec de cité, qui connaît très bien la rue. Il a fait de la prison, ce n’est pas un bouffon. Mais ça ne l’a jamais intéressé de faire le voyou dans sa musique. Il a fait le titre Manu Lecoq pour montrer qu’il était capable de faire de la trap. Depuis son featuring avec Rohff, il a constamment été en évolution. Aujourd’hui, il peut chanter et rapper. C’est un artiste. Dernièrement, c’est vrai que les gens ont du mal à cerner la direction qu’il prend. Beaucoup l’ont « collé » à La Fouine à cause de la Team BS. Mais sur toutes les dates qu’il fait, c’est rempli ! Il a un public, beaucoup de rappeurs le demandent en featuring. Il essaie de faire du son pour marcher, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il vend son âme. Il sera là dans 10 et pourra encore surprendre les gens.

En parlant de la Team BS, tu as été leur DJ sur plusieurs dates. Un deuxième album pourrait-il voir le jour ?

C’est un projet qui a fait disque d’or, ce qui n’est pas rien de nos jours. Mais je ne pense pas. Après peut-être que La Fouine le fera avec d’autres artistes….

Tu cultives un look très particulier, notamment avec ta barbe très fournie…

Ma barbe, c’est vraiment un délire tout bête à la base (rires). Avant j’étais rasé, je ne faisais pas trop attention à mon look. Puis, je me suis rendu compte de l’importance de l’image. Il faut interpeller les gens. Parfois, je laissais pousser ma barbe. Mes potes taillaient et m’appeler « Barberousse ». Lorsqu’elle a commencé à être bien fournie, tout le monde m’a dit : « Ta barbe est lourde ! ». Aujourd’hui, les gens m’envoient des messages sur les réseaux sociaux pour me demander comment avoir la même barbe. Certains ne connaissent pas ma musique, mais kiffent ma tête. Aujourd’hui, je suis « cramé ». Mais je ne vais pas me plaindre de cette reconnaissance, puisque c’est quelque chose que j’ai cherché.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT