Dossiers

Chief Keef : Itinéraire d’une carrière gâchée ? [DOSSIER]

Chief Keef : Itinéraire d’une carrière gâchée ? [DOSSIER]

Après deux ans, l’adolescent s’est fait virer par la major.

« Lorsque Jimmy [IOVINE] et Dre sont partis c’est là que j’ai dit Fuck Interscope. C’était pour eux que j’ai signé. Pas pour cette nouvelle équipe de Blancs nazes ». C’est par ce tweet maladroit cette semaine que Chief Keef a confirmé la fin de sa relation avec le label Interscope. Comme d’habitude il a ensuite supprimé ce tweet. Si aujourd’hui cette nouvelle n’est pas une surprise n’oublions pas qu’il y a deux ans Keith Cozart A.K.A Chief Keef était LE phénomène du rap américain. Chicago cette année là était gangrénée par une violence inouïe : plus de cinq cent morts par homicide. L’ado avec sa « street credibility » (il est membre de la « sous-division » des 300 de Black Disciple Gang), son casier judiciaire bien rempli et un rap violent personnifiait très bien cela. Très vite sa renommée va dépasser les frontières de l’Illinois : Birdman, T.I et d’autres se pressaient pour signer l’adolescent du South Side. A l’époque ses clips Bang, et surtout I Don’t Like publiées sur youtube en 2012 dépassent rapidement les millions de vues. Validation suprême : Kanye West reprend le titre I Don’t Like et le place sur sa compilation Cruel Summer. Chief Keef est une star.

Un rappeur autiste ?

Pourtant Chief Keef n’est pas le premier « ultime bad boy » qui débarque dans le rap américain. Par exemple, Snoop Dogg au début des années 90 ou 50 Cent au début des années 2000 personnifiaient la violence du ghetto américain. Sauf que ces deux artistes étaient déjà plus âgés : 22 ans pour Snoop et 27 ans pour Fifty. Ensuite l’un comme l’autre avaientdéjà de l’expérience dans l’industrie du disque et surtout avaient une équipe solide derrière eux. Suge Knight et Dr Dre supervisaient Snoop et le puissant manager Chris Lighty et Eminem encadraient Fifty. Keith Cozart lui a 17 ans, rappait dans le salon de sa grand-mère, sous l’oeil bienveillant de son oncle qui lui servait de manager lorsque les majors ont commencé à s’intéresser à lui. Enfin certains journalistes américains soupçonnent l’ado de souffrir du syndrome d’Asperger une sorte d’autisme. Ce qui explique les propos décousus et parfois incohérents du jeune homme dans ses rares interviews. Tout cela n’a pas empêché Interscope de signer Chief Keef.

Un adolescent avec plus de 700 000 dollars en poche…

Selon le très sérieux site DNA Info qui s’était procuré des copies du contrat Chief Keef a signé en 2012 chez Interscope pour trois albums et six millions de dollars. La major a payé Chief Keef 440 000 Dollars d’avance et au moins 300 000 pour l’enregistrement de l’album Finally Rich. Chief Keef avait en parallèle un deal pour son label GBE pour lequel il aurait également touché une avance de 440 000 Dollars. Ce deal dépendait bien sûr des ventes. Si Finally Rich ne vendait pas au moins 250 000 exemplaires de son projet pour décembre 2013, Interscope se réservait le droit de casser le contrat. Le label n’a pas communiqué sur le départ du rappeur de Chicago mais cette clause du contrat a dû très certainement les soulager. En effet en mars 2013, Finally Rich n’avait vendu que 150 000 exemplaires….On ne parle même pas des nombreuses arrestations, de sa complicité présumée dans le meurtre du rappeur Jojo, de son addiction au syrup, de sa cure de désintoxication, de sa signature incongrue sur le label de Gucci Mane ou de son comportement sans filtres sur les réseaux sociaux. Rappellons-le Chief Keef était un adolescent avec plus de 700 000 dollars en poche et pour le superviser son manager Rovan Manuel alias Uncle Ro incapable de le gérer . L’incident industriel était inévitable, Chief Keef par exemple a réussi l’exploit de ne pas se présenter au tournage de son propre clip Hate Bein Sober où étaient présents 50 Cent et Wiz Khalifa. Quel talent !

Fin de carrière pour Chief Keef ?

Cette séparation avec la major marque-t-elle la fin de carrière de Chief Keef ? Pas si sûr. Depuis deux ans, le rappeur agit comme un indépendant : il balance des titres et des clips sur les réseaux sociaux sans vraies stratégies. L’adolescent que l’on aime ou pas et si on met de côté la qualité discutable de sa musique, n’est pas un feu de paille. Très vite des gros sites aux Etats-Unis comme Worldstarhiphop, Noisey ont consacré des documentaires sur la scène de Chicago. Qu’on se le dise, Chief Keef a mis la lumière sur sa ville. « Grâce » à lui Lil Reese, Lil Durk ont signé chez Def Jam, King L chez Sony. Young Chop, le beatmaker derrière les tubes I Don’t Like ou Love Sosa a explosé. D’autres artistes comme la jeune Katie Got Bandz, Lil Bibby, Trae Savage, Fredo Santana, Lil Herb sont aussi sortis de l’ombre. Chief Keef a seulement 19 ans a encore toute la vie pour faire de la musique et qui sait peut-être s’améliorer. C’est tout le mal qu’on lui souhaite…

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT