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Tenor, figure montante de la scène camerounaise [INTERVIEW]

Tenor, figure montante de la scène camerounaise [INTERVIEW]

Rencontre avec l’artiste à l’occasion de sa signature au sein du label Def Jam Africa.

A 22 ans, Tenor figure comme n’étant ni plus ni moins que la tête de gondole du hip-hop made in 237. Peu identifié en Europe, le rappeur camerounais a d’ores et déjà marqué tout le continent africain de part son talent et de sa détermination sans faille. Il commence le rap en 2014, à l’âge de 16 ans, et sortira son premier single un an plus tard intitulé Alelouyah. En 2016, il passe un cap en rejoignant le label War Machine avec lequel il sort le fameux Do le Dab, un hit qui le révélera au grand public. Son buzz ne cessera de grimper en flèche lorsque Chantal Biya, la première dame du Cameroun, dansera sur ce même son et réalisera par la même occasion un dab historique.

Depuis, le Camerounais a collaboré à de multiples reprises avec de grands noms de la musique africaine : Sidiki Diabaté, Kiff No Beat ou encore le défunt DJ Arafat avec qui il était très proche. En cette nouvelle année, Tenor a annoncé sa signature au sein de Def Jam Africa et s’affirme comme étant l’ambassadeur du tout nouveau label lancé par Universal Music. C’est d’ailleurs à cette occasion que le jeune artiste est passé par nos bureaux.

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Quel a été le déclic qui t’a poussé à signer au sein de Def Jam Africa ?

L’élément déclencheur qui m’a poussé à m’engager au sein de cette structure, c’est toute cette spécialisation, cette concentration qui est mise au service du développement de l’artiste. Cela concerne aussi bien la direction artistique que l’élaboration des différentes stratégies. Le travail y est beaucoup plus condensé. C’est ce qui a fait pencher la balance.

Justement, depuis ta signature, on observe une certaine amélioration dans la qualité de ton travail, notamment avec Ce que je veux, ton dernier clip en date. As-tu cette volonté de passer un cap en signant dans cette structure ?

Bien sûr. Ca fait partie des raisons pour lesquelles j’ai rejoint Def Jam Africa. Il y a toujours cette volonté de passer un cap, c’est aussi ce qui guide la carrière musicale d’un artiste. C’est cet état d’esprit qui m’a conduit à m’engager chez eux.

Avant de signer chez Universal, tu as connu plusieurs péripéties. Tu as notamment été au sein du label War Machine que tu as quitté un an plus tard avant d’évoluer en totale indépendance pendant quelques mois. Comment as-tu vécu cette période ?

En ce qui concerne War Machine, jusqu’ici j’ai toujours gardé pour moi les raisons de mon départ. Je n’ai pas forcément envie d’exposer certaines choses et je préfère garder ça dans la sphère privée. Au risque de mettre à mal cette structure, il est préférable de cacher les motifs de cette « rupture ». Je n’ai aucun regret, au contraire, cela m’a permis de gagner en expérience.

En ce qui concerne mon passage en indépendant, en termes de liberté d’expression, ça a été l’un des moments les plus jouissifs de ma carrière avant de passer du côté d’Universal Music et Def Jam Africa.

Tu comptes à ce jour un projet au sein de ta discographie, il s’agit de l’EP Nnom Ngui. Est-ce que tu travailles sur un nouvel opus ?

Oui, c’est totalement dans mes plans. Je suis actuellement en train de boucler mon premier album. Je me donne comme deadline le mois d’octobre histoire qu’il soit vraiment complet. Et dans le pire des cas, il sortira en novembre grand maximum.

Comment décris-tu ton style ?

Alors sincèrement, je déteste être catégorisé. Je suis un musicien et à ça tu peux rajouter mon côté « rap ». Essentiellement porté par la musique, je suis ce qu’on appelle un artiste. Je préfère migrer vers tout ce que la musique a à me proposer ou m’offrir.

Parlons de ton entourage. Tu es très proche avec Samuel Eto’o, une légende du football. Quel est son rôle vis-à-vis de toi ?

Il est un peu comme mon grand frère, parfois on a même une relation père-fils. On se parle régulièrement, on est toujours en train de s’envoyer des messages ou des blagues. Chaque fois que je déraille un peu, il est là pour me conseiller. Dans le sens inverse, dès que je fais une bonne action, il prend le temps de me féliciter. Il m’a beaucoup aidé par rapport à ma cote montante mais je préfère que ses conseils restent uniquement entre lui et moi (rires).

Tu étais tout aussi proche du défunt DJ Arafat. Quelle était la nature de votre relation ?

Il m’a aussi beaucoup aidé. Déjà le simple fait de m’avoir invité dans son album Renaissance où figuraient des grands noms de l’industrie tels que Maître Gims, Naza, Niska ou encore Fally Ipupa. Autre gros symbole : je suis le premier artiste camerounais avec qui il tenait à collaborer. A vrai dire, je dirais même qu’il en a trop fait pour moi. Malgré son décès, il faut que les gens sachent qu’il n’y aura pas de deuxième DJ Arafat, il est unique.

Tu es vu pour beaucoup comme la relève du rap camerounais. Que penses-tu de ce statut ?

Est-ce que je suis réellement la relève du rap camerounais ? Je pense que ça ne dépend même pas de moi. Et même si tous mes proches me rappellent sans cesse que je suis considéré comme le nouvel Arafat ou encore le prodige du rap africain, je pense que tous ces titres ne dépendent pas de ma propre volonté. De mon côté, je me contente de pratiquer ce que je sais faire de mieux : ma musique.

Ca te fait quoi d’être comparé en permanence à DJ Arafat ?

Ca me plaît (rires). Honnêtement c’est un kiff parce que je n’ai pas autant d’années de carrière que lui. Si mon nom précède le sien en permanence, c’est très certainement que je suis sur la bonne voie. C’est déjà très flatteur d’être associé à une telle légende.

Pour finir, comme on l’a dit, tu as déjà une belle notoriété en Afrique. En France, c’est un peu moins le cas : as-tu cette volonté de t’exporter et d’être connu à grande échelle ?

Oui bien sûr. Je veux faire parler de moi dans le monde entier et même sur les autres planètes (rires). C’est un projet de vie, je vois plus ça comme une finalité plutôt qu’un simple objectif. Ainsi, si j’ai l’opportunité d’organiser des concerts en France, je ne vais pas m’en priver. Et pourquoi pas faire le Stade de France un jour…

Justement, aimerais-tu collaborer avec des artistes francophones ?

Bien entendu mais je ne peux rien te confirmer pour l’instant puisqu’il s’agit de noms qu’on devrait retrouver sur mon premier album. Comme Doc Gynéco l’avait dit en interview : « Je n’ai pas le droit de promotionner » (rires). Concernant tous ces probables featurings, je peux te dire que ça promet. Mon équipe et moi discutons notamment avec Dosseh, Niska mais aussi le groupe 4Keus.

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